Haïti : les camps ou le mépris social
Par: André CORTEN *,
La semaine dernière, de petites émeutes de la faim. Aujourd’hui, une manifestation. Les maisons dont on avait vanté la coquetterie sont en fait en plywood avec des toits de tôle. On est au camp Corail. Y sont entassées des personnes déplacées pour la seconde fois. Auparavant et dès le soir du séisme, ces personnes avaient laissé leurs maisons détruites – écrasées comme on dit en créole – pour s’installer sur le terrain de golf de Pétion-ville. Il ne fallait pas que cela dure: d’où traitement de faveur. On leur a remis, pour leur faire accepter ce déplacement à près de 20 km au nord de Port-au-Prince, 1500 gourdes (35 $ US) et une tente plus spacieuse que celle qu’on trouve dans les centaines de camps qui témoignent de la catastrophe. A Corail, les tentes sont rangées en files espacées. Elles résistent pour le moment aux grandes pluies, mais ne résisteront pas aux cyclones. Aucun arbre et la chaleur est implacable. La nuit des projecteurs nourris par de mini-génératrices permettent de contrôler la venue de délinquants du camp voisin. Dans les tentes, pas d’électricité.