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Déclaration des mouvements sociaux haïtiens face à l’échec de la COP 26, et la nécessité de mettre en œuvre des alternatives populaires pour répondre aux défis du désordre climatique lors d’un atelier organisé le 07 Décembre 2021

Nous, organisations, réseaux, plates-formes, provenant de tous les recoins d’Haïti, de l’Amérique Latine et des Caraïbes, réunis à l’initiative de la PAPDA, la POHDH, le KJM, de concert avec Jubilé Sud-Amériques, nous exprimons nos vives inquiétudes face à la dégradation de la situation générale du pays, particulièrement au niveau de la gouvernance, l’aggravation de la situation sécuritaire, la détérioration des conditions de vie de la majorité de la population, le dysfonctionnement de toute ses instituions, tous les pouvoirs publics; nous exprimons notre ferme appui à toute solution politique populaire qui vise à rompre avec l’ordre établi pour une transition populaire de rupture ;

Nous exprimons notre solidarité avec toutes les victimes du dérèglement climatique, tant dans les villes que dans le milieu rural, particulièrement les paysannes, paysans qui sont obligés d’abandonner leur espace de vie et de travail pour migrer vers les centres urbains ou dans d’autres pays de la région à la recherche de leurs ressources pillées ;

Nous exprimons nos profondes inquiétudes par rapport à l’orientation du projet antipopulaire mené par l’Etat haïtien contre les revendications populaires en faveur des politiques publiques capables de répondre aux défis du dérèglement climatique, mais aussi son incapacité, et son manque d’intérêt à développer de réelles alliances internationales pour des politiques anticapitalistes et alternatives en faveur d’Haïti et les autres pays qui subissent les effets désastreux du désordre climatique ;

Nous constatons et prenons note de l’immobilisme et de la non-volonté des institutions multilatérales à défendre la planète, la nature et la vie, en lieu et place des profits capitalistes. Les acteurs du système multilatéral ont profité de la COP 26 pour renforcer le pouvoir des entreprises transnationales et propager des concepts et mécanismes mystificateurs sur les solutions à adopter face au dérèglement climatique. Il est temps de renverser le paradigme dominant qui reproduit les crimes contre les peuples et contre la nature et mettre le bien-être collectif au centre de nos options politiques ;

Nous rejetons et nous combattrons de toutes nos forces les mégaprojets, tels que l’agrobusiness, l’exploitation minière, les zones franches industrielles et touristiques, les accaparements de terre… qui tendent à aggraver encore plus le désordre climatique ;

Nous rejetons les fausses solutions proposées et vulgarisées par les entreprises transnationales à travers des mécanismes de marchandisation de la nature, de l’environnement, et de surcroit hypothéquer les chances d’appliquer, de mettre en œuvre des alternatives viables et réelles, telles que l’agro écologie populaire portée courageusement par les centaines de millions de paysans-nes à travers le monde, en particulier les paysans-nes haïtiens-nes;

Nous faisons nôtres les revendications populaires, les revendications paysannes dans le cadre des luttes pour imposer l’agro écologie populaire comme modèle de vie, modèle de production pouvant préserver la vie, garantir la survie de planète et consolider les bases de la souveraineté alimentaire de nos pays.

Nous nous engageons à mener des luttes incessantes et articulées pour créer les conditions nécessaires à la Justice climatique en faveur des populations des pays appauvris, en particulier les paysans-nes haitiens-nes qui subissent les effets néfastes du désordre climatique. Nous encourageons les mobilisations populaires de toutes sortes pour répondre aux défis de luttes que nous impose le niveau d’insouciance des acteurs multilatéraux et les entreprises transnationales par rapport à la survie de la planète, des cultures et traditions ancestrales de peuples.

Nous nous engageons à supporter, à renforcer, à vulgariser et défendre les vraies alternatives populaires, en particulier paysannes, face au modèle capitaliste et les fausses solutions qui visent à la marchandisation de la vie, marchandisation de la nature et des biens collectifs, de l’environnement et par conséquent bafouent le droit à la vie des peuples.

Nous nous engageons dans une lutte sans merci, sans répit pour changer le système et non pas le climat (tel que le proposent les institutions multilatérales garant du système capitaliste). Pour cela, nous nous engageons à développer des synergies et alliances nationales et internationales pour non seulement vulgariser les alternatives populaires pour inverser la tendance à l’aggravation du désordre climatique, mais aussi et surtout politiser nos luttes, nos initiatives économiques pour arriver à une transition écologique qui garantit la souveraineté alimentaire et l’autodétermination des peuples ;

Nous exigeons :

  1. Des Institutions multilatérales et les entreprises transnationales de :
  2. Reconnaître qu’elles sont responsables du dérèglement climatique et que toute tentative de trouver des solutions à l’intérieur du modèle qui a produit tant d’échecs ne sera que perte du Momentum pour inverser la tendance à l’aggravation de la crise climatique ;
  3. Mettre fin à la mascarade des COP pour initier un vrai débat avec les peuples, les véritables secteurs intéressés réellement dans la recherche de solutions durables et viables face au désordre climatique, comme le font les paysans-nes du monde entier à travers le développement du modèle agro écologique et la protection de nos écosystèmes ;

De l’Etat haïtien de :

  1. Initier un dialogue véritable avec les acteurs haïtiens pour arriver à la mise en place de politiques publiques en matière de modèle de production agro écologique, politique environnementale capables de minimiser les effets du désordre climatique sur la vie des populations et le travail de la paysannerie haïtienne ;
  2. Mettre un terme à toute négociation visant à concéder des droits d’exploration et d’exploitation minière, mettre en place une réforme agraire intégrale et populaire pour stopper les accaparements de terre occupées par les paysans-nes ;
  3. Prendre en compte les propositions incluses dans les Cahiers de revendications paysannes, le Pacte pour la transition écologique et sociale pour arriver à la mise en œuvre de politiques publiques qui prennent en compte la réalité haïtienne, tout en créant les conditions pour un cadre politique cohérent avec les revendications populaires ;

Nous en appelons aux mouvements sociaux haïtiens et du monde entier de :

  1. Lancer des campagnes de formation, d’information, de conscientisation, à travers une méthodologie d’éducation à la citoyenneté pour créer une masse critique nécessaire pour mener la lutte contre le système capitaliste et ses effets relatifs au dérèglement climatique ;
  2. Structurer, renforcer les luttes populaires, en particulier avec la paysannerie pour développer les synergies nécessaires à la lutte pour la Justice climatique, la souveraineté alimentaire
  3. Accompagner, renforcer le développement des alternatives paysannes à la crise climatique pour assurer le droit à la vie et la survie de la planète.


Contre le modèle capitaliste générateur de crises systémiques, environnementales !
Contre les fausses solutions promues par les institutions multilatérales et les transnationales !
Pour la JUSTICE CLIMATIQUE et le droit des peuples à la vie !
Vive les solutions populaires à la crise climatique !
Pour la préservation de la vie et de la planète !
Changeons le système, pas le climat !

Pour authentification :
Camille CHALMERS, PAPDA
Alermy PIERVILUS, POHDH
Franndy LESPERANCE, KJM

Organisations signataires
Organisation Représentant-e

SOFA, Tania Mérilien
Haiti Survie, Aldrin Calixte
CERREMEN, Léo Pizo D. Bien-Aimé
KFS, Felix Carmel
MODEP, Théagène Dauphin
AMONI, Louis Rosemond
Centre Muse Haiti, Registre Jerry
GAFE, David TILUS
MPDP, Joseph Kerby

Téléchargez la version PDF du document ici: dei_claration_des_mouvements_sociaux_haitiens_pour_la_justice_climatique_dec21.pdf