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Le gouvernement livre au capital impérialiste 83 % des ressources pétrolières appartenant au peuple mexicain

Le lundi 11 août, le président Enrique Peña Nieto a promulgué vingt et une lois, dites « secondaires », portant sur la « réforme » de l’énergie approuvée au mois de décembre dernier.
L’application de ces « lois secondaires » entraînera un abandon quasi total des ressources pétrolières et électriques de la nation mexicaine aux entreprises impérialistes, et la destruction des droits et acquis des masses paysannes et ouvrières. Signalons quelques-unes des mesures les plus néfastes de ces lois.

1 – La « loi d’expropriation de terres » établit que si une entreprise procède à des recherches de pétrole, de gaz ou construit des gazoducs et-ou des réseaux électriques, elle a le droit d’acheter ou de louer les terres dont elle a besoin par-dessus la volonté de son propriétaire ou occupant. Si le paysan se refuse à vendre ou à louer, l’Etat intervient et, selon les critères établis par la loi qui veut que la production de pétrole, gaz, etc., est « d’intérêt social », le paysan sera exproprié.

Il a été calculé que 400 000 km2 de terre (pratiquement le cinquième du territoire national) peuvent être concernés par la loi. Ce sont les terres des ejido (1), des communes, et même des propriétés privées.

2 – Une grande partie des revenus p é t r o l i e r s e t électriques est cédée à l’entreprise privée. En cas d’exploitation en eaux profondes et dans la zone transfrontalière (Mexique-Etats-Unis), les entreprises impérialistes obtiendront jusqu’à 80 % des surfaces. Aujourd’hui, le budget de l’Etat dépend à 35-40 % des revenus apportés par Pemex (2).

3 – Pemex et la Commission fédérale d’électricité (CFE), les deux entreprises Publiques nationales l e s plus importantes, sont condamnées à disparaître progressivement. D’ores et déjà, une énorme pression est exercée sur les syndicats de Pemex et de CFE pour qu’ils modifient leur « convention collective de travail » et le « règlement de travail du personnel de haute confiance » : cession des fonds de retraite aux entreprises privées, augmentation des cotisations et de l’âge de la retraite, qui passe de 55 à 65 ans, réduction du montant de la pension, élimination de prestations…
Cela s’accompagne d’une brutale suppression de personnel.

C’EST L’ENSEMBLE DE LA POPULATION QUI EN SUPPORTERAIT LES CONSÉQUENCES

4 – S’il y parvient, c’est l’ensemble de la population q u i supporterait les conséquences du saut qualitatif que le régime prétend franchir aujourd’hui dans sa politique d’abandon de la richesse nationale et de démantèlement des droits et acquis du peuple travailleur. La menace est brandie de l’élimination de ce que le régime appelle les aides aux tarifs de l’énergie électrique, essence, gaz, etc., ce qui entraînera la hausse, par exemple, de plus de 500 % des tarifs de l’électricité ; l’augmentation, mois après mois, du prix de l’essence va continuer, pour égaler les « prix internationaux », comme si les masses étaient payées en dollars…

Il s’agit de la destruction des bases matérielles sur lesquelles a fonctionné le pays. Destruction d’acquis arrachés par la lutte des classes au gouvernement de Lázaro Cárdenas (dans les années trente du siècle passé), tels que la réforme agraire, l’expropriation des compagnies impérialistes britanniques et américaines du pétrole, la constitution d’une compagnie nationale de l’électricité, la reconnaissance des conventions collectives de travail.

Le gouvernement de Peña Nieto, gouvernement du PRI (3), en mettant en place une politique « d’unité nationale » appelée « pacte pour le Mexique » avec le PAN (4) et le PRD (5) a fait approuver par les Chambres un véritable paquet de contre-réformes (du travail, de l’enseignement, des finances, des télécommunications…), dont la plus destructrice est maintenant celle de l’énergie et ses vingt et une lois secondaires.

La brutalité de cette politique a conduit le PRD à rompre formellement avec le pacte et à voter contre les « lois secondaires ».

LA RÉSISTANCE DES MASSES TRAVAILLEUSES

Cette politique de cession des intérêts nationaux qui a affaibli l’économie nationale, appauvri la majorité de la population (60 % en situation de pauvreté), laissé libre cours au développement de la spirale narcotrafic- armes-violence-émigration de la jeunesse crée en même temps un mécontentement et une résistance accrue de la population.

Dans cette dernière période, nous avons vu se développer d’importantes mobilisations, au niveau national, de professeurs rejetant la contre-réforme de l’enseignement,
une manifestation de 35 000 paysans dans la capitale du pays exigeant l’abrogation de la loi d’expropriation des terres, des mobilisations de jeunes pour le droit à l’enseignement, la résistance de groupes de paysans défendant leurs terres et l’eau contre des entreprises minières impérialistes…

C’est ce même mécontentement des masses qui a conduit les partis PRD et MORENA (6) à lancer une campagne nationale de signatures exigeant une consultation nationale populaire (référendum) sur la contre réforme de l’énergie. Cependant, ces deux partis oeuvrent chacun de son côté, se refusant à unir leurs efforts et à en appeler aux organisations syndicales, sociales, organisations politiques pour arrêter l’application des contre-réformes, et en premier lieu celle de l’énergie. En même temps, les deux partis considèrent que la consultation doit se situer dans le cadre des élections intermédiaires de juillet 2015.

UNE SEULE CONSULTATION, UNE MOBILISATION UNITAIRE
POUR L’ABROGATION DE LA CONTRE-RÉFORME DE L’ÉNERGIE !

C’est dans ces conditions qu’un groupe de travailleurs et de jeunes, dont certains sont membres de l’Organisation politique du peuple et des travailleurs (OPT), font campagne à l’intérieur des organisations syndicales dans lesquelles ils militent et à l’intérieur de l’OPT elle-même pour qu’elles prennent en charge la lutte unitaire pour l’abrogation de la contre-réforme de l’énergie et de ses lois secondaires.

L’OPT est issue de l’appel qu’avait lancé la direction du Syndicat mexicain des travailleurs de l’électricité (SME), il y a plus de trois, ans à fonder un parti politique de travailleurs.

Le gouvernement de Felipe Calderón (2006-2012), gouvernement du PAN, a procédé, le 11 octobre 2011, à l’extinction de la compagnie Luz y Fuerza du Centre (à ce moment-là la deuxième compagnie publique d’électricité), au licenciement de ses 44 000 travailleurs affiliés au SME et à l’annulation de leur convention collective.

Ce coup très dur a conduit la direction syndicale non seulement à impulser une mobilisation, qui dure depuis cinq ans déjà, mais en plus à prendre des initiatives comme celle d’appeler à fonder un parti politique de travailleurs, l’OPT.

Celle-ci se trouve devant un défi important face à la guerre économique et sociale que développe le régime du PRIPAN, au compte des intérêts impérialistes, contre la nation mexicaine.

(1) L’ejido est constitué de terres qui sont la propriété de l’Etat mais dont l’usufruit individuel passe de pères en fils depuis de longues générations.

(2) Compagnie publique d’exploitation du pétrole.

(3) PRI, Parti révolutionnaire institutionnel, co