JES, faut-il te dire Adieu ?
Et,
S’il faut le faire, c’est d’être conscientes que nous ne te verrons plus au haut d’un billboard, spray en main pour revendiquer le respect du corps des femmes,
Intègre, ton intransigeance est sans conteste quand il s’agit des principes et du respect des valeurs politiques et idéologiques que nous défendons. Il faut des féministes, des citoyennes et des citoyens, convaincu-e-s, déterminé-e-s et cohérent-e-s comme toi pour poursuivre la lutte en vue d’une société socialement juste.
Jesi est partie avant nous, elle ne sera plus présente à nos réunions, à nos actions de mobilisation et de plaidoyer. Sa chaise sera vide, cependant Jesi restera vivante dans nos esprits ;
Et sa force, sa vaillance et les bons enseignements qu’elle nous a laissé la retiendra présente à nos cotés.
Sœur solidaire, elle l’était pour nous, pour d’autres qui ont pu la côtoyer. Généreusement elle se donnait à la lutte contre l’injustice de cette société fondée sur la domination de classe et la domination patriarcale.
Il est évident que nous les féministes haïtiennes avons eu l’opportunité de t’avoir comme camarade de lutte. Toi qui nous disais, Ayibobo, toi qui nous pousse toujours à agir et qui si fermement prenait part aux activités militantes jusqu’aux derniers moments. Malgré très souffrante tu répondais à l’appel pour des actions féministes, plus récemment : tu étais à nos cotés les 22 février, 8 mars, 12 avril, également jusqu’au jeudi 7 mars tu as été présente au tribunal pour le procès du régime Duvalier puis aux différentes activités commémoratives du 26 avril 2013. Date mémorable de la fureur d’un régime criminel, complice d’un ordre mondial d’oppression capitaliste.
Medames, Messsieurs,
Jesi était de celles et ceux qui luttaient pour que les principes d’égalité, d’équité, de liberté et d’inclusion soient admis et respectés dans notre société. Elle était parmi celles et ceux qui se battaient pour que notre nation soit indépendante, libre, souveraine offrant à ses filles et fils l’accès à la justice, la justice sociale, l’éducation, la santé enfin à la jouissance de leurs droits fondamentaux tant civils, politiques, économiques et socioculturels.
Sa contribution est inestimable dans la lutte pour la transformation de cette société, en témoigne son implication à la CONAP où elle représentait l’organisation ENFOFANM au Comité de Coordination de la Plateforme et plus tard, où elle a siégé environ trois ans à sa Direction exécutive. Comment ne pas tirer le maximum des exemples que Jesi a tracé dans le cadre de cet espace unitaire, comment ne pas prendre en compte les multiples enseignements qu’elle nous transmettait à sa façon, « CONAPIENNES…, Mesdames c’est inadmissible comment pouvez-vous accepter… les filles qu’est-ce que vous faites, militan pa gen jou konje, 2 pelées 3 tondues, si se pan ou se kiyès? etc .», les exemples sont nombreux. Ce que nous devons retenir, tout ceci ne répondait qu’à un ultime but, la lutte en permanence et la cohérence dans nos actions comme militantes féministes ; pour ne pas dire « la révolution permanente ».
Un autre maillon du cercle sororal s’est cassé, tout comme Anne-Marie Coriolan, Magalie Marcelin, Myriam Merlet et toutes les autres sœurs qui nous ont laissé, nous voila à nouveau face à une grande perte. Ces militantes sont toutes irremplaçables. Cependant nous devons continuer sur leurs traces comme sur celles de nos ainées. Jesi, au nom de toutes les femmes haïtiennes pour lesquelles tu t’es sacrifiée, nous di w OCHAN KANMARAD, tu as vécu en militante, tu es partie en te battant jusqu’au bout. Jesi, une fois de plus, nou di w Chapo, nou wete mouka nou byen ba pour saluer ton courage, ta combativité et ta détermination en tant que militante féministe, militante politique qui a consacré sa vie à défendre les droits des femmes, à accompagner d’autres organisations de femmes, à se solidariser avec d’autres entités des différents secteurs constitutifs du mouvement populaire haïtien dans la lutte pour combattre le patriarcat et pour transformer notre société.
Jesi tu es désormais parmi celles à qui nous devons à tout prix de poursuivre la lutte, comme tu le dis souvent, Alaksyon