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Des organisations paysannes haïtiennes s’engagent dans la reconstruction du pays.

Plusieurs dizaines d’organisations paysannes se sont reunies ce samedi 1er juin 2013 à Limonade (Nord d’Haïti) dans le cadre d’un atelier de restitution d’un cahier de revendications paysannes élaboré pour le Grand Nord (Nord, Nord-Est, Nord-Ouest, Artibonite durant ces trois derniers mois Ce processus est rentre dans la mission de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) à travers son Programme de Plaidoyer pour une Intégration Alternative (PPIA) d’accompagner le mouvement social et populaire dans la construction des outils capables de les aider à travailler à la transformation en profondeur du pays et de l’Etat. C’est le fruit d’une large discussion très élaborée avec des organisations paysannes du Nord, Nord’est, du Nord-Ouest et de l’Artibonite. Les organisations présentes à cette rencontre venaient des quatre départements précités, appuyées par des délégations venant des département des Nippes, de la Grande-Anse, de l’Ouest et du Sud.

Ce travail rentre dans le cadre de la mission de la PAPDA qui consiste à développer un processus d’accompagnement aux organisations paysannes haïtiennes en vue de permettre à ces dernières d’être fondamentalement les acteurs de leur propre développement. L’objectif de ce travail de recherche est de proposer aux décideurs publics et privés une vision alternative claire du développement du monde rural pour qu’ensemble, on arrive aux changements et transformations nécessaires dans le pays à partir d’une mobilisation citoyenne haïtienne, a confié aux participants Ricot JEAN-PIERRE, Directeur du Programme de Plaidoyer pour une Intégration Alternative (PPIA).
L’élaboration de ce cahier de revendications paysannes constitue un pas vers le processus d’inclusion et de participation qui, jusqu’à présent, fait défaut à la société haïtienne et d’en définir la meilleure stratégie pour y arriver a dit en substance M. JEAN-PIERRE.

Le Directeur Exécutif de la PAPDA, Camille CHALMERS a salué les organisations pour cet outil de plaidoyer qui, selon lui, vise à mettre un terme à la marginalisation économique, sociale, politique et culturelle caractérisant la formation sociale haïtienne. Ce travail est essentiel dans le sens qu’il permet d’identifier ces mécanismes d’agression et que les paysans se constituent en acteurs pouvant inventer et accoucher d’une société haïtienne plus juste et équitable, a-t-il ajouté.

Le Socio-économique a continué dans ses pensées pour dire que la construction de cette formation sociale, basée sur l’exclusion, date de l’après indépendance du pays. Toutefois, les paysans haïtiens n’avaient jamais accepté cet état de fait et menaient une lutte acharnée contre ce système. Les exemples emblématiques de ces luttes sont le mouvement des Piquets dans le Sud et de Cacos dans le Nord. Ces luttes revendicatives ont tourné court en 1915, date marquant de l’occupation américaine du pays. Depuis lors, nous assistons à une mise à l’écart systématique des paysans dans tous les moments de grandes décisions de la nation. Pour implanter ce nouveau contrat social, les américains avaient désarmé les paysans et tués des dizaines de milliers de paysans haïtiens, a martelé M. CHALMERS.

Aujourd’hui Haïti fait face aux défis de la reconstruction. L’heure est à la revitalisation des forces populaires et sociales du pays. Dans cette perspective, le Responsable de la PAPDA a déclaré que ce document permettra de connecter la lutte des paysans avec les priorités des autres secteurs de la vie nationale dans une vision du développement alternatif du pays. Ce travail va favoriser le nécessaire dialogue entre le secteur paysan et les autres secteurs dans le but de construire un projet national de souveraineté qui permettra de casser, une fois pour toute, le système de domination et d’exclusion qui prévaut dans le pays, a conclu le Directeur Exécutif de la PAPDA.

Le Responsable du GRAMIR, Ernst Mathurin, a félicité les organisations paysannes qui participaient aux discussions au cours des ateliers de préparation du document pour leur esprit d’ouverture et la perspicacité dans les propositions faites dans le document. Durant son intervention, il a présenté la méthodologie de la recherche qui se base sur quatre domaines clés : La politique, l’économie, le social et le culturel. Pour y parvenir, l’accent a été mis sur l’histoire du mouvement paysan et de la paysannerie de 1804 jusqu’à 1986 ; sur un ensemble de mots- clés et de concepts ; sur des thématiques et secteurs d’activités tels que la participation, le crédit, l’environnement, la question agraire et du foncier, l’agriculture, l’artisanat, la transformation, la décentralisation, les Droits Humains, la commercialisation, les infrastructures économiques, emploi, taxes et impôts, assainissement, l’éducation, la santé, eau portable, logement, l’énergie, la protection sociale, les religions, le loisir, les sports, les traditions culturelles, les patrimoines historiques, la sécurité publique, la justice, le Droit à l’information et à la communication et bien d’autres encore. Les informations recueillies sont traitées et analysées dans le cadre de l’élaboration du cahier de revendications paysannes, a fait savoir M. MATHURIN.

Par ailleurs, il faut faire remarquer que l’exposé des résultats était réalisé par les délégués des organisations présents à l’atelier de restitution du document. Après l’exposé les participants ont réagi en faisant des suggestions et recommandations afin de compléter le document final. Cinq ateliers étaient constitués pour plancher sur le document. En séance plénière, les délégués ont adopté le document et définissent un ensemble de stratégies, entre autre la mise en place d’une commission interdépartementale , visant dont à faciliter le travail de plaidoyer pour la mise en œuvre des recommandations.