Haïti est-il un pays libre, indépendant et souverain ? Sur le papier, oui.
Dans la réalité, c’est autre chose. Suite à la « découverte » du continent
américain il y a cinq siècles, l’histoire que nous connaissons d’Haïti est
faite de violence, de sang, d’exploitation, de mépris.
Premier pays à conquérir son indépendance par lui-même en 1804, Haïti
occupe aujourd’hui – avec le Bengladesh – la dernière place du classement
des pays en fonction de leur richesse.
Dictatures, occupations militaire de pays voisins (USA…), coups d’État,
montant hallucinant de la dette vis-à-vis de l’ex-colonisateur (France),
corruption, choléra, 70% de la population au chômage, trafic de drogue ou
guerres de gangs, rien n’aura été épargné aux habitants de ce petit pays.
La main d’oeuvre y est la moins chère du coin et des entreprises comme
Levi’s, Hanes ou les multinationales minières canadiennes en profitent
brutalement.
Depuis le 1er juin 2004, deux siècles après avoir conquis son
indépendance, Haïti est occupé par l’ONU, en l’occurrence par la MINUSTAH
(Mission internationale des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti).
C’est la seule force militaire de l’ONU s’interposant dans un pays…
non-belligérant. De fait, les casques bleus de la MINUSTAH ne sont pas là
pour faire tampon entre deux armées ou permettre aux civils de ne pas se
transformer en victimes : il n’y a pas de conflit, pas de guerre. Excepté
une guerre de classe, tellement virulente qu’il serait trop gros de la
faire surveiller par une armée d’occupation d’un pays présent à Haïti pour
du business juteux. Juge et partie, c’est pas terrible pour l’image. La
MINUSTAH a visiblement pour objectif de ne rien rendre possible par les
haïtiens eux-mêmes, et au contraire de permettre à certains pays vautours
de dépecer Haïti comme s’il s’agissait d’une vulgaire charogne :
États-Unis, Canada et France y ont des intérêts économiques qui prévalent
sur la vie des haïtiens. Le séisme de 2010 n’a pas arrangé les affaires de
la population, mais ceux de la classe dominante, si : théorie du choc.
La MINUSTAH assume donc concrètement en Haïti le rôle d’organisation armée
des capitalistes, rôle dévolu à l’ONU, et de pacification de la lutte des
classes. Mais, en guise de pacification, la MINUSTAH amène son lot
d’horreurs, afin non pas de rendre l’exploitation supportable, mais bien
en contraignant les haïtiens à se débattre pour survivre.
Nous, CNT-f, ne pouvons donc qu’exiger le retrait de la MINUSTAH d’Haïti,
préalable à une reconstruction du pays et à sa reprise en main par les
haïtiens eux-mêmes.
Pas de guerres entre les peuples, pas de paix entre les classes !
Solidarité internationale !
Le Secrétariat de la CNT-f
Groupe de Travail – Amériques
Grupo de Trabajo – América
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