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Haïti-France : le Procès

Devant le tribunal de la dette, la France dut comparaître. Le procès était organisé par Sortir du colonialisme, le Collectif Correct et le CRAN, dans le cadre de la 8e semaine anticoloniale. La France était mise en cause en raison de son attitude à l’égard de la République d’Haïti. Cette audience constituait la répétition générale d’un autre procès, bien réel celui-là, qui devrait se tenir l’année prochaine, à Port-au-Prince.

Le matin, les débats portèrent sur la rançon imposée à Haïti en 1825. En effet, alors que l’ancienne colonie française était devenue en 1804 une république libre et indépendante, Charles X, roi de France, envoya quatorze navires armés afin d’envahir l’île à nouveau, ou à tout le moins, d’obtenir « réparation » des dommages subis par les planteurs, du fait de l’abolition de l’esclavage. De ce fait, entre 1825 et 1946, Haïti dut payer à la France l’équivalent de 21 milliards de dollars d’aujourd’hui.

Les débats à l’Assemblée permirent de faire entendre les plaidoiries des deux avocats, Maître Hazoume pour Haïti, Maître Tricaud pour la France, les avis des experts, M. François Blancpain, M. Amzat Boukari, tous deux historiens, le tout sous la direction de Louis-Georges Tin, président de séance. La plainte pour restitution et réparation, au terme de l’audience fut considérée comme recevable et la France devra répondre de ses actes.

L’après midi, la deuxième audience tenue sous la présidence de Mme Mireille Fanon Mendes France a démontré les conséquences de la dépendance actuelle d’Haïti vis à vis des Etats-Unis, de la France et des Institutions Financières Internationales. Messieurs Gérald Bloncourt, photographe et président du Comité pour Juger Duvalier, Mr Claude Quemar, du CADTM (Comité pour l’annulation de la Dette du Tiers Monde) et Mme Nadine Lopez Baggioni, du Collectif Haïti de France, ont apporté des témoignages illustrant la réalité et les conséquences de l’occupation américaine au XXe siècle, du soutien à la dictature de Jean-Claude Duvalier, de la dette odieuse et illégitime, du rôle des ONG et de la Minustha. Cette deuxième audience a débouché sur l’idée d’un collectif de soutien au Tribunal de la dette d’Haïti en 2014. Les actes des deux matinées vont permettre d’organiser, avec des associations Haïtiennes, un jugement à Haïti en 2014, pour le 210ème anniversaire de la première République Noire.

Contacts : Louis-Georges Tin, tin@le-cran.fr, 06 19 45 45 52 Patrick Farbiaz, 06 81 07 59 29 p.farbiaz@aol.com

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