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Protestation de l’UNNOH face au traitement scandaleux accordé, jusqu’à date, au dossier du Lycée Jean Jacques Dessalines par Vanneur Pierre

De : l’Union Nationale des Normaliens d’Haïti (UNNOH)

A : Monsieur Vanneur Pierre, Ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP).

Objet : Protestation de l’UNNOH face au traitement scandaleux accordé, jusqu’à date, au dossier du Lycée Jean Jacques Dessalines par Vanneur Pierre.

Monsieur le Ministre,

Edmond Paul, au début de son livre , Les causes de nos malheurs, rapporte de Salomon, l’idée combien salutaire suivante, considérée, à la fois, comme une sorte de mise en garde, de rappel à la vigilance sociale et une critique de certaines de nos pratiques sociales et politiques nocives : ‘’Il est temps que les haïtiens comprennent qu’une société ne peut pas vivre d’expédients (de magouilles) et de mensonges, et qu’elle doit périr à la fin si ses membres n’ont pas le courage de dire la vérité et celui de l’entendre ». Par ailleurs, Antenor Firmin, allant à peu près dans le même sens, a affirmé en 1911, quatre ans avant la première occupation américaine de notre pays, dans son livre titré l’Effort dans le mal, ce qui suit : ‘’Homme, je puis disparaitre sans voir poindre à l’horizon national l’aurore d’un jour meilleur. Cependant, même après ma mort, il faudra de deux choses l’une : ou Haïti passe sous une domination étrangère, ou elle adopte résolument les principes au nom desquels j’ai toujours lutté et combattu ».


Toute société doit, pour assurer une certaine cohésion dans son existence, s’astreindre au respect d’un certain nombre de principes cardinaux tels : l’équité, l’honnêteté, la solidarité, la probité etc. En effet, il est du devoir de chacun de s’armer de courage pour les défendre et d’opposer une résistance farouche à tous ceux ou Toutes celles qui entendent, au nom de leurs intérêts particuliers et mesquins, les fouler au pied au détriment de la société.

Au niveau de l’UNNOH, nous avons déjà compris, comme l’exhorte l’auteur, qu’il est temps que notre société cesse d’avoir comme base la magouille, le mensonge, l’injustice, l’exploitation , l’inégalité… A cause de cela, notre société a entamé déjà, depuis quelques temps, sa décente aux enfers. Elle est entrain de s’écrouler sous le poids de la magouille, du mensonge, de l’injustice, du racket et de la corruption, pratiques malsaines et dangereuses qui, pour la survie de la société haïtienne, doivent être combattues avec la plus grande rigueur.

Mais malheureusement, force est de constater qu’elles tendent à devenir la règle chez nous. Nos institutions scolaires publiques, en particulier certains de nos lycées sont devenus, sous le regard complice des dirigeants du Ministère de l’Education Nationale, le lieu par excellence de magouille et de racket. Les responsables de lycée qui se gardent de se mêler à ces genres de pratiques malveillantes sont, paradoxalement, la cible privilégiée des racketters sans veste et/ou à veste et semblent avoir peu de recours. D’ailleurs, certains
hauts dirigeants du Ministère de l’Education Nationale en Haïti qui devraient normalement leur servir de cordon de sécurité, prennent un malin plaisir à les livrer aux racketters de tout poil, au profit de leurs intérêts mesquins inavoués et inavouables. Cela représente un scandale qui les déshonore et les défigure. Face à une telle situation nous avons, pour répéter Kant, l’impératif catégorique, de nous engager, au sens sartrien du terme, aussi bien au plan politique que philosophique pour arrêter cette décente aux enfers due, entre autres, à la perte du sens des valeurs.

Monsieur le Ministre, il y a un cas qui illustre fort bien ce comportement scandaleux des hauts dirigeants du Ministère appuyant, à travers certaines actions inéquitables et partiales, des racketters au préjudice, à la fois de nos institutions scolaires publiques et des responsables d’établissements scolaires publics honnêtes et sérieux. Monsieur le Ministre, comme vous le savez aussi bien que nous, le dossier du lycée Jean Jacques Dessalines oppose d’une part , la directrice du lycée, en l’occurrence Madame Kerline Jean et un groupe de racketters de la zone et un Censeur malveillant allié aux racketters . Ce dernier, associé, selon ses dires et des faits constatés, à certains membres influents et peu honnêtes de votre Cabinet, aurait carte blanche pour de déstabiliser le lycée et détruire tout le travail de redressement amorcé par la Directrice, sans risque d’être pénalisé.

D’autre part, suivant des informations reçues de source digne de foi, il y aurait un parlementaire opérant dans l’obscurité qui appuie le complot fomenté contre la Directrice. Car, il estime ne pas avoir le contrôle de la Directrice puisque cette dernière s’arroge le droit de ne pas venir trainer à son bureau politique, comme il l’aurait souhaité , aux fins de trouver sa bonne grâce, de ne pas être persécutée, comme c’est le cas, et de garantir ainsi, à ce prix, son maintien à la tête du lycée. Il aurait dès à présent en poche son directeur et le poste de direction serait déjà négocié et vendu. Il convient de noter que le transfert du Censeur saboteur a été réclamé par l’inspecteur coordonnant le district scolaire P-au-P |sud à travers un rapport d’inspection accablant indiquant toutes ses manœuvres déloyales et ses actes malhonnêtes, afin de faciliter la bonne marche du lycée. Devenant trop gênant, ses supporteurs et associés du Cabinet, ont finalement accepté, malgré eux, son transfert du lycée. Pour satisfaire leur compère, ils ont réclamé et obtenu de votre part, Monsieur le Ministre, le transfert également de la Directrice victime des actes de sabotage de leur associé.

Donc, Monsieur le Ministre, vous avez ainsi décidé, sous pression de vos conseillers suspects du Cabinet et du parlementaire intéressé par le poste occupé par la Directrice, de récompenser le travail de redressement entamé, par une sanction arbitraire qui ne saurait, en toute logique, acceptée par l’Union Nationale des Normaliens-nes d’Haïti(UNNOH). Acte, que nous considérons comme étant un affront à l’organisation auquel, il faut donner la réponse appropriée la plus ferme possible.
Monsieur le Ministre, aviez vous pris le soin de bien lire, de bien analyser et de comprendre le Rapport accablant dressé par l’Inspecteur coordonnateur du district dans lequel se trouve le lycée Jean- Jacques Dessalines, après avoir observé sur le terrain tout le travail malhonnête et destructeur du Censeur en question ?
Monsieur le Ministre, n’aviez-vous pas lu le rapport du constat du Juge de paix décrivant le travail de sabotage du Censeur au lycée et dans lequel est consigné le témoignage d’ un élève révélant le complot criminel du Censeur d’incendier le lycée ,s’il n’obtenait pas le renversement de la Directrice après le travail
badigeonnage et les différentes manifestations organisées avec l’aide des bandits habillés en uniforme du lycée et d’ autres élèves manipulés et payés ?

Monsieur le Ministre, aviez-vous, en passant, jeté un coup d’œil sur les deux pétitions qui vous ont acheminées : l’une émanant du Corps professoral du lycée et l’autre des élèves où les enseignants -tes et les élèves du lycée ont exprimé publiquement leur appui à la Directrice pour le travail positif qu’elle effectue depuis son arrivée à la tête du lycée ?

Avez-vous, Monsieur le Ministre, des rapports d’inspection ou autres documents prouvant que la Directrice est également fautive, à l’instar du Censeur, ce qui vous aurait, logiquement, autorisé à l’infliger une telle sanction?

Monsieur le Ministre, vous vous souvenez que lors d’une rencontre concernant le retrait immédiat de cette décision injustifiée et injustifiable, nous vous avons demandé de nous fournir des rapports ou autres documents démontrant les fautes administratives commises par la Directrice et qui lui aurait valu cette sanction et vous étiez dans l’incapacité de nous fournir un quelconque document. La réponse, Monsieur le Ministre, a été la suivante : La directrice peut m’envoyer, dans soixante douze heures une lettre me demandant comme ministre de reconsidérer la décision. Et nous avions rétorqué pour vous dire que le retrait de cette décision prise de manière injuste ne doit pas être conditionné à cela. Vous n’aviez qu’à lui envoyer une lettre de retrait tout simplement. Vous aviez persisté dans votre demande et nous avions finalement accepté votre demande, question de vous accorder, pour ainsi dire, une porte de sortie.

A cet effet, vous avez donné la pleine garantie, qu’une fois reçue la lettre de la Directrice, vous alliez faire sortir la lettre de retrait. Mais, à notre grand étonnement, vingt deux jours après, cette lettre de retrait se fait encore attendre. Et chose curieuse, un membre zélé de votre Cabinet, monsieur Jimmy Albert a même dépêché une équipe très agressive au lycée pour faire pression sur la Directrice lui intimant l’ordre de quitter le lycée sous peine d’être expulsée de force. La Directrice qui n’arrivait pas à comprendre ce jeu de rusés s’est mis à les poser des questions d’ordre administratif qui les ont visiblement dérangé et énervé. Sous le coup de la colère Fleurimond Kenel a laissé glisser, en présence de trois témoins, ce petit bout de phrase pleine de signification : ‘’l’affaire n’est pas administrative mais politique ». Cela a permis de mieux comprendre, Monsieur le Ministre votre démarche.

Permettez -nous, Monsieur le Ministre, de souligner à votre attention un fait, à la fois, surprenant et renversant, une vérité troublante, inconcevable et dégradante : sans peut -être le savoir ou le vouloir, vous êtes entrain, Monsieur le Ministre, à travers cette façon scandaleuse de traiter le dossier du lycée Jean Jacques Dessalines et sous l’influence de  »conseillers » intéressés et rusés , de vous inscrire dans une logique dangereuse d’une part, d’appui aux racketters de tout genre qui, au détriment du lycée, escroquaient et pillaient parents et élèves et d’autre part, de destruction de tout le travail de redressement débuté depuis l’arrivée de l’actuelle directrice, Madame Kerline Jean à la direction du lycée.

Nous estimons qu’aucun Ministre d’Education intelligent qui se respecte et qui respecte l’opinion publique ne saurait appuyer visiblement et de bonne foi, la magouille, le racket, l’escroquerie ou toute
autre pratique malsaine au sein des établissements scolaires, sans porter atteinte à sa dignité, son honneur et mettre en jeu en même temps son poste de ministre. Aussi, aucun ministre avisé, ne saurait également se permettre de détruire, de bonne foi, le travail positif de redressement d’un responsable d’établissement scolaire sans imaginer les conséquences désastreuses d’un tel acte malencontreux.

Monsieur le Ministre, à travers la décision précipitée et regrettable que vous aviez prise par erreur ou par esprit de vengeance de transférer sans motif, donc arbitrairement la Directrice du lycée et le retard pris pour le retrait de cette décision injuste, vous êtes entrain d’apporter, sans le remarquer peut-être, votre plein soutien aux racketters qui déstabilisent le lycée.

En outre, Monsieur le Ministre, la décision de transférer, quand les circonstances l’exigent, un enseignant un censeur ou un directeur, relève administrativement de l’inspecteur (trice) et du Directeur (trice) départemental (e) et non du ministre à moins qu’il cherche à régler des comptes personnels ou à faire autre chose. Car, si le ministre devait se mêler de tout cela, il n’aurait pas du temps pour effectuer normalement son travail. Cette lettre de transfert injustifiée, a été, à notre grande stupéfaction, signée du Ministre et non du Directeur départemental. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette attitude bizarre de Monsieur Vanneur Pierre à prendre en main lui-même le dossier du lycée Jean -Jacques Dessalines au lieu de laisser logiquement au Directeur départemental de l’ouest le soin de le traiter?

Monsieur le Ministre, n’y a-t-il pas là une volonté manifeste de votre part de vous enliser dans l’arbitraire en écartant sciemment dans le dossier, à la fois, l’inspecteur de zone qui devrait être normalement consulté avant toute prise de décision, puisqu’il est sur le terrain et connait mieux que quiconque le dossier, et le Directeur départemental de l’ouest de qui relève le dossier ?

De surcroit, n’avez-vous pas pris, Monsieur le Ministre, cette décision troublante sans vous référer aux documents-clés fournissant les informations relatives au dossier et nécessaires à toute prise de décision équitable y relatif, documents qui devraient , en toute logique, être minutieusement analysés afin d’éviter toutes ces formes d’erreurs et d’injustices susceptibles de démotiver et décourager?

Monsieur le Ministre, n’êtes vous pas entrain, à travers ce dossier, de régler vos comptes personnels avec l’UNNOH en général et son coordonnateur général en particulier sachant que l’UNNOH est un syndicat d’enseignants -tes très actif sur le terrain de la mobilisation et très critique par rapport à vos agissements comme Ministre et que son coordonnateur général habituellement ne mâche jamais ses mots quand il s’agit de critiquer vos actions et comportements ambigus et que Madame Kerline Jean, Directrice du lycée Jean-Jacques est membre de l’UNNOH et proche du coordonnateur général de l’organisation?

Qu’est-ce qu’il y a de grand et d’honorable, Monsieur le Ministre, dans un tel comportement injuste? En quoi, Monsieur le Ministre, une telle action aussi arbitraire et inacceptable peut-elle servir la cause de l’éducation en Haïti? Pensez-vous, Monsieur le Ministre, que l’UNNOH qui, depuis vingt deux ans, mène une lutte acharnée contre l’injustice et l’arbitraire accepterait ou goberait une pareille chose aussi révoltante et intolérable? Si, Monsieur le Ministre, vous vous arrogez le droit de tenter de trainer dans la boue une enseignante normalienne, Directrice de lycée, membre d’un syndicat aussi combattif comme l’UNNOH, quel sort peuvent attendre de votre part les sans voix?

En définitive, l’UNNOH exige, Monsieur le Ministre, que le dossier soit reconsidéré et traité ainsi avec équité et que la lettre de retrait soit rapidement remise à la Directrice du lycée Jean-Jacques Dessalines, Madame Kerline Jean en vue de la poursuite du travail de redressement mis en route comme le veulent les élèves, les enseignants, les personnels administratifs du lycée etc. Dans le cas contraire, l’UNNOH entend poursuivre un ensemble d’actions de mobilisation visant le rétablissement de la situation et la non reproduction de tels actes scandaleux et arbitraires, nuisibles aux intérêts supérieurs de l’éducation et de la société.

Pour le Bureau Exécutif de l’UNNOH :

Mona Bernadel Arthur Osias Patrick Hyppolite

Sec. Adj. aux Aff. Juridiques Sec. Aux Aff. Financières Sec. à l’Organisation

Bolivar Ernest, Jean Willy Belleur, Josué Mérilien

Sec. aux Aff. Revendicatives, Sec. à l’Information, Coordonnateur Général

Cc :

– La Présidence

– La Primature,

– La Présidence du Senat et de la Chambre des Députés

– Les Commissions d’éducation des deux Chambres

– La Direction Générale du MENFP

– La Direction Départementale de l’Ouest de l’Education

– La Direction de l’Ecole Normale Supérieure ENS

– Les organisations sociales nationales et internationales

-Les Syndicats haïtiens de tous les secteurs

– Les organisations de Droits Humains

– Les organisations de Femmes

-Les organisations paysannes et populaires

– Les organisations d’élèves et d’étudiants

– L’Internationale de l’Education IE

– Corps Professoral du Lycée Jean Jacques Dessalines

– Comité Central des élèves du Lycée Jean Jacques
Dessalines

– Comité Central des Etudiants de l’Ecole Normale Supérieure

– Comite Central des autres Facultés de l’UEH

– Syndicat National des Enseignements du Second Degré (SNES), France

– Le Syndicat des Professeurs de l’Université de New York

– Force Ouvrière France en Education

– LKP, Guadeloupe

-AOP, Martinique

– The British Columbia Teachers’ Federation in Canada

– Fédération Nationale de l’Enseignement, de la Culture et de la Formation Professionnelle, de la Confédération Générale du Travail – Force Ouvrière

– American Public Health Association

– National Writers’ Union/United Automobile Workers

– The Movement of Rank and File Educators, the Social Justice Caucus of the UFT

– Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraibe ATPC

– Chicago Union Teachers CTU

– Caribean Union Teachers CUT

-Les partis politiques

-La presse

P j : Copie du rapport de l’inspecteur du district scolaire, Copie du constat du juge de paix,
Copie des deux lettres de la Directrice du lycée,
Copie de la pétition des élèves du Lycée,
Copie des pétitions des enseignants