Aller au contenu

Nous nous mobilisons ensemble en route vers Río+20 et au-delà

Nous, organisations, réseaux et mouvements sociaux, qui sommes impliqués dans la construction du Sommet des Peuples pour la justice sociale et environnementale, contre la marchandisation de la vie et de la nature, et pour la défense des biens communs qui se tiendra à Río de Janeiro, Brésil, du 15 au 23 juin 2012, face au déroulement simultané dans cette même ville de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Río+20), lançons un appel à la mobilisation et à la coordination des luttes en tous points de la planète


Pour garantir que tous les peuples, en particulier les plus vulnérables, auront le droit d’accéder à l’eau, aux aliments, à l’énergie, à la terre, aux semences et aux territoires et à des moyens de vie dignes, et pour revendiquer les droits de la Terre Mère, nous sommes en train d’édifier ensemble, comme activité de ce processus d’articulation, l‘Assemblée permanente des Peuples, qui se tiendra à Rio.

Cette assemblée aura pour défi de faire entendre la voix des femmes et des hommes, jeunes et âgés, qui résistent jour après jour à l’avancée d’un modèle de développement par définition non durable, dont le caractère déprédateur et inhumain cherche à soumettre chaque aspect de la vie à l’action du marché, faisant toujours passer les bénéfices de quelques-uns avant le bien-vivre de tous, alors qu’il essaie de présenter un visage toujours plus « vert » derrière lequel il peut se dissimuler.

Ce fut pendant la Conférence sur l’environnement et le développement de Río en 1992- dénommée Sommet de la Terre, ou Río 92 -, qu’une mobilisation sociale presque sans précédent face à un rendez-vous des États vit naître, entre autres choses, la Convention sur la diversité biologique et la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique.

Or, les principes fondateurs de cette Convention sur le changement climatique – la responsabilité historique des pays industrialisés dans le changement climatique, la dette écologique et climatique, et par conséquent les responsabilités communes mais au traitement différencié – souffrent aujourd’hui les attaques du capital le plus concentré, dans sa tentative de transformer la vie en une marchandise asservie à ses buts lucratifs. Après les reculs observés lors des négociations de Copenhague (2009) et de Cancún (2010), rien ne laisse espérer des résultats moins décevants de la CdP 17 à Durban (du 28 novembre au 9 décembre 2011). De même, à partir de la CdP 10 de la Convention sur la diversité biologique qui eut lieu à Nagoya en 2010, la marchandisation de la nature prit le devant de la scène grâce à la proposition de « mécanismes financiers innovant », qui reprennent la même logique erronée des marchés du carbone.

Mais ce fut aussi à Río 92 déjà, que le monde des grandes entreprises commença à brandir le drapeau du « développement durable », car il était possible d’en faire une bonne affaire. Ce même concept, complété lors de Río+10 par celui de « responsabilité sociale des entreprises » et pourri jusqu’à la moelle par l’ouverture et la déréglementation néolibérale, et par la mondialisation de l’économie capitaliste hégémonique, cause aujourd’hui des ravages dans la vie des peuples et de la planète, et menace d’en produire encore davantage. Et cette tendance s’amplifie par le biais des mécanismes et des politiques d’ajustement structurel de ce qu’on appelle l’« économie verte ». Tout comme le calendrier néolibéral de privatisations des services publics dans les années 90, elle libéralise la Nature et la met à la disposition des marchés, en la divisant en composants – comme le carbone, la biodiversité ou les services environnementaux – pour faciliter en même temps la spéculation financière, la mainmise des entreprises, la perte de la souveraineté alimentaire et le dépeuplement des territoires.

Face à cette réalité, il faut que nous fassions de Río+20 un processus mondial de forte mobilisation, afin de lutter contre un système meurtrier qui cherche à se perpétuer à tout prix, et pour renforcer les luttes et les résistances nécessaires à notre survie grâce à l’élaboration d’alternatives non capitalistes comme la souveraineté alimentaire. La continuité et la profondeur des crises actuelles, leur caractère systémique et chaque fois plus militarisé et violent, le manque de réponses adéquates de la part de la majorité des gouvernements, et le détournement des instances de négociation multilatérales au profit des intérêts géopolitiques et commerciaux, mettent en évidence la nécessité urgente de construire un espace propre, pluriel, démocratique et autonome, porteur d’un message fort et avec des réussites concrètes, capable de s’instituer non seulement en caisse de résonance de nos dénonciations et de nos revendications, mais aussi en multiplicateur de notre créativité et de nos points forts, de notre solidarité et de notre espoir.

Face à l’énorme kermesse des fausses solutions que préparent pour Río+20 les grandes entreprises, les banques et institutions financières internationales et les gouvernements complices, dans le but de consolider un capitalisme reverdi comme unique réponse aux multiples crises déclenchées par eux – crises économique, écologique, alimentaire, énergétique, démocratique, climatique, de droits, de genre, crise de civilisation pour tout dire -, le Sommet des Peuples devra répondre au défi de tisser et de rendre visibles les vraies solutions qui sont en voie d’élaboration par les peuples, à la campagne, dans les forêts, dans les usines, dans les communautés, les quartiers, les écoles et autres lieux de travail et de rencontre.

Nous invitons donc à nous impliquer dans ce processus et à nous mobiliser partout en vue de Río+20, en lançant des campagnes et des initiatives de débat et de formation, d’élargissement de plates-formes de stratégie et d’action conjointe, de coordination et d’appui solidaire entre les luttes concrètes et les revendications rassembleuses.

Nous appelons les peuples et les mouvements qui luttent contre toutes les formes de déprédation et de domination, à s’unir à nous en une Assemblée permanente des Peuples où, face à la marchandisation de la vie et au « reverdissement » du capitalisme, nous affirmerons nos droits et ceux de la Nature par-dessus la rhétorique de « l’économie verte ».

Au moyen de témoignages et d’analyses, d’échanges et de solidarité, de mobilisation et d’actions concrètes, cette Assemblée devra relever le défi de renforcer les luttes présentes et de convoquer à de nouvelles actions et à de nouvelles initiatives, qui créeront de nouvelles plates-formes d’unité. En ce sens, dans l’Assemblée permanente des Peuples, les lésés hommes et femmes, les vrais créanciers des dettes sociales et financières, écologiques et climatiques, démocratiques et de genre – que le capitalisme, le patriarcat, l’impérialisme, le racisme et l’anthropocentrisme accumulent – auront pour gageure de contribuer de façon significative à la coordination de nos efforts divers pour construire des économies et des sociétés non capitalistes, justes et équitables, en harmonie avec toutes et tous et avec la Nature, pour surmonter la faim, la paupérisation, l’exploitation et l’oppression, en prenant appui sur les nombreuses luttes en cours, et en nous aidant à nous préparer pour affronter les défis stratégiques des temps prochains.

Nous réaliserons en outre des activités d’autogestion autour des aspects vitaux du processus de transformation systémique et civilisatrice, nous chercherons à connaître et à appuyer directement les luttes des habitants de Río de Janeiro et de toutes parts, dans leurs efforts de survie face à la poussée du capitalisme et de son visage reverdi, en incluant les méga-événements, l’accaparement des terres, les mégaprojets, les mécanismes dits de développement propre et tout le fatras de sigles et de noms trompeurs comme REDD, REDD+ ou biocombustibles. Nous dénoncerons les responsables, nous organiserons des actions directes et aussi, comme il convient, nous célèbrerons la vie et l’espoir qui naissent et se nourrissent de nos combats et de nos conquêtes.

Nous appelons à nous mobiliser pour construire le Sommet des Peuples pour la justice sociale et environnementale contre la marchandisation de la vie et pour la défense des biens communs, et l’Assemblée permanente des Peuples, sur la base des multiples luttes en cours, pour défendre la vie, la souveraineté – alimentaire, énergétique, financière, territoriale, politique -, l’autodétermination, l’égalité et les droits de l’homme et de la nature, en analysant les origines de la crise actuelle et les nouvelles modalités d’accumulation capitaliste, de colonisation et d’esclavage. Unissons-nous en tant que mouvements, organisations et réseaux sociaux pour que Rio+20 devienne une grande mobilisation populaire qui affermisse les bases locales, régionales et mondiales nécessaires pour repousser la charge du capitalisme « vert ». Rio+20 devrait être un point de départ pour un monde plus juste et plus solidaire.

Nous vous attendons pour construire ensemble !

On ne vend pas la vie, on la défend !

C’est nous, les peuples, qui sommes les créanciers !

Mondialisons la lutte, mondialisons l’espoir !

Nous marcherons jusqu’à ce que nous soyons tous libres !

Alianza de Pueblos del Sur Acreedores de la Deuda Ecológica, Amis de la Terre d’Amérique Latine et des Caraïbes, Convergencia de Movimientos de los Pueblos de las Américas, Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas, Grassroots Global Justice, Grito Continental de los Excluid@s, Jubileo Sur/Américas, Marche Mondiale des Femmes, Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales,
Oilwatch, Via Campesina

África Central : Nouvel Espace pour le Partenariat au Développement de Centrafrique

África do Sul
: Youth Agricultural Ambassadors and Gata Lenna – Youth Agricultural Movement Nature -Tlhago Agricultural Organisation – Centre for Civil Society Environmental Justice Project, University of KwaZulu Natal

Argentina : Diálogo 2000 – ATTAC – Acción por la Biodiversidad – GRAIN – Asociación Argentina de Abogados Ambientalistas (AAdeAA) – Asociación Ecologista Piuke – Buenos Aires Sostenible – ONG Mujeres Activas – Ecosalud Tucumán – Ateneo Lisandro ‘Gringo’ Viale – Amigos de la Tierra

Austrália : Oxfam International Youth Partnerships (OIYP)

Bélgica : Climate Justice Platform – Réseau Socialiste des Organisations de Jeunesse asbl (Ré.S.O.- J) – Climaxi – Centre tricontinental (CETRI) – Climat et Justice Sociale

Bolívia : Plataforma Boliviana frente al Cambio Climático – PROBIOMA – Centro de Comunicación y Desarrollo Andino (CENDA) – Equipo Movimiento Red Tinku – Red de Radios y Telecentros Comunitarios Apachita

Brasil : Rede Jubileu Sul Brasil – Instituto Políticas Alternativas para o Cone Sul (PACS) – Rede Brasil sobre Instituições Financeiras Multilaterais – Rede Social de Justiça e Direitos Humanos – Rede Brasileira de Pesquisas em Nanotecnologia, Sociedade e Meio Ambiente (RENANOSOMA) – GT Meio Ambiente AGB – Associação dos Geógrafos Brasileiros (AGB) – Bicuda Ecológica – FASE – Fórum Carajás – Fórum Popular em Defesa de Vila Velha – Entidade Nacional de Estudantes de Biologia (ENEBIO) – Movimento de Mulheres Camponesas MMC/RR – Movimento Nos Existimos – Fórum da Amazonia Ocidental (FAOC/RR) – Instituto Terramar – Associação Cultural Arte Ecologia (ASCAE) – Rede Brasileira de Justiça Ambiental – Justiça Global – Centro de Estudos e Defesa do Negro do Pará (CEDENPA) – Evangélicos Pela Justiça (EPJ) – Fórum Mudanças Climáticas e Justiça Social – Instituto Búzios – Comunidade do Horto – Movimento Ecossocialista de Pernambuco – Amigos da Terra Brasil

Camarões : Action pour la Protection en Afrique des Déplacés Internes et des Migrants Environnementaux ; Protection of internally displaced people’s (APADIME).

Canadá : Council of Canadians – Blue Planet Project – International Women’s Rights Project

Chile : Colectivo VientoSur – Red Socioambiental de Valparaíso

Colômbia : Federación de Organizaciones Animalistas (FOA) – Amigos del Bosque – Comite Impulso Colombia Rio + 20

Congo : Réseau CREF

Costa Rica : Asociación Red de Coordinación en Biodiversidad – COECOCEIBA Amigos de la Tierra – Asociación Conservacionista YISKI – Preserve Planet – Red Internacional de Forestería Análoga (RIFA)

Cuba : PSRDC – Organización de Solidaridad de los Pueblos de África, Asia y América Latina (OSPAAAL)

Egito : Helwa Ya Balady Association

El Salvador : CESTA Amigos de la Tierra – Unidad Ecologica Salvadoreña (UNES) – Campaña Mesoamericana de Justicia Climática (CMJC)

Escócia : Worldforests

Estado Espanhol : Ecologistas en Acción – Proyecto Gran Simio (GAP/PGS) – Salva la Selva – Fundación IPADE – Observatori Climàtic – Ingeniería Sin Fronteras Cataluña – Observatori del Deute en la Globalització (ODG)

Estados Unidos : Earthpeoples – Environmental Justice Climate Change Initiative – Institute for Policy Studies – Mangrove Action Projects – Grassroots International – Indigenous Environmental Network

Equador : Plataforma Interamericana de Derechos Humanos, Democracia y Desarrollo (PIDHDD)

Filipinas : ASIA PACIFIC Network for Food Sovereignty (APNFS) – Aniban ng Manggagawa sa Agrikultura (AMA) Union of Agricultural Workers and SANLAKAS – Movimiento de los Pueblos sobre el Cambio Climático (PMCC) – IBON Foundation

França : ATTAC – Maison de la Citoyenneté Mondiale – Réseau Féministe “Ruptures” – Parti de Gauche – Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) – CADTM – Union Syndicale Solidaires – Les Amis de la Terre – Fédération SUD Étudiant – Aitec IPAM – Peuples des Forêts Primaires

Gana : Affram Asaph Foundation

Guatemala : Asociacion CEIBA

Haití : Plate-forme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA)

Índia : Himalayan Peoples Forum – Kalpavriksh Environmental Action Group

Indonésia : CAPPA Ecological Justice

Internacional : ETC Group – Aliança Internacional de Habitantes (AIH) – CADTM Internacional – Solar Fire – Alianza Social Continental – Grito Continental de los Excluidos

México : Red Mexicana de Acción frente al Libre Comercio (RMALC) – Alianza Mexicana por la Autodeterminación de los Pueblos (AMAP) – Otros Mundos AC/Chiapas – Rising Tide México – Colectivo Revuelta Verde

Moçambique : Uniao Provincial de Camponeses de Niassa (UPCN) – Uniao Nacional de Camponeses (UNAC)

Nicarágua : Movimiento Social Nicaragüense “Otro Mundo es Posible” – Organización para la defensa de los Consumidores de Nicaragua – Consejo Indigena MONEXICO

Níger : ONG Organisation Contre la Pauvrete (OCP)

Nigéria : International Youth Council (IYCN) – Youth Vision Alliance Network (YVAN) – Labour, Health and Human Rights Development Centre – Centre for 21st Century Issues (C21st) – Climate Change Network – Environment Women and Youth Development Initiatives – Network on Water, Sanitation and Hygiene- Smiles Africa International

País Basco : Mouvement Bizi – ELA Ingurumena


Panamá
: Voces Ecológicas – Centro de Desarrollo Ambiental y Humano (CENDAH)

Paraguai : Global Forest Coalition

Paquistão : Pakistan Fisherfolk Forum – Change Foundation

Peru : Red Ambiental Loretana, Iquitos en la Amazonia Peruana – Asociación para la Resiliencia del bosque frente a la Inter Oceánica (ARBIO) – Asociacion Plataforma de Personas Viviendo con VIH Y SIDA de la Región Callao – Asociacion Unión Mujeres Lideres – Confederación de Desarrollo de los Pueblos Indígenas del Alto Amazonas (CORDEPIAA)

Porto Rico : Grito de lxs Excluidxs capítulo de Puerto Rico – Comité Pro Niñez Dominico Haitiana – Proyecto Caribeño de Justicia y Paz – MUSAS (Mujeres Solidarias y Amorosas)

Quênia : Global Advocates for Justice

Reino Unido : Biofuelwatch

República Dominicana : Brigada Cimarrona Sebastian Lemba

Rússia : Friends of the Siberian Forest

Senegal : Action Solidaire International – Agir pour les Générations Futures (AGF)

Suécia : Environmental Justice Organisations, Liabilities and Trade (EJOLT)

Suíça : SolidaritéS – Coordination Climat et Justice Sociale

Togo : Pour un Avenir Ensoleillé (PAE)

Trinidad e Tobago : Federation of Independent Trade Unions and NGOs (FITUN)

Uganda : Pan Africa HRDs Net

Uruguai : Observatorio de Conflictos Mineros de América Latina

Venezuela : Frente Ecologista Lara PSUV

Zambia : Zambia Climate Change Network

Zimbábue : Solar Generation Trust

Adesões individuais : Laura Tedesco – Andres Felipe Atehortua – Federica Napolitano – Shula Kizita Mwamba – Eliane Kalmus – Daniel Ahlberg – Vanessa Hacon – Juliana Merçon – Júlia Cossermelli de Andrade – Elisa V. Herkenhoff – Gladis Richa Kalil – China Ngubane – Moises Josue Espinsa.