A l’occasion de la fête de l’agriculture et du travail les paysans de Cap-Rouge se sont réunis pour donner leurs points de vue sur la reconstruction du pays sous l’invitation du Vive Espoir pour le Développement de Cap-Rouge, une organisation paysanne qui travaille dans cette section communale. Plus d’une centaine de participants étaient présents pour discuter sur la réforme agraire, le crédit rural, l’accès au marché et la protection civile.
La reconstruction ne veut pas dire reconstruire des grosses maisons mais de la santé, de l’éducation, de l’environnement, de l’agriculture, de l’économie et de la pensée politique haïtienne. La reconstruction doit-être accompagnée d’un effort de conscientisation dans toutes les couches de la société, disaient-ils.
Le problème de la terre est compris comme une politique de l’Etat pour acculer les paysans. Selon-eux la réforme agraire doit-être l’épicentre de l’amorce de l’économie nationale. Car les paysans haïtiens ont gardé l’autosuffisance alimentaire du pays pendant plus de 150 ans. La vague néolibérale des années 1970-80, complétée par l’abattage planifié et intentionné des cochons créoles, pièce maitresse des champs, sont les causes de l’appauvrissement des paysans. Le partage par héritage des terres amincie de plus en plus l’espace cultivable alors qu’il y a des terres non cultivées qui appartiennent à des grandons de bord-de-mer.
Cap-Rouge a connu plusieurs institutions de crédit disaient-ils. Mais la plupart d’entre eux n’ont pas pour objectif de stimuler la production agricole. Ils sont plutôt liés à la consommation et la commercialisation. Dans cette lancée, les participants critiquent le caractère passif de ces crédits qui, selon eux, ne visent pas le développement. En revanche, Ils félicitent le crédit manioc de VEDEC qui est une stratégie pour pérenniser cette filière de production dans la zone et pour pouvoir alimenter la cassavrerie implanté à Cap-Rouge par cette organisation paysanne.
Ils réclament une politique de protection civile claire pour tous les Haïtiens, non en fonction de la catégorie sociale. Cette section communale est toujours frappée par les intempéries. Ils dénoncent l’absence de l’Etat en ces moments difficile qui rend la zone plus vulnérable.
L’accès au marché représente l’une des conditions pour encourager un producteur. Or, le marché haïtien est envahi de produits importés soit des Etats-Unis soit de la République Dominicaine. Ces derniers sont encadrés par leur Gouvernement et travaillent avec des machines agricoles sur plusieurs centaines d’hectare de terre. Nos paysans qui cultivent un lopin de terre sont victimes d’une compétition déloyale. Par la même survient le problème de l’inégalité dans les échanges. Les paysans sont mis à l’écart sur le marché et ceci malgré leurs résistances, ils ont du mal à réintégrer le marché local.
Pour endiguer cette situation alarmante du pays, ils réclament l’unité entre les organisations de base pour influencer le choix concernant nos dirigeants. Les participants optent pour la mobilisation en faisant des manifestations et en dressant des cahiers de charges pour faire passer leurs revendications.