A quelques jours du démarrage d’une nouvelle législature (la 49ème) et de l’installation d’un nouveau chef d’Etat en Haïti, nous, organisations signataires de cette note, lançons un appel aux parlementaires et à ceux et celles qui composeront l’Exécutif à prendre toutes les mesures nécessaires afin de restituer à l’Etat un ensemble de fonctions essentielles sans lesquelles les droits fondamentaux de la population, comme le droit à l’alimentation, à l’éducation, à la santé, à un logement digne, ne seront jamais garantis.
Plus spécifiquement, nous réclamons le retrait de la loi votée le 15 avril 2010 par le Parlement haïtien octroyant à une organisation parallèle à l’Etat, en l’occurrence la CIRH (Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti), le pouvoir de « mettre en œuvre le Plan de Développement pour Haïti en réponse aux conséquences du séisme qui a dévasté le pays le 12 janvier 2010 ».
Des informations et réflexions produites ici et là portent à croire qu’un prolongement du mandat de la CIRH est en train d’être planifié. Comment accepter le renouvellement d’une Institution illégale et qui de surcroit a totalement échoué ? Dans ce cas, quel sera le bien fondé de cette démarche consistant pour le prochain premier ministre du futur gouvernement à présenter sa politique générale par-devant les deux chambres ? Tout cet exercice n’aura aucun sens car la CIRH a déjà son propre plan stratégique.
A noter que depuis l’instauration de cette Commission, se dégage la nette impression que l’Etat haïtien, déjà fortement affaibli par des décennies de politique ultralibérale, n’existe plus. Quasiment pour toutes les questions fondamentales de la vie nationale et pour toute action visant à apporter une réponse à la difficile situation des personnes affectées par le séisme, les responsables renvoient aux organisations internationales et/ou à la CIRH. Malgré la présence en son sein de 12 « représentants » de la société haïtienne, la CIRH n’a construit aucune légitimité compte tenu du processus de désignation de ces personnes et l’absence de liens organiques aves les secteurs qu’elles prétendent représenter. D’ailleurs ces représentants ont formellement confessé en décembre 2010 leur marginalisation des processus de prise de décision.
Les récentes déclarations du Premier ministre Jean-Max Bellerive, laissant entendre que la CIRH et l’Etat fonctionneraient de manière parallèle, ne peuvent qu’accroître les inquiétudes déjà exprimées par divers secteurs lors de la création de cette commission, le 15 avril 2010, il y a exactement un an.
A l’occasion du premier anniversaire de cette grave décision du Parlement haïtien créant la CIRH, nous, membres d’organisations de la société haïtienne signataires de cette note, réaffirmons notre position par rapport à cette commission en demandant sa disparition pure et simple. Nous recommandons que la coordination de l’aide liée au processus dit de « reconstruction » soit assurée par la Primature de concert avec la Présidence et que les fonds soient canalisés à travers les ministères et autres structures de l’état et gérés en toute transparence avec la vigilance et la participation des organisations de la société haïtienne.
Pour cela, nous exhortons les parlementaires à ne pas rentrer dans ce jeu consistant à reconduire cette structure inconstitutionnelle qu’est la CIRH. Nous les encourageons de préférence à mettre tout en œuvre pour aider le pays à se diriger dans des voies le conduisant à la récupération de sa souveraineté dans toutes ses dimensions.
Pour le comité de suivi des résolutions du 26 mars 2011 :
Colette Lespinasse, Coordonnatrice du GARR
Camille Chalmers, Directeur Exécutif de la PAPDA
Antonal Mortimé, Secrétaire Exécutif de la POHDH