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Marche Mondiale des Femmes – 3e Action Internationale Action Nationale des Femmes 2010 / Haïti

Qu’est-ce que la Marche Mondiale des femmes?
Intérêts des femmes haïtiennes à s’impliquer dans la Marche Mondiale des Femmes

La Marche Mondiale des Femmes – MMF, est un mouvement féministe issu de la Fédération des Femmes du Québec en 1996 et qui a trouvé l’accord de plus de 2 mille organisations de femmes de 135 pays pour lutter activement en vue de mettre fin à la pauvreté et la violence contre les femmes.


Depuis l’année 2000, tous les 5 ans, la Marche Mondiale des Femmes organise des actions de mobilisation mondiale dans un pays membre de son choix, une façon de dénoncer les violations des droits des femmes, de manifester la solidarité entre les femmes et de renforcer les réseaux de femmes. Lors de ces actions ayant une envergure mondiale, la Marche encourage tous ses membres à prendre des initiatives pour interpeler les autorités nationales et les autres mouvements sociaux. C’est dans ce contexte que nous organisons cette rencontre avec divers représentan-e-s de l’Etat, de la presse et d’autres organisations sociales, comme nous l’avions fait en 2000, avant d’aller présenter les revendications des femmes haïtiennes à l’ONU, la Banque mondiale et le FMI.

Cette rencontre est le résultat des réflexions produites lors d’un atelier que nous avons organisé avec la participation de différentes organisations de femmes provenant de 10 départements du pays. Ces réflexions concernent les quatre (4) champs d’actions de la Marche :

• l’autonomie économique des femmes,

• la violence contre les femmes,

• la paix et la démilitarisation,

• le bien commun.

Chacune des déléguées ici présentes aura à vous exposer un volet de ces réflexions et nos revendications relatives aux 4 champs pré-cités.

Auparavant, nous aimerions partager avec vous quelques-unes des 2010 raisons qui ont poussé les organisations de femmes haïtiennes à entrer dans ce mouvement.

Pourquoi les organisations de femmes d’Haïti ont-elles intégré la Marche Mondiale des Femmes ?

Tel que cela se faisait avant et plus encore aujourd’hui, les forces impérialistes ont mis en place plusieurs mécanismes, tels que : G8, G11, G20, pour renforcer le système capitaliste néolibéral et s’assurer de l’exécution à la lettre de leurs plans. Dans de telles circonstances, il est important pour le mouvement social d’établir des réseaux au niveau national et mondial afin de mettre en échec tous ces plans machiavéliques et développer la capacité d’influencer les décisions qui sont prises.

En ce sens, la Marche Mondiale des Femmes représente un espace de lutte contre les programmes d’ajustement structurel qui provoquent l’affaiblissement de l’administration publique haïtienne. Nous souffrons énormément des conséquences de ces mesures, surtout au niveau du secteur agricole. Aujourd’hui, en dépit de la mise en place de soi-disant Bureaux Agricoles Communaux dans certaines régions, il n’y a pas assez de technicien-e-s, d’équipements et matériels pour encadrer les paysan-e-s. Comment un gouvernement peut-il faire de la production nationale un objet de propagande intensive, sans réfléchir sur les facteurs susceptibles de permettre l’augmentation de la production? En 1990, Haïti produisait 90% des produits consommés par la population, tandis qu’aujourd’hui la part de la consommation nationale produite localement s’élève à 30%. Ce sont les proches ou les membres du pouvoir qui assurent toutes les importations.

Cet exemple peut être appliqué à tous les autres secteurs, car l’Etat a démissionné et a livré le pays et la population aux ONGs qui opèrent sans aucun contrôle.

La Marche Mondiale des Femmes est un instrument qui nous permet de mieux comprendre la politique hypocrite des institutions financières internationales qui se disent contre la corruption alors qu’elles n’ont aucun problème pour soutenir un gouvernement qui ne peut rendre compte des 197 millions de dollars décaissés pour des urgences cycloniques (automne 2008) et 163 millions suite au puissant séisme de janvier 2010.

La Marche Mondiale des Femmes est un mécanisme qui nous offre l’occasion d’analyser le comportement de la « communauté internationale » qui appuie aveuglément le chef de l’État tout en ignorant les dénonciations effectuées par les mouvements sociaux, particulièrement à propos des magouilles du Conseil Électoral Provisoire. La « communauté internationale » n’a aucun problème avec un gouvernement et un président qui piétinent les valeurs démocratiques, si ces derniers défendent ses intérêts. Le niveau de démocratie exigé dans un pays est mesuré à l’aune de son niveau de développement. Ce qui est inacceptable chez eux est acceptable pour Haïti. Démocratie dans les pays riches et « démoncratie » dans les pays du Sud.

La Marche Mondiale des Femmes encourage les femmes à se mettre en réseau au niveau national afin d’interroger ce genre d’État irresponsable, de réfléchir et de proposer l’établissement d’un autre Etat capable de tenir tête aux grandes institutions financières internationales et aux bailleurs de fonds internationaux et à même de prendre en considération les besoins et intérêts des femmes.

Favorisant l’alliance entre les réseaux de femmes et ceux des organisations mixtes, la Marche Mondiale des Femmes renforce notre conviction de mettre en place un instrument socio politique solide servant d’alternative au régime lavalas qui veut prendre le pays en otage, sous prétexte de stabilité en faveur de la classe politique traditionnelle.

En 2000, nous avons marché, 10 ans après nos revendications ne sont pas satisfaites. Nous allons marcher sans arrêt, jusqu’à ce que soit établi un Etat au service des femmes, un État en rupture avec les pratiques de copinage, un Etat autonome et indépendant, qui favorise l’égalité entre femmes et hommes au niveau économique, politique, social et culturel.

Principales revendications autour des 4 champs
Prioritaires de la MMF:

1. L’élimination de la violence contre les femmes

2. L’autonomie économique des femmes

3. La paix et la démilitarisation

4. Le bien commun

Revendications des femmes haïtiennes en faveur de l’élimination de la violence contre les femmes

Pour combattre le problème de la banalisation et de l’impunité qui alimentent la violence contre les femmes :

– Les professionnel-le-s de la police et de la justice doivent bénéficier de programmes de formation autour de la problématique de la violence contre les femmes et de la responsabilité liée à leur fonction, de sorte qu’ils soient en mesure de bien traiter les femmes venues déposer plainte et agir rapidement sur leur dossier ;

– Il faut renforcer la présence de la police dans les régions, qui ont peu ou pas de policiers, et mettre à leur disposition des moyens adéquats pour faire leur travail ;

– Les responsables de la police et de la justice doivent agir sans plus attendre pour :
o Prendre les mesures et les sanctions appropriées lorsque les membres de la justice ou de la police ne respectent pas ou ne font pas appliquer la loi.
o Sanctionner les juges et les policier-e-s qui encouragent des ententes entre agresseurs et victimes, ou acceptent de l’argent pour libérer des agresseurs ;
o Prendre des mesures contre les policier-e-s qui utilisent le pouvoir des armes pour menacer, frapper et abuser sexuellement les femmes ;

– L’Etat doit établir des techniques et se donner les moyens pour rechercher les agresseurs qui ont pris la fuite après avoir commis des actes de violence contre des femmes ; il existe trop de criminels, de meurtriers de femmes que la justice n’a jamais punis.

– Le décret de juillet 2005 qui reconnait le viol comme crime et renforce les sanctions à l’encontre des criminels doit être appliqué. Tout agresseur de femmes doit être puni selon la loi et la peine prévue contre les coupables doit être entièrement appliquée.

– L’Etat haïtien se doit de regagner sa dignité. Immunité ne signifie pas impunité. Il faut que les soldats de la MINUSTAH impliqués dans des crimes soient jugés soit par un Tribunal spécial ou un Tribunal international qui pourra les punir pour avoir: encouragé la prostitution, commis les actes de viol, d’abus et d’exploitation sexuels sur les femmes et les filles haïtiennes.

Nous demandons le départ sans condition et sans délai de la MINUSTAH.

– Nous exigeons que l’Etat haïtien, l’exécutif et le législatif, travaillent à mettre les lois du pays en accord avec les conventions qu’il a signé, particulièrement, celle de Belém Do Para, qui prévient, punit et élimine la violence contre les femmes, une convention ratifiée le 3 avril 1996 par les parlementaires, grâce au combat des organisations de femmes. Nous réclamons une loi cadre contre la violence faite aux femmes.

Les services à rendre disponibles pour les femmes victimes de violence.

Il manque de structures offrant des services qui répondent aux besoins des femmes victimes de violences. Mis à part quelques départements comme l’Ouest, l’Artibonite, le Sud-Est et le Nord, où les organisations de femmes ont installé des services d’accompagnement en solidarité avec les femmes victimes de violences, dans les autres départements elles n’ont quasiment aucun recours face à leurs agresseurs. C’est pourquoi :

– Le ministère de la santé publique doit développer des programmes qui permettent aux femmes d’avoir accès à des services de santé de proximité. Les services de santé doivent disposer de ressources en personnel, matériel, médicament, etc. qui leur permettent d’offrir des services adéquats.

– Il faut que toutes les femmes du pays aient accès au kit de prévention renfermant le test et les médicaments qu’elles doivent prendre avant 72 heures, suite à une agression sexuelle, afin de les préserver des maladies sexuellement transmissibles et de grossesses non désirées.

– L’avortement doit être dépénalisé en ce qui concerne les femmes tombées enceintes après un viol, et le Ministère de la Santé Publique doit garantir que ces avortements se déroulent dans de bonnes conditions.

– Les ministères, à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, de la Santé Publique, et le Ministère de la Justice doivent agir sans plus attendre pour que les femmes victimes de toutes sortes de violences trouvent gratuitement un certificat médical.

– Nous réclamons que le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes et celui de la justice introduisent des programmes d’assistance juridique avec l’appui d’avocat-e-s compétents, qui sont sensibilisé-e-s sur le problème de la violence contre les femmes afin d’accompagner les femmes victimes de violences ; de la même manière,

– Il faut qu’un appui financier soit prévu dans le budget national en faveur des organisations féministes qui accompagnent les femmes ;

– L’Etat doit recueillir les modèles de services de proximité, pour qu’ainsi les femmes soient secourues dans le respect de leurs droits, lorsqu’elles sont victimes d’actes de violences.

– Les Doyens de tribunaux civils doivent prendre les dispositions pour agir rapidement sur les dossiers de pension alimentaire et arrêter des mesures nécessaires pour que les pères prennent en charge leurs enfants.

– Nous exigeons que toutes les autorités concernées agissent pour faire en sorte que la population cesse de vivre sous les tentes. Les abris provisoires ont créé une situation favorable au viol et à toutes sortes de violences sexuelles contre les femmes et les filles. 9 mois après le tremblement de terre, il faut mettre un terme à la misère, il faut que la population soit délivrée.

– Nous exigeons que le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes et celui de l’Education Nationale prennent les dispositions garantissant aux filles victimes de viol la possibilité de retourner à l’école sans qu’elles soient victimes de discrimination dans les établissements scolaires.

– Nous exigeons une enquête de la police dans les zones abritant des gangs de violeurs qui pratiquent ce qu’ils appellent le « tuyau » qui est une pratique de viol collectif. De même nous exigeons un désarmement véritable des gangs qui se servent de la force des armes pour faire toutes sortes d’abus sexuels contre les femmes.

L’Autonomie Economique des Femmes

Parler de l’autonomie économique des femmes renvoie au travail. Au travail salarié. Mais les conditions dans lesquelles nous travaillons ne nous permettent pas, nous les femmes, d’être autonomes économiquement. Pourquoi ?

Nous sommes surtout dans le commerce informel. Et c’est à partir de l’argent investi dans ces petits commerces que nous payons les frais scolaires de nos enfants, les frais de nourriture et les charges familiales en général.

Au niveau du secteur agricole, nous travaillons dans des conditions très précaires. Notre production est conditionnée par la pluie, nous ne bénéficions pas d’encadrement technique, de crédit et nous ne disposons pas d’assez de terres pour produire.

En ce qui concerne les femmes qui travaillent comme cuisinière, ménagère, lessiveuse et repasseuse, elles ne sont pas sorties du système esclavagiste, parce que le temps de travail, les horaires et les salaires ne sont pas définis par la loi. Ainsi l’Etat les abandonne au bon vouloir de leurs employeurs.

Depuis le séisme, nous avons constaté la mise en œuvre dans nos régions de plusieurs programmes de « travail à haute intensité de main d’œuvre ». Il nous parait que cela rentre dans le cadre de la politique du gouvernement tel qu’indiqué dans le Plan d’Actions pour le relèvement et la reconstruction d’Haïti. Cependant, bien que dans ce document il est dit que les femmes victimes du séisme ont la priorité, ce ne sont pas toutes les femmes qui en bénéficient. Celles qui trouvent en général ce genre de travail sont membres du parti politique au pouvoir.

Est-ce normal dans une société que nous les femmes n’ayons pas notre autonomie idéologique et politique ? Est-ce normal que l’argent décaissé en notre faveur, en termes d’aide humanitaire ou pour créer ces emplois de façade, ne serve qu’à permettre au secteur au pouvoir de se renforcer ou construire son capital politique?

En tenant compte de ce qui a été mentionné plus haut, nous sommes certaines que le travail ne peut bénéficier réellement aux femmes que si l’Etat ne prenne ses responsabilités en ce qui concerne les services publics, autrement dit l’éducation, la santé, l’eau, l’assainissement, etc.

Le travail ne peut bénéficier aux femmes si l’Etat continue d’être assujetti à la bourgeoisie comme ce fut le cas lors du débat autour du salaire minimum. Le président Préval avait pris position clairement contre le peuple en fixant le salaire minimum à 125 gourdes conformément au souhait de la bourgeoisie, au lieu des 200 gourdes réclamées par les ouvrières et ouvriers.
Le travail ne peut bénéficier aux femmes tant que l’Etat n’a pas une politique claire de création d’emplois, de protection des droits des ouvrières, de garanti de bonnes conditions de travail, de salaire juste et d’un bon système de protection sociale.
En attendant de pouvoir construire l’Etat que nous voulons, nous croyons que quelque soit le gouvernement au pouvoir, il devrait travailler pour :

• Dépolitiser le travail, c’est-à-dire, donner du travail aux personnes qui veulent travailler, qui peuvent travailler et qui ont besoin de travail comme les femmes,

• Créer des écoles professionnelles et des universités pour que les femmes puissent apprendre un métier qui leur permette de trouver un emploi,

• Faire de l’alphabétisation une réalité d’autant que ce sont les femmes qui, majoritairement, ne savent pas lire et écrire,

• Créer du travail dans les provinces à travers un programme agricole solide, car il s’agit d’un secteur qui, s’il se développe, peut générer beaucoup d’emplois dans le pays,

• Créer des usines dans les provinces pour transformer les produits agricoles,

• Créer des marchés publics où les produits peuvent être vendus

• Réinstaller des Écoles moyennes d’agriculture, pour qu’il y ait des agent-e-s agricoles capables de nous encadrer, et mettre des moyens à la disposition des technicien-e-s pour accompagner les paysans-nes,

• Créer des programmes de crédit agricole, de banques communautaires, de subventions, pour que les femmes puissent trouver des crédits à un taux acceptable leur permettant d’établir leur propre entreprise,

• Construire de bonnes routes pour le transport des marchandises,

• Créer des emplois durables et non des emplois de façade.
Pour finir, nous déclarons que les emplois dont nous avons besoin en tant que femmes, ce sont des emplois durables et non des emplois précaires comme c’est le cas aujourd’hui.

Nous sommes convaincues qu’il est important que le gouvernement haïtien prenne des mesures pour mettre en place des mécanismes favorisant l’équité dans le domaine de l’éducation et du travail.

Pour un même travail les femmes et les hommes doivent percevoir un salaire égal !!!

Atelier National sur la Paix et la Démilitarisation

Nous les femmes membres des organisations Solidarité Fanm Ayisyèn- SOFA, Fanm Saj, Fanm Deside Jakmèl…ayant contribué à la Marche Mondiale des Femmes et participé à l’atelier sur la Paix et la Démilitarisation ; Après les réflexions conduites sur ce thème, nous croyons fermement que la question de la sécurité publique et la militarisation d’Haïti demeure un problème majeur pour les femmes et les masses populaires :

Dès le lendemain de l’indépendance, les anciens colons ont pris part à la destruction de l’armée indigène. Les pays impérialistes, en particulier les Etats-Unis et la France, ont pris le contrôle de la sécurité du pays. Ce contrôle absolu est motivé par la volonté de garantir les intérêts de la classe dominante, de l’oligarchie nationale et multinationale.

Tout le monde sait que l’industrie de l’armement, les guerres qui éclatent à travers le monde, la mise en place de structures militaires, de forces de l’ordre, de forces d’occupation et l’installation de bases militaires concourent à l’accumulation de profits dans le cadre du système capitaliste, à la domination des peuples, au renforcement du système patriarcal, afin que les militaires, les gangs armés, les forces d’occupation pratiquent davantage de violences sur les femmes, les filles, les ouvriers/ouvrières, les paysans/paysannes, les masses populaires en général.

C’est pour cette raison qu’en Haïti, bien que le pays ne soit pas en guerre, en moins d’un siècle, nous avons connu trois occupations militaires américaines et multinationales dont la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti) : 1915, 1994, 2004. De même, nous avons connu toutes sortes d’épreuves à cause des forces armées établies dans le pays. A part l’armée, les chefs de section, le corps de la police créée en 1995, nous avons connu plusieurs types de gangs armés, de forces paramilitaires comme : les Tontons Macoutes sous la période des Duvalier, les ‘’Attachés » (civils armés) et  »Zenglendou » (bandits) durant le mandat de Henry Namphy, le FRAPH (Front pour l’Avancement et le Progrès Haïtiens) / paramilitaire durant le règne du général Raoul Cedras et du colonel Michel François, les Chimères (civils armés) lors du second mandat de Jean Bertrand Aristide. Nous avons vécu toutes sortes d’actes de kidnapping durant la présidence de René Préval, etc.

C’est la raison pour laquelle, dans le cadre de la 3e action de la Marche Mondiale des Femmes : nous dénonçons toutes les conséquences de la militarisation et de l’utilisation des armes sur nous en tant que femmes haïtiennes.

Nous lançons un cri d’alarme particulier contre :

o La présence des forces armées et de celles de la MINUSTAH qui nous font vivre, nous et nos enfants, dans la peur et l’angoisse, parce qu’un assassin armé peut surgir la nuit dans notre maison, nous violer, et qu’en plein jour nous ne pouvons pas circuler dans la rue, nous rendre au marché, faire la quête de l’eau, etc.

o La présence de la MINUSTAH et de ses chars blindés ; les chars de guerre exercent un impact négatif sur nous et nos enfants qui se cachent chaque fois qu’ils voient un char blindé…

o Les forces militaires de la MINUSTAH, s’infiltrent partout. Elles sont présentes dans toute notre existence, dans nos quartiers, nos restaurants, nos plages… jouent avec nos enfants et nous empêchent de vivre en paix.

o Une bonne partie de l’administration publique en particulier le Ministère de l’Intérieur est contrôlé à près de 100% par la MINUSTAH et tout le processus d’organisation de la question des collectivités territoriales et des pouvoirs locaux est sous son emprise.

o Les forces de la MINUSTAH encouragent le viol et la prostitution sur les filles et les garçons comme à Jacmel et à Cayes Jacmel où souvent, sous les yeux de la population et des autorités, des soldats de la MINUSTAH en uniforme courtisent et harcèlent des adolescentes de 11-14 ans.

o Lorsque les soldats de la MINUSTAH commettent un acte criminel sur les femmes ou les populations, ils invoquent l’immunité. les victimes et leurs familles n’obtiennent ni justice ni réparation. Tel est le cas des 104 soldats et hauts gradés sri-lankais qui ont violé une centaine de filles et de femmes. Le dossier a fini au fond des tiroirs sous prétexte d’immunité. Il en est de même d’une jeune fille des Gonaïves qui a été violée par 3 soldats de la MINUSTHA le 18 février 2005, ou d’un jeune homme assassiné dans un campement de la MINUSTAH au Cap-Haitien.

o La MINUSTAH a fait régresser la police, devenue incapable de fournir des services, surtout dans les provinces et les milieux ruraux. Aux appels d’urgence, les agent-e-s de la police répondent qu’ils n’ont pas d’essence ou d’effectifs.

Nous exigeons des autorités :

  1. Le départ sans délai et sans condition de la MINUSTAH.
  2. Le retrait du principe d’immunité inscrit dans l’accord signé entre le gouvernement et les Nations Unies, afin que les membres de la MINUSTAH qui ont violé ou commis d’autres crimes contre les femmes, les filles et les autres membres de la population reçoivent la punition qu’ils méritent.
  3. L’Etat doit rendre justice et réparation à toutes les femmes et les filles qui ont été victimes de viol, d’harcèlement sexuel, à la fois sur le plan physique et psychologique.
  4. L’Etat doit prendre toutes les dispositions pour créer une force de sécurité publique reflétant l’âme du peuple, et qui ne soit ni une armée ni une force de police créée selon la volonté de pays étrangers ou de la « communauté internationale », comme c’est souvent le cas.
  5. L’Etat doit récupérer toutes les ressources financières allouées à la MINUSTAH et gaspillées dans le pays, afin de les utiliser de préférence pour offrir des services aux femmes et à la population à travers des hôpitaux, des services de maternité, l’assainissement, des écoles pour tous les enfants, des écoles professionnelles pour les jeunes, filles et garçons.
  6. L’Etat doit prendre toutes les dispositions pour que les femmes haïtiennes et la population vivent dans la paix, sans qu’aucune force armée (gangs, police ou MINUSTAH) ne continue à nous faire vivre dans la peur, dans l’angoisse, partout à travers le territoire, dans la rue, au marché ou à la maison.

POUR FINIR : Il est clair que la question des forces armées et de la militarisation d’Haïti, particulièrement l’occupation par la MINUSTAH est un problème structurel lié aux grands intérêts économiques de l’oligarchie nationale et internationale. C’est pour cela que nous, en tant qu’organisations féministes et forces progressistes du pays, devons raffermir nos forces afin de changer cette situation.

C’EST CE QUE NOUS DEFENDONS AU SEIN DE LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES !

Revendications des Femmes Haïtiennes par Rapport
au Bien Commun

Energie:

• L’Etat doit établir un système qui favorise l’entretien et l’utilisation des ressources telles que : le soleil, le vent, l’eau des étangs, des rivières, de la mer, les eaux de pluie et les déchets ;

• Face à la perspective d’une pénurie d’eau dans 10 ans, nous demandons au Ministère de l’environnement de prendre des dispositions effectives pour préserver la vie de tous les citoyens/citoyennes du pays.

Education :

• Nous voulons de véritables programmes d’alphabétisation, bien structurés, qui ciblent aussi les femmes,

• Nous voulons une éducation universelle, ce qui implique l’accès de tous et toutes à la même éducation, à l’utilisation des mêmes matériels scolaires, etc.

• Nous exigeons le contrôle du prix de l’écolage et des frais scolaires.

• L’Etat doit travailler à la mise en place d’un système d’éducation publique

• Nous voulons que le paiement des salaires des enseignant-e-s soit garanti,

• Nous demandons la mise en place de systèmes informatiques et de laboratoires dans toutes les écoles,

• Nous voulons que les élèves bénéficient d’un plat chaud dans les écoles à travers tout le territoire,

• Nous souhaitons l’établissement de systèmes d’eau potable et de dispositifs sanitaires dans toutes les écoles,

• Nous voulons en finir avec l’impunité, en ce qui concerne la violence exercée par les professeurs, les prêtres, les pasteurs sur les écolières.

Santé :

• Nous voulons que, dans toutes les sections communales, des hôpitaux soient construits et qu’ils soient pourvus :

o De personnel approprié : médecins-infirmières-sages femmes-gynécologues-psychologues…,

o De médicaments,

o De matériels,

o D’énergie.

• Nous demandons que la médecine traditionnelle soit considérée, que les médecins traditionnels soient encadrés, de sorte que nos plantes médicinales soient bien exploitées.

Assainissement :

L’État doit assurer :

– La mise en place d’un système de « latrines » à travers le pays,

– La canalisation des eaux usées,

– La transformation des déchets en énergie renouvelable.