Jakarta, 6 Novembre 2009 – Des paysans et paysannes du monde entier se réuniront à Copenhague en Décembre pour défendre leur proposition pour résoudre la crise climatique. L’agriculture durable et la production alimentaire locale contribuent au refroidissement de la terre. L’agriculture paysanne permet de séquestrer le carbone dans les sols, utilise moins de combustibles fossiles dans les machines et moins d’intrants chimiques. En outre, si nous mangeons local, moins d’énergie est utilisée pour expédier de la nourriture tout autour de la planète. Étant donné l’énorme impact de l’agriculture industrielle sur les émissions de gaz à effet de serre, une conversion massive de la monoculture industrielle à l’agriculture paysanne durable et le développement des marchés locaux permettrait effectivement une réduction massive de tous les gaz à effet de serre. (1) Combiné avec un programme sérieux de réduction de la consommation, un tel plan rendrait sans objet toute discussion sur le commerce du carbone, les solutions technologiques ou les mécanismes basés sur les marchés commerciaux actuellement discutés dans la CCNUCC.
Nous pensons que ces points doivent être abordés à Copenhague. Nous croyons que la voix des peuples du monde entier doit être entendue. L’ampleur du mouvement démocratique mondial pour la justice auquel participent de nombreux mouvements sociaux qui se préparent pour la COP 15 montre l’importance de ces questions .
La voix des peuples s’exprime de plusieurs façons, ils peuvent murmurer ou crier, chanter ou jouer, parler ou débattre. L’histoire des mouvements sociaux montre que la contestation aussi prend des formes très variées. A La Via Campesina, la désobéissance civile a toujours été la stratégie choisie pour défendre la souveraineté alimentaire, elle complémente les débats, le travail politique, et la promotion d’alternatives réelles dans nos champs. Lorsque des centaines de paysans et de paysannes occupent une terre accaparée par une société transnationale, lorsque des milliers d’entre eux se rassemblent devant l’OMC pour demander un terme à la libéralisation des marchés agricoles, nous défendons notre droit de vivre. Notre droit de nourrir le monde et de nous nourrir nous-même. Notre droit à être respecté et à sortir de la pauvreté.
La Via Campesina soutient et participe à des actions non-violentes de désobéissance civile quand celles-ci sont justifiées politiquement dans notre engagement pour une société plus juste et plus digne. Nous rejetons clairement la violence comme moyen d’action, tout comme nous rejetons la violence des politiques discutées à huis clos. Les politiques permettant aux entreprises d’obtenir des crédits de carbone pour développer des monocultures sont des politiques violentes. Dans des villages reculés, elles conduisent à des expulsions, à la résistance des paysans, à la répression et la destruction de l’environnement.
Nous condamnons fermement les lois répressives qui sont passées au Danemark pour museler la dissidence. A la veille de la CCNUCC, nous appelons à la mobilisation et au rassemblement de tous les mouvements sociaux dans notre grande et riche diversité. Nous croyons qu’une démocratie confiante ne peut être renforcée qu’en permettant aux peuples du monde entier de défendre et de mettre en œuvre la justice climatique, la justice alimentaire et la justice sociale.
Josie Riffaud,
Membre du Comité international de coordination de La Via Campesina et co-responsable de la question du changement climatique
Henry Saragih
Coordinateur général de La Via Campesina