Aller au contenu

Promotion de la production agricole biologique à travers des échanges, des formations et des recherches entre des organisations paysannes haïtiennes et des cadres étrangers

Il y a déjà dix ans, la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) par l’entremise du Programme de Plaidoyer pour la Souveraineté Alimentaire(PPSA) a fait sienne tout un ensemble de questions se rapportant à la défense de la production agricole nationale. Ainsi, beaucoup d’initiatives comme des séminaires de formation, des visites d’échanges, des articles, des émissions de radio et télévisées, des tournées à l’étranger ont été réalisés dans le palmarès de nos actions. En décembre 1998, la PAPDA a pris l’initiative d’inviter une délégation de cadres cubains pour des échanges avec des organisations paysannes, des ONGs et des cadres de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) sur la sécurité alimentaire et les techniques de production agricole organique. Trois ans plus tard, soit en 2001, le PPSA a organisé une visite d’une délégation d’une quinzaine de paysans haïtiens à Cuba pour recevoir des formations appropriées dans le domaine de l’agriculture organique. C’est dans cette même lignée qu’une rencontre de ce genre a eu lieu en décembre 2007 avec des cadres cubains.


Programme de Plaidoyer pour la Souveraineté Alimentaire de la PAPDA (PPSA) : promotion de la production agricole biologique à travers des échanges, des formations et des recherches entre des organisations paysannes haïtiennes et des cadres étrangers.

Il y a déjà dix ans, la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) par l’entremise du Programme de Plaidoyer pour la Souveraineté Alimentaire a fait sienne tout un ensemble de questions se rapportant à la défense de la production agricole nationale. De cette problématique découle par exemple, des plaidoyers pour le renforcement de la production agricole biologique en Haïti à l’heure où nous avons besoin des alternatives viables. Dans cette foulée, nous avons dès lors entrepris une kyrielle d’activités pour sensibiliser et même mobiliser les gens autour de cet objectif que nous jugeons incontournable si nous voulons développer une agriculture qui répond aux besoins alimentaires de notre société et aux préoccupations sanitaires considérés comme des éléments vitaux. Car nous savons que les dirigeants ne sont pas enclins à contrôler la qualité de l’alimentation, particulièrement celle qui vient de l’étranger, qui dans certains cas éveille de vives interrogations sur la question des principes sanitaires.

Ainsi, beaucoup d’initiatives comme des séminaires de formation, des visites d’échanges, des articles, des émissions de radio et télévisées, des tournées à l’étranger ont été réalisés dans le palmarès de nos actions ; concrètement sur le terrain, d’une part nous vulgarisons le message visant une campagne de sensibilisation afin de toucher des acteurs concernés et d’autre part nous accompagnons des mouvements paysans qui s’engagent déjà dans cette démarche de promotion.

La justification d’une telle démarche vient du fait que le milieu rural haïtien abrite plus de 60 % de la population du pays et près du tiers de la richesse nationale proviennent du secteur agricole. Ce qui fait en termes macro-économiques, l’agriculture contribue de loin à la plus grande part de l’économie nationale. Les paysans représentent une catégorie de la population qui porte malgré tout et ceci depuis l’indépendance de 1804, une partie de l’économie haïtienne sur la force de leurs machettes, de leurs houes et de leurs serpettes ; laissés et abandonnés par les autorités, ils n’ont jamais perdu la force de lutter pour tenir dans des conditions les plus lamentables et tragiques.

La sécheresse, l’érosion, le drainage des terres arables vers la mer, les maladies qui attaquent les cheptels, la compétition des produits subventionnés par des pays riches et des sociétés transnationales, l’absence des autorités étatiques contribuent à faire de nous le pays le plus appauvri du continent américain. Tous ces facteurs expliquent que la survie de l’agriculture paysanne est un travail qui ne cesse de faire face à des obstacles dressés de part et d’autres. L’augmentation de la population et la diminution de la production agricole par faute d’encadrement représente un dilemme majeur qui s‘adresse à nous tous.

L’agriculture haïtienne actuelle n’est pas capable de répondre au besoin national quand on considère ce contexte marqué par des politiques économiques au profit des grandes compagnies étrangères. Environ 52 % des aliments viennent de l’extérieur et la tendance d’une révision à la hausse se fait remarquer durant ces dernières années. Dans cette situation critique qui s’annonce depuis les deux dernières décennies à travers une insécurité alimentaire croissante et alarmante, il s’avère de plus en plus urgent pour la PAPDA de mettre toute son énergie afin de parvenir à la construction d’une autre politique agricole nationale, celle qui devait être liée à un modèle de production durable basé sur un sentiment de solidarité et de valorisation de notre patrimoine productif et culturel à travers une symbiose entre la nature et l’agriculture, dans cette perspective, l’une des manières de parvenir à cette politique consiste à encourager une production agricole basée sur une agriculture écologique respectueuse de l’environnement.

En outre, parallèlement à ce grand travail de plaidoyer, la PAPDA a appuyé des initiatives de groupes de producteurs notamment par la réalisation de multiples foires agro-artisanales dans les divers départements du pays. En décembre 1998, la PAPDA a pris l’initiative d’inviter une délégation de cadres cubains pour des échanges avec des organisations paysannes, des ONGs et des cadres de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) sur la sécurité alimentaire et les techniques de production agricole organique. Depuis cette visite, la PAPDA a été sans cesse sollicitée en vue d’assumer un accompagnement technique direct à des communautés paysannes pilotes pour l’expérimentation de pratiques susceptibles d’intensifier la production agricole avec des techniques respectueuses de l’environnement. Trois ans après soit en 2001, le PPSA a organisé une visite d’une délégation d’une quinzaine de paysans haïtiens à Cuba pour recevoir des formations appropriées dans le domaine de l’agriculture organique. C’est dans cette même lignée qu’une rencontre de ce genre a eu lieu en décembre 2007 avec des cadres cubains.

Avec l’appui financier de l’un de nos partenaires, il s’agit d’Alternatives Canada, le Programme de Plaidoyer pour la Souveraineté Alimentaire de la PAPDA a lancé un projet de promotion de l’agriculture biologique dans deux zones pilotes, respectivement à Cap-Rouge, plateau humide, section communale de Cayes-Jacmel, et Pérodin, montagne semi humide, section communale de Petite rivière de l’Artibonite.

Dans cette perspective remarquons que le projet a initié toute une série de formations et de nouvelles approches en la matière. A cette fin on a institué un dialogue entre paysans- paysans.

Du 9 au 23 décembre 2007, le PPSA de la PAPDA, via cette coopération d’échange avec l’ANAP (Association Nationale des Petits Producteurs de Cuba), a planifié et organisé une visite de deux agronomes Cubains respectivement dirigeants d’une coopérative de Contra Maestra de Santiago de Cuba et d’une autre de Guantanamo.

Ce programme d’échange a eu lieu à Cap- Rouge et à Pérodin, zones de grande potentialité pour la production de Café, d’ignames, de légumes, d’haricot, de maïs et de divers fruits dont les citrus. A souligner que Cap-Rouge est considéré comme le principal grenier de la commune de Cayes-Jacmel et de Jacmel chef lieu de la métropole du département du Sud-Est. Il faut signaler que les ‘’Madan Sara » assurent la commercialisation pour se rendre à Port-au-Prince d’une grande partie de la production agricole locale, en laissant Cap-rouge deux fois par semaine avec trois ou quatre grands camions de 15 à 18 tonnes remplis de produits agricoles.

Dans chacune de nos zones pilotes en rapport avec la production agricole biologique, c’est-à-dire Pérodin et Cap Rouge, on a réalisé des séminaires de formation, des visites guidées dans les exploitations familiales paysannes et aussi des séances pratiques effectuées dans le cadre des apprentissages de nouvelles connaissances lors des échanges avec les formateurs venus à cette fin en décembre 2007.

On a aussi profité de cette formation pour visiter des centres de promotion de la production agricole que nous mettons sur pied avec l’aide de nos partenaires pour appuyer les organisations locales. En passant, précisons que ces centres offrent des services de location et de vente de certains outils, équipements agricoles, intrants, des appuis techniques de proximité aux paysans dans leurs activités quotidiennes.

Revenons sur la formation, disons qu’elle a été centrée sur la manière de lutter biologiquement contre des ‘’ravageurs » et des maladies attaquant les cultures. Elle visait également l’apprentissage de savoir visant à stimuler et à augmenter la production tout en diminuant le coût de production par le biais de la fertilisation organique. Elle a été réalisée avec des méthodes participatives ainsi qu’avec des supports vidéo traduisant les expériences concrètes des paysans cubains.

Cet échange a permis aux paysans des deux zones de faire leur propre bilan à savoir les limitations dans le cadre de la valorisation de leurs propres savoir-faire et des ressources locales, de leur faiblesse, le tout pour initier des alternatives de production des produits biologiques afin de lutter contre les insectes. La production des bio-fertilisants reste une initiative que sollicitent les paysans des autorités dans un délai proche.

Ainsi, les paysans ont eu l’occasion de comprendre mieux le sens de leurs combats pour le respect des droits fondamentaux comme ceux de l’alimentation, prônant des mesures de politiques qui devraient être liées à la lutte pour la souveraineté alimentaire nationale. A travers ce débat qui a pu refléter le niveau de l’implication de l’Etat cubain dans la production agricole nationale cubaine et au niveau de sa paysannerie en général, les paysans haïtiens croient qu’ils doivent continuer à se battre pour la survie pendant qu’ils se renforcent politiquement.

En ce sens, le PPSA de la PAPDA techniquement compte se renforcer davantage pour porter pleinement cette vision politique qui prône des alternatives viables pour la souveraineté du peuple haïtien.

Franck Saint Jean, Directeur du Programme de Plaidoyer pour la Souveraineté Alimentaire (PPSA)