Dans une correspondance adressée aux Ministres de défense des pays latinoaméricains qui fournissent des troupes à la MINUSTAH, le MODEP, Tet Kole Ti Peyizan et PIDHDD-Haïti dénoncent la présence de cette force d’occupation dans notre pays. La PAPDA appuie cette prise de position et réclame avec ces organisations le départ des troupes d’occupation.
Lettre publique aux Ministres de Défense des pays de l’Amérique du Sud
Mercredi 5 septembre 2007
Le Mouvement Démocratique Populaire (MODEP), « Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen » et la Plate-forme interaméricaine des droits humains, Démocratie et développement (PIDHDD), dans leur lutte contre l’occupation du pays par les Forces de l’ONU dont vous êtes les fers de lance, saisissent l’occasion que vous leur offrez en vous réunissant dans le pays, pour vous adresser leurs préoccupations quant à la présence de la Force d’occupation, la MINUSTAH, sur le Sol National.
Depuis le 30 avril 2004, suite à la résolution 1542 adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies à sa 4961ème séance, Haïti est malheureusement une nouvelle fois occupée. Prétextant vouloir aider le Peuple haïtien à assurer sa stabilité politique, sociale et économique et que la situation qui prévalait à l’époque en Haïti constituait une menace pour la Paix et la Sécurité dans la région, une coalition de Forces étrangères opérant sous le label des Nations Unies (ONU), a débarqué dans le pays. Toutefois, en réalité, leur UNIQUE OBJECTIF est d’occuper le pays et d’empêcher le Peuple haïtien de diriger librement sa destinée. Depuis, les Nations Unies ont tout fait pour maintenir le pays sous leur domination. Aussi comprend-t-on les multiples résolutions prises par cette institution pour proroger continuellement le mandat de ces Forces.
Mesdames, Messieurs les Ministres de Défense des pays de l’Amérique du Sud,
Le Mouvement Démocratique Populaire (MODEP), « Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen » et la Plate-forme interaméricaine des Droits Humains, Démocratie et Développement (PIDHDD) vous rappellent que, de 1993 à 2004, plusieurs missions onusiennes ont déjà séjourné en Haïti. Cependant, aucune d’entre elles n’a jamais contribué au développement du pays. Au contraire, les multiples actes qu’elles ont jusqu’à date posés, n’ont fait que plonger le pays dans l’insécurité, le sous-développement et l’ignorance. Les organisations signataires de cette lettre tiennent à vous faire remarquer que, par ces actes, les Nations Unies ne font que violer la Constitution haïtienne, sa Charte qui devrait être pourtant son boussole, et tout particulièrement le droit du peuple haïtien à prendre son destin en main et à apprendre à gérer ses problèmes comme le font beaucoup d’autres peuples. A preuve :
1. La Constitution haïtienne de 1987, puisant dans la volonté des fondateurs et fondatrices de la Patrie, déclare en son article premier : « Haïti est une République indivisible, souveraine, indépendante, coopératiste, libre, démocratique et sociale ». En son article 8-1, elle stipule également ce qui suit : « Le territoire de la République d’Haïti est inviolable et ne peut être aliéné ni en tout, ni en partie, par aucun traité ou convention ».
2. La Charte des Nations Unies, en son article 1, avance : « Les buts des Nations Unies sont les suivants : maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d’agression ou autre rupture de la paix, et de réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l’ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix ». Cependant, en réalité, à aucun moment, Haïti n’a jamais menacé la paix internationale ou régionale. La situation qui prévalait avant le 29 février 2004, et qui prévaut actuellement dans le pays, toutes proportions gardées, n’est pas si différente de celles que l’on vit dans maints pays de l’Amérique latine et du monde où il n’y a pourtant pas de présence onusienne. En ce sens, les cas d’Israël et de la Palestine en sont une preuve flagrante. Autrement dit, en aucun cas, la situation interne d’Haïti ne peut justifier la présence des Forces onusiennes dans le pays.
3. En son article 2-7, la Charte des Nations Unies, ajoute : « Aucune disposition de la présente Charte n’autorise les Nations Unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un Etat, ni n’oblige les Membres à soumettre des affaires de ce genre à aucune procédure de règlement aux termes de la présente Charte,[…]. , partant de la considération précédente et entre autres choses, de cet article, tout le chapitre 7 relatif aux mesures du Conseil de Sécurité des Nations Unies en cas de menaces contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression, ne peut appliquer dans le cas d’Haïti ».
Mesdames, Messieurs les Ministres de défense, comment vous expliquez-vous que des Etats comme le Brésil, la Bolivie, l’Equateur et l’Uruguay, qui disent vouloir lutter contre la domination impérialiste, la toute puissante force des institutions internationales de financement et l’ingérence étrangère, puissent s’interférer sous le couvert des Nations Unies dans les affaires internes d’un autre pays avec une arrogance hors pair ? Quelle explication pouvez-vous donner au peuple haïtien de l’ordre impérial en Haïti quand, tout en vous disant opposer à la politique impériale américaine, vous vous arrogez le droit de dicter paradoxalement des leçons de développement au peuple haïtien et de gaspiller le peu de ressources que le pays possède dans des rencontres inutiles, des commissions et pots de vin ?
Mesdames, Messieurs les « Ministres progressistes »,
Le Mouvement Démocratique Populaire (MODEP), « Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen » et la Plate-forme interaméricaine des Droits Humains, Démocratie et Développement (PIDHDD) ne sauraient être contre la promotion de la sécurité et de la paix internationales, ni contre la coopération entre les pays. Cependant, à aucun moment et en aucune manière, nous ne pouvons supporter que cela soit fait contre les intérêts supérieurs de la Nation haïtienne, contre son histoire, contre sa dignité, contre son propre développement et celui de ses fils et filles.
En conséquence, nous vous saurions gré, Mesdames, Messieurs les « Ministres Progressistes », de bien vouloir profiter de votre présence pour retourner avec ce colis encombrant historiquement et constitutionnellement qu’est la MINUSTAH. Ce faisant, vous feriez preuve de grandeur, de progressistes et de sens de coopération. Ainsi, le peuple haïtien vous en serait mille fois reconnaissant.
Pour une coopération digne et sincère entre les peuples de la région et du monde.
Pour le Collectif des Organisations :
NIXON Boumba
Josué MERILIEN