Aller au contenu

Le fossé est trop grand

La PAPDA vous recommande la lecture de cet article de Ilionor Louis sur les politiques mises en application par le Gouvernement Préval/Alexis


Le fossé est trop grand ?

Par Ilionor Louis

« Les riches sont cloîtrés dans leurs villas fermées derrière des murs, et les pauvres coincés dans des bidonvilles où ils ne possèdent rien. Le fossé est trop grand »
René Préval, Candidat à la Présidence

Imaginez le paradis du néolibéralisme. Un lieu où la loi en vigueur est celle des grandes entreprises, qui ont le contrôle sur les codes sociaux et les forces armées. Où les bénéfices et les privilèges des corporations sont illimités, puisque ce sont elles qui en décident. Où l’État – entre les mains d’un gouvernement de connivence – n’entre pas, et délègue aux organismes financiers internationaux et aux propriétaires des corporations l’administration et la décision sur le développement du lieu. Où toute la production, réalisée par des travailleurs exploités jusqu’à l’os, est destinée à approvisionner les couches les plus riches du monde. » Joao A. Peschanski

Si je pouvais m’adresser directement au Président de la République devant une assemblée de citoyens, je lui demanderais est-ce qu’il croit vraiment que le fossé est trop grand. Mais comme il est difficile d’amener un président devant rassemblement de citoyens ordinaires, je soumets mon texte à votre attention afin d’analyser avec moi le bien-fondé de la déclaration du président en lien avec les politiques qu’il est en train d’appliquer aujourd’hui. Il s’agit pour moi de faire un exercice citoyen, c’est-à-dire d’utiliser publiquement ma raison sur un fait, à mon avis préoccupant, qui est la situation particulière d’une certaine catégorie de citoyens, entre autres, des habitants des bidonvilles, des travailleurs potentiels sans travail ou exploités, des jeunes, des universitaires sans espoir avec ou sans un diplôme. Je vous invite aussi, comme l’a si bien dit Kant (1985) à sortir de la minorité c’est-à-dire à faire usage de votre raison pour apprécier les politiques gouvernementales en matière de lutte pour combler ou agrandir le fossé entre riches et pauvres.

Je voudrais, pour commencer, émettre l’hypothèse que certaines catégories de citoyens, les pauvres, entre autres, ont eu de l’espoir en participant aux élections du 7 février 2006 au cours desquelles René Préval fut élu président de la République. Celui-ci était le candidat d’un regroupement politique appelé ESPWA (Espoir?). Dans certains médias internationaux, Préval était présenté d’ailleurs comme « le candidat des pauvres ». Considérons un instant les notions « d’espoir » et de « candidat des pauvres ». Le mot Espoir exprime un état d’attente fondé sur la confiance. Il est basé sur la foi, dans le sens de l’attente d’un Messie ou du retour d’un libérateur quelconque. En tant que tel, il semble avoir pour vertu de maintenir les gens dans une sorte d’attentisme qui peut avoir de mauvaises retombées à l’avenir. Je me demande si le regroupement « ESPWA » est réellement l’espoir des pauvres, ou bien est-ce René Préval cet espoir? Si le regroupement « ESPWA » constitue en soi un ESPOIR – parce qu’il est composé d’organisations politiques formées à partir de la base- il peut l’être concrètement si et seulement si les pratiques citoyennes au sein des organisations constituantes ne sont pas mises à profit ou marginalisées par le microcosme de « professionnels de la politique » inhérents à toute formation du genre. Dans ce sens, il pourrait y avoir peut-être espoir pour tous les citoyens, entre autres, ceux qui souffrent d’un déficit de citoyenneté en termes de jouissance des droits sociaux, économiques et culturels. Ceux-ci pourraient trouver au sein de ce regroupement un espace de pratiques de citoyenneté alternative. « ESPWA » inspirerait effectivement de l’Espoir. Par contre, si c’est René Préval, l’ESPWA/Espoir, je pense qu’il n’y a peut-être plus d’espoir pour « les plus pauvres » car dans la situation actuelle, ce n’est pas u chef d’État – qu’il soit charismatique ou non – qui puisse sauver des pauvres…..

Lire la suite: Le fosse est trop grand