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Séminaires de formation sur les Accords Commerciaux Internationaux à l’intention des membres d’organisations de producteurs (trices) de la région du Nord et du Sud’Est du pays.

La Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) dans le cadre du volet de formation du programme de Plaidoyer pour la Souveraineté Alimentaire a organisé du 8 au 9 juin et du 15 au 16 juin 2006 respectivement à Jacmel (Sud-est) et à Limonade (Nord), deux séminaires de formation sur les Accords Commerciaux Internationaux (ZLEA, Cotonou, CARICOM, APE) et leurs conséquences sur l’économie paysanne et un Atelier Décentralisé sur la Vulnérabilité Alimentaire à l’intention des organisations paysannes et des ménages impliqués dans une enquête nationale sur la sécurité alimentaire conduite par la Plateforme Nationale de Sécurité Alimentaire (PFNSA).

Les thèmes débattus au cours de ces journées de réflexions s’articulent autour des menaces que représentent des Accords Internationaux imposés par les grandes puissances sur l’économie des petits producteurs haïtiens ajoutés au cycle de la dette en tant que mécanisme d’appauvrissement des pays pauvres dont Haïti. L’impact de ces mesures a été analysé dans le cadre des échanges commerciaux inégaux entre les pays du Sud et les pays du Nord et le rôle néfaste des Institutions Financières Internationales telles la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Interaméricaine de Développement (BID).


Des délégués du Sud-est, du Nord et du Nord-est ont participé à ces journées de réflexions et de débats. Ainsi plus d’une dizaine d’organisations paysannes et de réseaux d’organisations paysannes comprenant des éleveurs, des coopératives caféières, des pêcheurs, des agents vétérinaires, des mouvements de femmes, des femmes chefs de ménages ont débattu des questions relatives aux enjeux des accords internationaux qui affectent le secteur agricole et l’économie paysanne en Haïti, accords imposés par les pays du Nord à ceux du Sud.

Sur la même lancée, un atelier décentralisé a été organisé en vue de parvenir à des informations et des perspectives pour l’amélioration de la situation de la vulnérabilité alimentaire dans le Sud-est. Les informations recueillies au cours de cet atelier permettent de voir avec certitude que le département du Sud-est dispose diverses ressources naturelles, agricoles potentielles qui puissent être exploitées dans le cadre d’une politique qui prend en compte les nécessités du secteur paysan comme entité prépondérante dans la lutte contre la pauvreté. Pour combattre l’insécurité alimentaire qui guettent la majeure partie de la population de la région, il s’avère nécessaire de dynamiser le secteur agricole qui représente le plus grand secteur d’activités. Il faut que l’Etat intervienne à travers tout un train de mesures allant du crédit agricole, la question foncière, la problématique écologique et sans oublier la subvention des intrants.

A l’issue des présentations faites par les intervenants sur le caractère colonisateur des Accords Internationaux notamment la ZLEA et les APE qui constituent des instruments de domination mis en place par les Grandes Puissances et les Transnationales pour assujettir les petites économies dont Haïti, la discussion a tourné vers des alternatives de luttes que les organisations paysannes dans leur agenda doivent mener pour faire face à la domination néolibérale en Haïti qui constitue un handicap pour tout développement économique alternatif. Ainsi, de vifs témoignages de la part des paysans eux-mêmes montrent à quel point la pénétration de la concurrence féroce des agriculteurs du Nord détruit et anéantit les petits agriculteurs du Sud. Les organisations paysannes venues de différentes régions ont exprimé leur mécontentement et leur volonté de lutter contre le système mis en place par les Grandes Puissances.

Les luttes doivent être intégrées à travers un cadre général regroupant des organisations paysannes à l’échelle du pays. La bataille pour contrecarrer la poussée du néolibéralisme dans l’économie nationale s’inscrit dans la lignée de la lutte pour la souveraineté nationale, considérée comme condition nécessaire pour la reconquête de notre dignité de peuple bafouée par des projets répondant aux intérêts du capital international. Une politique de remembrement de la production nationale doit passer par une politique économique qui intègre les besoins des agriculteurs haïtiens dans un agenda de priorité. Or, ce que nous constatons depuis un certain temps de la part de nos dirigeants est tout à fait le contraire. Les organisations paysannes ont la responsabilité de porter ces revendications dans une dimension de recherche de solidarité tant au niveau national qu’international.

Par le biais de ces activités de formation, la PAPDA compte vulgariser aux organisations paysannes, les informations relatives aux enjeux et conséquences des Accords Internationaux sur l’agriculture rurale de sorte qu’une prise de conscience effective produise l’effet d’une nécessité de se battre afin de faire valoir le droit à la souveraineté alimentaire du pays.