Après le sommet des ministres des Finances du G7 vendredi, Washington accueille samedi et dimanche l’assemblée de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Le CADTM est scandalisé par le spectacle offert à cette occasion.
Primo, les pays du G7 sont très préoccupés par les cours du pétrole qui ont franchi la barre des 75 dollars le baril cette semaine. Ils exercent des pressions considérables sur les pays producteurs, majoritairement du Sud, pour qu’ils augmentent la production afin de faire baisser les cours. Le G7 oublie d’abord que du point de vue écologique, un accroissement de la production pétrolière est un non-sens. De surcroît, pendant des décennies, les pays producteurs ont bradé cette ressource naturelle, au détriment de leurs peuples à qui elle appartient. Ils sont tout à fait en droit aujourd’hui d’en tirer une juste rémunération, d’autant que dans le même temps, elle leur permet de faire entendre leur voix au niveau international, ce qui gêne les pays du G7, par exemple dans le cas du Venezuela et de l’Iran. Le G7 cherche donc avant tout à réaffirmer sa toute-puissance. Le CADTM tient à rappeler que la majeure partie du prix du pétrole à la pompe est le fait des taxes imposées par les pays du Nord et des marges colossales réalisées par les multinationales pétrolières, dont les bénéfices sont au plus haut. Mais cela, le G7 préfère l’oublier.
Deuzio, les Etats-Unis sont gênés par le fait que la monnaie chinoise, le yuan, soit sous-évaluée, ce qui aggrave leur déficit commercial avec la Chine. Ils revendiquent donc un rôle accru pour le FMI, afin que celui-ci puisse imposer une modification des taux de change. Une fois de plus, le FMI sert d’instrument financier au service des grandes puissances.
Rien d’étonnant alors à ce que le FMI ait perdu toute légitimité aux yeux des populations de nombreux pays en développement, à qui on impose des politiques d’ajustement structurel dramatiques pour les personnes pauvres. Afin de redorer son blason, il est question de revoir le nombre de voix détenues par chaque pays. Alors que les Etats-Unis se taillent actuellement la part du lion avec plus de 17% des voix, suivis du Japon et de l’Allemagne (environ 6%), de la France et de la Grande-Bretagne (5%), les pays asiatiques demandent une place plus importante. Comme ils sont les principaux détenteurs des bons émis par le Trésor des Etats-Unis afin de financer son déficit abyssal, une réforme du FMI est envisagée pour leur donner satisfaction. Les pays africains ont aussi droit à la portion congrue aujourd’hui (4,4% des voix pour 43 pays d’Afrique noire), mais la réforme proposée ne devrait les concerner que dans un second temps, à savoir bien plus tard… On le voit, le FMI n’est pas là pour écouter la voix des populations du Sud, il est là pour gérer la domination des Etats-Unis et de leurs alliés sur le plan financier, notamment les pays du G7.
Pour le CADTM, ce spectacle est affligeant. Nous demandons l’abolition de l’instance illégitime qu’est le G7, qui est incapable de promouvoir un modèle économique socialement juste et écologiquement soutenable, tant au Nord qu’au Sud. Nous demandons aussi l’abolition du FMI et son remplacement par une institution démocratique et soucieuse des plus démunis. A cet effet, nous exigeons l’annulation totale et inconditionnelle de la dette extérieure publique de tous les pays en développement et l’abandon des politiques néolibérales et antisociales.
******
Le Comité pour l’annulation de la dette « scandalisé » par le G7 et le FMI
PARIS, 23 avr 2006 (AFP) – Le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) s’est dit « scandalisé » dimanche par le « spectacle offert » lors du sommet des ministres des Finances du G7, vendredi, et de la réunion de printemps du Fonds monétaire international (FMI), ce week-end à Washington.
Les pays du G7 « exercent des pressions considérables sur les pays producteurs » de pétrole pour qu’ils augmentent la production, alors que c’est un « non-sens écologique » et que ces pays, qui ont « bradé » cette ressource « pendant des décennies », « sont tout à fait en droit aujourd’hui d’en tirer une juste rémunération », juge le CADTM dans un communiqué.
Les ministres des Finances des pays du G7 ont appelé vendredi à des investissements dans la production et l’exploration, les infrastrucutres et les capacités de raffinage pour augmenter la quantité mondiale de pétrole disponible et calmer les cours du baril.
Selon le CADTM, le G7 cherche « avant tout à réaffirmer sa toute puissance », alors que « la majeure partie du prix du pétrole à la pompe est le fait des taxes imposées par les pays du Nord et des marges » réalisées par les compagnies pétrolières.
Par ailleurs, alors que les ministres des finances du G7 ont demandé à la Chine de réévaluer sa monnaie et appelé le FMI à tenir un plus grand rôle dans la surveillance des marchés des changes, le CADTM estime « qu’une fois de plus, le FMI sert d’intrument financier au service des grandes puissances ».
Le Comité réclame « l’abolition » du G7 et du FMI, et demande à nouveau « l’annulation totale et inconditionnelle » de la dette extérieure publique de tous les pays en développement.
En cas de reproduction de cet article, mentionnez s’il-vous-plaît la source.
URL: http://www.cadtm.org