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Le GARR et le SANT PON AYITI insistent sur l’arrêt du trafic de personnes à la frontière après le drame du 10 janvier 2006

Lors d’une conférence organisée ce jeudi 2 février 2006, à Port-au-Prince, le SANT PON AYITI et le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) ont exprimé leurs préoccupations sur le Trafic et la Traite de personnes suite à la mort de 25 haïtiens dans un trafic clandestin dans la nuit du 10 janvier dernier.

Cette conférence a été organisée à l’issue d’une visite des lieux entreprise par ces 2 organisations à la recherche de plus d’informations sur cet incident. Un documentaire d’environ 5 minutes, présenté aux journalistes, montre tantôt les images des victimes entassées dans un camion, tantôt leur transport vers Haïti dans des cercueils mis dans un camion sans identification.

Les organisations ont exprimé leurs préoccupations face à cet incident arrivé 200 ans après la mort de Dessalines, le père de la patrie, qui a lutté de toutes ses forces pour le respect de la dignité du peuple haïtien. « A l’occasion de cette année décrétée « année Dessalines » par le gouvernement, n’est ce pas une occasion pour le peuple haïtien de se décider à vivre comme peuple digne ? Jusqu’à quand le peuple acceptera-t-il de freiner le trafic et la traite de personnes qui ne cessent de produire sur la terre léguer par Dessalines», se sont-elles interrogées.

Selon ces organisations, les 25 compatriotes sont morts asphyxiés en raison du laxisme affiché à la frontière par les deux Etats de l’île Kiskeya.

Ils demandent aux gouvernements haïtiens et dominicains de :

– Démanteler les réseaux qui ne cessent de trafiquer des personnes et des armes à la frontière ;
– Mettre en place des structures pour un meilleur contrôle de la frontière spécialement dans les zones où les autorités haïtiennes sont absentes ;
– Dédommager, après enquête, les familles des 25 victimes de la tragédie du 10 janvier 2006;
– Mettre sur pied une commission d’enquête internationale indépendante pour approfondir l’enquête sur la tragédie du 10 janvier 2006 car 24 cadavres ont été enterrés à Dajabon, 1 autre à Santiago et on a retrouvé que 6 survivants. Il faut que lumière soit faite sur le cas des autres personnes, car pour certains le camion contenait environ 60 personnes et pour d’autres 100. Où sont passées les autres personnes ?
– Juger les complices haïtiens et dominicains ayant des responsabilités dans la mort de ces 25 citoyens haïtiens ;
Dresser un monument en mémoire de ces migrants morts asphyxiés et enterrés dans une force commune sans avoir été identifiés par leurs familles ;
– Faire cesser le processus de recrutement clandestin et baisser le prix des visas pour faciliter les voyages dans les conditions régulières ;
– Signer un accord qui définit clairement les droits et les devoirs des travailleurs haïtiens en République Dominicaine car l’économie dominicaine prospère en partie grâce à l’apport de la main-d’œuvre haïtienne. Ce comportement hypocrite doit cesser et du coté de l’Etat haïtien et du coté de l’Etat dominicain ;
– Nommer, dans les ambassades et les consulats haïtiens en République Dominicaine, des personnes capables de représenter véritablement le peuple haïtien avec dignité et respect. Il faut éviter d’avoir des représentants qui n’ont qu’un statut d’employés et qui ne défendent pas les intérêts de la communauté haïtienne.

Les organisations demandent également à la presse haïtienne d’être plus présente et plus active en République Dominicaine où les tragédies se succèdent et où l’Etat Haïtien est très faible. Une situation qui laisse les migrants comme des laisser pour contre en territoire voisin.

Elles exhortent le futur président d’Haïti, les futurs magistrats, députés et sénateurs à travailler sur le problème de la double nationalité en pensant à toutes les couches de la nation, spécialement aux migrants haïtiens en République Dominicaine qui ne cessent de subir toutes formes d’humiliations.

Elles espèrent que les Eglises haïtiennes et dominicaines utiliseront toutes leurs forces, leur influence et leurs compétences pour défendre le droit à la vie sur l’île Kiskeya.