Plus de 5,000 altermondialistes ont marché à Hong Kong pour manifester leurs craintes de voir la sixième conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) tourner au désavantage des plus pauvres de la planète.
Les manifestants, venus principalement de Corée du Sud, ont marché sur l’air de l’Internationale communiste avant de parvenir au palais des congrès où se tient la conférence ministérielle.
Une dizaine d’arrestations ont été effectuées lorsque des manifestants essayaient de forcer le passage. D’autres personnes ont été arrêtées lorsqu’elles tentaient de joindre à la nage le site de la conférence en plongeant dans les eaux de la baie de Victoria.
Ouvert, ce 13 décembre 2005 à Hong-Kong, ce sixième sommet est l’occasion pour l’occasion pour les 6,000 délégués des 149 pays membres de l’OMC de statuer sur la question de l’agriculture.
Les participants à ces assises doivent tenter d’arriver à un accord sur les règles pour libéraliser le commerce agricole dans les pays du Sud. L’agriculture est fortement subventionnée dans les pays européens.
Selon l’économiste haïtien Camille Chalmers, 348 milliards de dollars américains sont disponibles pour financer les agriculteurs des pays du Nord.
Les principaux obstacles à la libéralisation du commerce mondial sont les tarifs douaniers et les subventions agricoles des pays riches.
L’Europe a refusé de réduire ses droits de douane sur les produits agricoles d’importation, évacuant tout espoir d’atteindre un accord global. Les administrations politiques à Washington et à Tokyo s’étaient montrées ouvertes à abaisser ces barrières.
L’Union européenne (UE) a rétorqué que les États-Unis résistaient toujours, pour leur part, à ouvrir leurs secteurs sensibles comme le textile, le sucre et le coton, et le Japon celui du riz.
Outre l’agriculture, les délégués au sommet doivent amender un accord fondamental de l’OMC sur la propriété intellectuelle. Le 6 décembre 2005, cet accord avait subi des modifications lors d’une séance de travail des membres de l’OMC. Ces modifications donnent un caractère permanent à une décision sur les brevets et la santé publique, initialement adoptée en 2003.
Les pays les plus pauvres, dont Haïti, auront plus de temps, soit jusqu’au premier juillet 2013, pour appliquer les règles de propriété intellectuelle. Une décision, en ce sens, a été adoptée par les gouvernements membres le 29 novembre 2005. En Haïti, les secteurs sociaux ne savent de quoi va discuter le ministre du commerce Fritz Kénol qui participe à ce sommet.
Interrogé par AlterPresse, le professeur Camille Chalmers estime que les négociations de Hong-Kong seront un échec cuisant en raison d’un bras de fer qui existe entre l’UE et les Etats-Unis d’Amérique concernant certains points essentiels qui figurent dans l’agenda de l’OMC.
L’UE, les Etats-Unis d’Amérique et le Canada font partie d’un bloc connu sous le nom de « Quad ». Ce groupe domine l’Organisation Mondiale du Commerce, c’est lui qui fixe le contenu et le calendrier des négociations.
Selon l’économiste Chalmers, l’OMC est loin d’être une instance démocratique. Ses sessions se déroulent à huis clos. Son organe suprême, c’est l’Assemblée ministérielle qui n’a obligation de se réunir que tous les deux ans.
Des secteurs sociaux avancent que l’Organisation Mondiale du Commerce devrait être destituée à la faveur de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED).
« Depuis un certain temps, la CNUCED a été réduite à sa plus simple expression », soutient Camille Chalmers.
Entre temps, les pays africains producteurs de coton, qui avaient contribué en 2003 au déraillement de la Conférence de Cancun, ont de nouveau menacé de torpiller tout consensus à la Conférence de Hong-Kong si les pays riches ne réduisent pas les subventions versées à leurs producteurs.