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La violence contre les femmes, une plaie ouverte

Des nouveaux cas de violence conjugale touchant les femmes sont enregistrés quotidiennement en Haïti, selon l’organisation Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA).

« A Abricot (Grand’Anse), une femme s’est vue attacher aux cornes d’un bœuf qui l’a traînée à travers les rues de la ville. Cet acte a été posé par son mari, suite à un malentendu », dénonce Évelyne Larrieux, Coordonnatrice de la SOFA.

Selon la militante féministe, qui intervenait lors d’un séminaire organisé à Port-au-Prince sur la participation paysanne à la construction démocratique, cela traduit l’une des expressions de pouvoir de vie et de mort exercé par le mari sur sa femme.

Ce séminaire de deux jours (23 et 24 novembre 2005), auquel a assisté AlterPresse, est une initiative de la Plate-Forme Haïtienne pour un Développement Alternatif (PAPDA).

A cet espace, Évelyne Larrieux a évoqué un autre cas de violence conjugale enregistré à Jacmel où un homme bat sa femme au point d’endommager son utérus et de lui enlever toute chance d’enfanter. « Partout dans le pays les femmes font constamment l’objet de ces actes violents », réprouve-t-elle.

Les effets de la violence conjugale sur la santé mentale et le bien-être d’une femme peuvent être tout aussi graves que des blessures physiques. Selon la responsable de la SOFA, les femmes haïtiennes sont aussi victimes de violences psychologiques.

Larrieux affirme qu’« une femme qui perd une dent après avoir été giflée par son mari, ça se remarque ». Mais, soutient-elle, « il n’y a pas de remède possible à la violence psychologique, les femmes qui en sont l’objet peuvent devenir folles ».

« L’émancipation des femmes paysannes est un élément important dans la construction de la citoyenneté en Haïti », indique par ailleurs la militante féministe.
Les nouveaux cas de violence conjugale révélés par Évelyne Larrieux surviennent au moment où l’on célèbre à travers le monde la Journée Internationale contre la violence faite aux femmes.

Ce 25 novembre 2005, des organisations féministes, dont la Coordination de Plaidoyer pour les Droits des Femmes (CONAP), tiennent un sit-in devant les locaux du Ministère de la Justice pour sensibiliser les autorités concernées sur la gravité de la situation des femmes haïtiennes.

Tout au long du mois de novembre des consultations ont été entreprises auprès des autorités étatiques, dont les responsables du Ministère à la Condition Féminine, de l’Inspection générale de la Police Nationale d’Haïti (PNH).
Par ces démarches, les dirigeantes féministes entendent faire valoir leurs doléances auprès des décideurs du pays.

La lutte pour l’émancipation des femmes haïtiennes a débuté en 1935 dès la création de la Ligue Féminine d’Action Sociale. Cette lutte s’est intensifiée à partir de 1986 suite à la chute de la dictature des Duvalier.

Posté le vendredi 25 novembre 2005 par Djems Olivier

AlterPresse