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Des secteurs sociaux appréhendent l’éventualité de pillage des ressources minières d’Haïti

Le Collectif Justice minière (Kolektif jistis Min/ Kjm en Créole) appuyé par la Clinique justice mondiale (Cjm) appréhende l’éventualité de pillage des ressources minières d’Haïti et dénonce l’exclusion des communautés dans le processus d’exploration mené par les compagnies étrangères, lors d’une conférence de presse le 11 juillet.

Ils dénoncent aussi le fait que le gouvernement haïtien a soumis depuis mars 2014 une proposition de loi minière aux compagnies privées en tenant à l’écart les populations qui seront les plus affectées par les éventuelles exploitations minières. Cette nouvelle loi doit remplacer celle de 1976.


Le Kjm réunit la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda, en Créole), la plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains(Pohdh), Tèt kole Ti peyizan Ayisyen (Union des petits paysans haïtiens) et le Mouvement démocratique populaire (Modep).

Issue de la faculté de droit de l’université de New York, la Cjm fait partie du Centre des droits humains et de justice mondiale.

Ces deux organismes ciblent particulièrement la Banque mondiale (Bm) comme juge et partie très « intéressée » dans la question minière haïtienne.

Alors que la Bm par le biais d’une de ses structures – la Société financière internationale (Sfi) – prête de l’argent à l’une des 9 compagnies américaines et canadiennes qui font des explorations minières, elle est actrice dans la mise en place d’une loi sur la régulation du secteur minier en Haïti, affirme le Cjm.

Camille Charlmers de la Papda estime que la perspective d’exploitation minière dans le pays suit « une logique de pillage liée au slogan Haïti ouverte aux affaires prôné par le pouvoir en place ».

Aussi, lance-t-il un pressant appel à la « cessation du bradage des ressources et richesses du pays ».

En février 2013, le Sénat de la république a pris une résolution exigeant à l’actuelle administration politique de cesser toutes les opérations entamées dans le sous-sol national.

Chalmers estime que les autorités étatiques n’ont pas pris les dispositions correctes pour évaluer la question des mines en Haïti, à la suite du positionnement du Sénat.

« Nous nous insurgeons contre l’irresponsabilité de l’Etat et l’opacité qui entoure la gestion de cette question », poursuit Chalmers.

Faisant écho au directeur exécutif de la Papda, Margaret Satterthwaite, directrice de Cjm, exhorte les acteurs du secteur minier – en particulier l’Etat- à « tenir compte de la participation des communautés affectées ou qui seront affectées par les forages miniers dans les discussions. Ceci sans chantage des compagnies ».

Certaines compagnies s’amuseraient à monnayer l’acceptation par les paysans que des opérations soient menées sur leurs terrains.

« Dans le Nord-Ouest, nous avons connaissance d’un accord signé entre des paysans et une compagnie minière pour permettre à celle-ci d’opérer sur les terres des paysans. Des interviews avec les paysans nous montrent qu’ils n’ont pas compris ce qu’ils ont signé. D’ailleurs ils l’ont fait avec leurs empreintes digitales », explique Satterhwaite.

Source: AlterPresse