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Atelier Haïti au FSM de Tunis

Camille Chalmers pour la PAPDA (Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif) et Fabien Cohen pour FAL (France Amérique latine)

Camille a commencé par rendre un hommage appuyé au député uruguayen Chifflet qui a démissionné de sa charge pour protester contre la présence de la Minustah à Haïti, soutenue par son pays. Il a expliqué en introduction que l’île était dépossédée des moyens de la démocratie par la Minustah, les ONG et le libre-échange.


Il a ensuite donné quelques repaires historiques sur la révolution haïtienne de 1804 en expliquant que c’était non seulement celle des esclaves recouvrant leur liberté, les armes à la main, mais qu’il ne fallait pas oublier que cela avait été aussi une révolution sociale. Il a ensuite parlé de la dette exigée par le roi de France Charles X à partir de 1825. Elle a non seulement totalement asséchée toutes les recettes du pays pendant plus d’un siècle mais il ne faut pas oublier qu’en plus, la France avait imposé des règles de commerce entre les deux pays qui lui étaient très favorables. Ainsi, le café produit par les Haïtiens était vendu aux acheteurs français 1/3 du prix de l’époque.

Il a ensuite parlé de l’interdiction qui avait été faite entre 1914 et 1947 par les USA de parler créole, de pratiquer le vaudou et aux paysans de cultiver les terres riches pour se nourrir, car elles étaient réservées aux produits d’exportation. Pendant toute cette période les EU d’Amérique décidait de tout. Haïti a un chômage de près de 70% et est devenu un fournisseur de main d’œuvre à bas coûts pour l’étranger. C’est le début des maquiladores. Par ailleurs, les mines à ciel ouvert d’or, d’argent et d’iridium occupent un espace de 1600 km2 sur une superficie totale de 27000 km2.

Il est ensuite revenu sur l’actualité et le rôle de la Minustah. Composée de 35 pays, cette force armée permet de faire d’Haïti un laboratoire de la présence capitaliste et elle s’inscrit dans un processus de remilitarisation de la Caraïbe. Cette île a une position géostratégique très importante pour les États-Unis, car elle est située entre Cuba et le Venezuela. Nous ne devons pas oublier qu’après le grand tremblement de terre de 2010, les États-Unis ont envoyé 164 bateaux militaires et un seul bateau hôpital. La Minustah permet de contrôler l’implantation des mines, des sociétés de téléphone, du tourisme. L’espace électoral est contrôlé de l’extérieur. Lors des dernières élections, la répartition des votes n’a jamais été promulguée et, selon Camille, le taux de participation n’a pas dépassé 13%. Ceci expliquant cela.

La Minustah est une force 10 à 12000 hommes qui coûte 180 millions de dollars par an. De nombreux viols ont été commis par ses militaires et le choléra qui n’existait pas à Haïti a été importé par les soldats népalais, preuve en a été faite par l’analyse de la souche. Or, cela représente plus de 8000 morts et 640000personnes affectées, et ce n’est pas fini.

Sur un autre plan, Camille explique que le gouvernement haïtien n’a reçu que 1% des donations totales qui ont été faites après le tremblement de terre, mais que par contre les entreprises privées ont reçu de très importants contrats.
L’espoir vient des mouvements sociaux très actifs et des agriculteurs qui s’opposent aux OGM « donnés » par Monsanto et la fondation Gates. Il existe une dynamique de convergence face aux forces de remilitarisation. Par contre, la présence des 10000 ONG sur place est une façon d’exclure les Haïtiens. Haïti ne doit pas devenir la république des ONG. Deux événements importants à venir, le 14 juillet 2014 sera la fête de Haïti, le bicentenaire de la révolution et de l’indépendance, et le tribunal de la dette qui est en cours de constitution.

Un jeune intervenant italien, ayant travaillé pour une ONG à Haïti a expliqué longuement qu’il n’imaginait pas possible de voir la Minustah quitter l’île car ce serait le chaos immédiatement. Fabien Cohen lui a répondu longuement que justement il disait ce que les médias main stream véhiculaient mais que cela était totalement faux. Par exemple, il a dit que cette île était celle où il y avait le moins de crimes par habitant, beaucoup moins que dans la république dominicaine voisine.