Plus d’un millier de paysans ont manifesté ce 17 avril à Colladère (localité de la 4e section communale de Hinche – Est/Nord-est) en faveur de l’accès à la terre et la réforme agraire, a constaté AlterPresse.
Cette manifestation, qui s’est déroulée sur la ferme de Colladère (13 km de Hinche), a été convoquée par le Mouvement des Paysans de Papaye (MPP), en lien avec la plateforme mondiale paysanne Via Campesina, à l’occasion de la journée mondiale de lutte paysanne.
Les manifestants, pour la plupart de jeunes militantes et militants du MPP, somment le gouvernement de garantir aux paysans le droit à la terre.
« Nous voulons avoir accès à la terre et nous réclamons une réforme agraire intégrale », scandent ils, appelant, au passage, à renforcer la mobilisation contre l’utilisation des semences OGM (organisme génétiquement modifié) en Haiti.
Les activités ont débuté vers 9 :00 (heure locale) par des chants engagés et des exposés des organisateurs, dont le leader du MPP, Chavannes jean Baptiste.
Le responsable paysan dénonce énergiquement les multinationales qui veulent à tout prix, dit-il, s’accaparer des terres pour la production d’agro-carburants.
Chavannes Jean Baptiste prône le modèle d’agriculture biologique qui est capable, selon lui, non seulement de refroidir la planète mais aussi de nourrir les 7 milliards d’humains qui y vivent.
« La lutte pour la réforme agraire intégrale est légitime et le droit à la terre est un droit sacré », martèle Jean-Baptiste. Il soutient que « personne ne peut empêcher aux paysans de se défendre contre ceux qui veulent détruire leur agriculture ».
Un « premier village écologique »
D’autre part, les responsables du MPP ont présenté aux participants le « premier village écologique du pays » et procédé à la pose de la première pierre d’un second village écologique au profit de sinistrés du séisme du 12 janvier 2010.
10 familles occupent le premier village d’une superficie de 5 hectares, construit par le MPP avec l’appui financier de La Société américaine « Unitarian universalist society of Iowa City ». Chaque famille de 5 personnes dispose d’une maison en briquettes de terre et en blocs avec des toitures en tôle. L’espace comprend des chambres à coucher, un salon, une salle à manger et une salle de bain.
Les occupants de ces maisons sont les rescapés du séisme accueillis au Plateau Central et qui veulent apporter leur contribution au développement de la région. Si certains d’entre eux se dirigent vers l’enseignement, le commerce ou la mécanique, d’autres choisissent l’agriculture. Ces gens qui sont pour la plupart originaires de Port-au-Prince, de Petit-Goave et Grand-Goave (ouest) affirment ne plus penser à un éventuel retour au bercail.
Trois autres villages doivent être construits, annonce Chavannes Jean-Baptiste, qui critique les autorités haïtiennes pour avoir fait bâtir de « petites cages » pour les sinistrés et non des maisons. Il préconise la mise en place d’une politique de logement répondant aux principes du droit humanitaire.