Le 11 avril 2002, le Venezuela, son peuple et son Président, furent victimes d’un coup d’État, orchestré et planifié depuis plusieurs mois par les oligarchies nationales, les États-Unis, la cupule hiérarchique de l’Église catholique et de nombreux intermédiaires, fragiles à l’appât de millions de dollars qu’on leur a fait miroiter.
La formule qui avait donné de bons résultats au Chili d’Allende, en 1973, fut appliquée en achetant des dirigeants syndicaux et des militaires hauts gradés. Le tout, dans le but de créer le chaos que les médias privés de communication ne manqueraient pas d’amplifier et de véhiculer à l’échelle nationale et internationale.
Le problème de ces oligarchies est à l’effet que le gouvernement d’Hugo Chavez, l’élu du peuple, ne semble pas comprendre les lois de la démocratie oligarchique. Il agit comme si le peuple était souverain et maitre de ses richesses et de son destin. Pour eux, les véritables maitres doivent demeurer les puissances oligarchiques, dominantes tant à Washington qu’au Venezuela. Donc pas question de laisser ce Chavez poursuivre ses objectifs de bien commun au service de tout un peuple et au diable la démocratie au service du peuple.
Voici ce qu’en dit Wikipédia :
« Le coup avait été planifié durant six à neuf mois, et a été exécuté après l’entrée en vigueur d’une série de lois controversées en novembre 2001 et que le gouvernement ait tenté de renforcer son contrôle sur la compagnie pétrolière de l’État vénézuélien, PDVSA. Une grève générale a eu lieu en décembre 2001, et, pendant les premiers mois de 2002, plusieurs hauts officiers ont publiquement appelé Chávez à démissionner. Au début du mois d’avril, le bras de fer entre le gouvernement et l’opposition a débouché sur une grève à PDVSA, qui s’est transformée en grève générale du 9 avril 2002, soutenue par le syndicat (Confédération des travailleurs du Venezuela, CTV) et par la principale fédération patronale Fedecámaras. La grève a été prolongée pendant plusieurs jours, et le 11 avril, une manifestation de l’opposition a été déviée vers le palais présidentiel, où avait lieu un rassemblement pro-Chávez. Lorsqu’elle a atteint le centre-ville, des affrontements violents ont eu lieu, laissant un bilan de plusieurs morts et des dizaines de blessés par balle.
Les média privés vénézuéliens ont joué un rôle important en fournissant une couverture médiatique en continu de la grève générale et en soutenant et en diffusant l’appel à rediriger la manifestation vers le palais présidentiel. Le siège de Venevisión, propriété de Gustavo Cisneros, a notamment été l’endroit choisi par les principaux leaders de l’opposition pour se réunir après la manifestation du 11 avril, et de là, appeler les militaires à intervenir. Les média privés ont par ailleurs refusé d’interviewer des membres du gouvernement après la manifestation, et n’ont pas couvert les manifestations pro-Chávez qui ont suivi sa détention par les militaires. Des tentatives des partisans de Chávez pour déclarer qu’il n’avait pas démissionné ont été ignorées. La tentative d’une division de l’armée de rendre public son rejet du coup a été ignorée et diffusée uniquement par CNN. Lorsque les partisans de Chávez ont repris le palais présidentiel, les principaux média privés vénézuéliens ont interrompu la couverture des évènements et deux des trois principaux journaux du pays ont annulé leurs éditions du dimanche. »
Avec le recul, les enquêtes ont permis, entre autres, d’identifier ce tireur solitaire comme faisant parti du complot, et dont le mandat était de tirer sur les partisans de Chavez tout en relayant la nouvelle à l’effet que les partisans de Chavez tiraient sur la foule, tuant ainsi des dizaines de personnes. Si au Chili, l’armée a joué le rôle principal, au Venezuela, cet honneur revient aux médias privés qui ont manipulé l’information sans égard à la vérité des faits et sans scrupule dans l’usage de montages et de mensonges, tous destinés à convaincre le peuple vénézuélien que Chavez avait atteint la limite du tolérable et qu’il était temps qu’il disparaisse. Certains commentateurs actuels parlent même du premier coup d’État réalisé principalement par les médias privés. Sans ces derniers, ce coup d’État ne se serait jamais produit.
C’est dire toute la force que représente ce pouvoir de contrôler l’information et d’en faire un outil de désinformation selon les besoins des objectifs poursuivis. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus conscients de ces manipulations, mais, à l’époque, le Venezuela ne comptait pas sur une véritable présence de médias alternatifs et le privé y occupait toute la place . À tout ceci il faut ajouter cet appui actif des hiérarchies catholiques aux putschistes, au point d’être sur place pour célébrer le couronnement du représentant du patronat, Pedro Carmona, en tant que nouveau Président du Venezuela. Comme disait, en son temps, Pinochet : la démocratie autoritaire a sa raison d’être ». En somme une démocratie imposée qui remet les pouvoirs de l’État et ses richesses aux puissances oligarchiques.
Malheureusement, pour ces derniers, la fête n’a pas duré bien longtemps. Le peuple est descendu des collines et appuyé par une partie de l’armée, demeurée fidèle à la constitution et au Président, il a mis à la porte ces personnages, véritables bouffons et prédateurs du pouvoir du peuple, et il a exigé le retour de leur Président, détenu quelque part sur une Ile. Pour la première fois dans l’histoire contemporaine, un peuple conscient et déterminé, a fait reculer les traîtres et a repris la place qui lui revenait dans une véritable démocratie.
Deux vidéos nous font vivre, la première, la prise du pouvoir par les putschistes et la seconde, le retour du peuple et de son Président. Au total 25 minutes qui permet de saisir tout à la fois l’hypocrisie et la perfidie des premiers et la seconde, nous fait vibrer à la grandeur et à la détermination d’un peuple. Ne manquez pas le détour, surtout vous qui croyez qu’un peuple peut se lever et agir.
Les masques tombés, plusieurs ont choisi de s’expatrier, alors que d’autres poursuivent leur mascarade en toute impunité. C’est le cas, entre autre, de l’actuel candidat de l’opposition pour les présidentielles d’octobre prochain. Il s’était fait remarquer par ses actions terroristes contre l’ambassade de Cuba et sa participation active au putsch médiatique-militaire.
« Ainsi, lors du coup d’Etat d’avril 2002 contre le Président Chavez, Henrique Capriles, alors maire de Baruta arrondissement huppé de Caracas, participe activement à la répression contre le camp chaviste : il envoie la police municipale arrêter le ministre de l’intérieur de l’époque, Ramon Rodriguez Chacin, qui échappera de peu au lynchage par une foule d’opposants [2].
Capriles ne s’arrête pas là. En compagnie d’exilés cubains d’extrême-droite, Salvador Romani et Robert Alonso [3], et du Vénézuélien Henry Lopez Sisco (ancien bras droit du terroriste Posada Carriles), il participe au siège de l’ambassade de Cuba à Caracas. Au mépris des règles élémentaires du droit international, il menace les diplomates et leur fait couper l’électricité et l’eau. Lors de l’enquête sur le coup d’Etat du 11 avril 2002, le procureur Danilo Anderson décide de poursuivre Capriles qui passera plusieurs semaines en détention préventive. Après l’assassinat du procureur, il bénéficie d’un acquittement en décembre 2006. »
Que conclure ? Il faut nous inspirer de ce peuple qui a eu le courage de dire non aux tyrans et aux oligarchies et de dire oui à la démocratie et à ses dirigeants qui répondent à l’appel du Bien commun de tout le peuple. Chaque peuple a son histoire et il ne faut pas démissionner devant les défis qui nous attendent comme peuple. Plus nous deviendrons conscients, plus nous deviendrons plus forts devant les manipulateurs et les prédateurs. Les moyens de communications sont d’une importance primordiale. Il faut y voir.
Un dixième anniversaire que je ne pouvais passer sous silence.
Oscar Fortin
Québec, le 11 avril 2012