Le directeur exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Padda), Camille Charlmers, prône le non-renouvellement du mandat de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (Cirh) dans une interview accordée à AlterPresse.
« Aujourd’hui, il serait complètement inacceptable de procéder au prolongement du mandat de la Cirh », selon Charlmers qui propose la mise sur pied d’une autorité haïtienne de la reconstruction.
Il appelle aussi au renforcement des institutions qui existent de façon à ce que les leviers de la reconstruction soient effectivement contrôlés par les acteurs haïtiens.
Le mandat de la Cirh, dont la mission consiste à conduire la reconstruction du pays dévasté par un violent séisme en 2010, a pris fin ce 21 octobre 2011.
Le tremblement de terre a causé des dégâts immenses, emportant 120% du Produit intérieur brut, produisant des dizaines de millions de mètres cubes de gravats et jetant 1 million de personnes sans abris. Un peu moins de deux ans après, très peu d’avancées peuvent être observées en terme de reconstruction. Toutefois, le nouveau gouvernement dirigé par Michel Martelly, entend demander la reconduction de la Cirh.
« C’est extrêmement grave. Cela constitue une gifle et un affront à la dignité du peuple haïtien », réagit Camille Chalmers.
Toute prolongation du mandat de la Cirh équivaudrait à faire comprendre à tout le monde que nous sommes incapables, incompétents et corrompus et que nous ne pouvons diriger nos affaires, fait-il remarquer.
Pour Charlmers, la Cirh est un aveu d’impuissance, d’incompétence et une démission de l’Exécutif.
Il appelle le Parlement haïtien à refuser toute prolongation et tout renouvellement du mandat de la Cirh.
Les raisons d’être de la Cirh, qui reposent sur des arguments d’ordre institutionnel illégaux, n’ont pas contribué à des résultats significatifs, déplore-t-il.
Tout le monde reconnait la lenteur extrême des opérations de la reconstruction qui n’ont même pas commencé dans la plupart des cas, critique-t-il, en prenant l’exemple de la même structure physique établie à Port-au-Prince.
En 2010, les acteurs concernés évoquaient le prétexte de l’urgence et de la crise humanitaire pour la mise en place de la Cirh. Après 20 mois, on ne peut plus évoquer ces prétextes-là, ajoute le responsable de la Papda, rappelant que cette agence de reconstruction n’a pas une mission permanente.
Le directeur exécutif de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) qualifie le mandat alloué à la Cirh comme « une violation de la lettre et de l’esprit de la constitution d’Haïti ».
La Cirh a été créée par « une loi scélérate et anti constitutionnelle », ajoute-t-il.
La mission a été créée suite a l’adoption d’une loi d’urgence très controversée proposée par le gouvernement précédent. [emb kft apr 31/10/11 9 :03].