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Les populations rurales vivant dans des régions enclavées meurent en silence.

Port-au-Prince, le 29.06.2011

La Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), la Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA), MITPA et PRODSAK tiennent à alerter l’opinion publique nationale et internationale sur la dramatique situation vécue par les populations rurales isolées affectées par la multiplication alarmante des décès causés par l’épidémie de choléra.


Nous tenons à relayer en particulier les cris de désespoir qui nous viennent des populations de la chaine des cahos avec lesquelles nous travaillons depuis de nombreuses années.

Les 4 sections communales (La croix, Chenot 5ème et 6ème sections communales de Marchand Dessalines, Pérodin, Médor 5ème et 6ème sections communales de la Petite Rivière de l’Artibonite) de la chaine des Cahos sont des régions enclavées qui n’ont pas été touchées par les réponses institutionnelles fournies pour stopper l’épidémie.

Ces régions n’apparaissent pas sur les listes officielles des ONGs et du MSPP. Ces 4 sections communales ne disposent que d’un seul centre de santé à Chenot et d’un CTC rudimentaire récemment installé à Pérodin mais qui ne dispose pas des équipements et du personnel adéquat. Ce CTC ne compte que 10 lits artisanaux et est entièrement géré par de jeunes volontaires non expérimentés. Les victimes doivent être portés sur des brancards de fortune pendant 8 à 10 heures de marche avant de trouver des secours appropriés à Marchand Dessalines ou à la Petite Rivière de l’Artibonite.

Les 80.000 habitants de la chaine des cahos vivent dans la peur et l’angoisse. Ils sont comme des condamnés à mort qui attendent le moment de leur exécution.

Nous devons tous prendre conscience de cette intolérable situation et nous ne devons pas accepter que cette population meure en silence dans l’indifférence générale des Institutions compétentes. Nous devons aussi souligner que la situation des Cahos est loin d’être unique. Beaucoup de zones rurales enclavées sont en train de vivre une situation similaire.

La PAPDA et la SOFA continuent de fournir une modeste contribution à la lutte contre le choléra. En novembre 2010 nous avons organisé des séances de formation pour des centaines de personnes dans diverses localités de la chaine des Cahos. Ces séances de formation ont été accompagnées de distribution massive de chlore, de pastilles d’aquatab et de médicaments appropriés. Depuis le 15 juin grâce à l’appui de OSPAAAL de l’Espagne nous avons mis en service une clinique mobile qui sera utilisée dans les bidonvilles de Port-au-Prince et dans certaines régions rurales du pays pour étendre le travail de formation et de lutte contre le choléra.

  1. La PAPDA, la SOFA, MITPA et PRODSAK réclament des mesures d’urgence de façon à mettre en place les équipements et les personnels adéquats en vue de la prise en charge célère des victimes du choléra vivant dans des régions difficiles d’accès. Une enquête rapide devrait permettre d’identifier ces régions et d’agir sans délai en vue de limiter le nombre de pertes en vies humaines. Dans le cas des Cahos des mesures devraient être adoptées dans les 48 heures pour éviter une catastrophe humanitaire de grande ampleur dans cette région déjà très sérieusement affectée.
  2. Des engins légers de purification d’eau devraient être installés dans tous les points d’eau utilisés couramment par les populations concernées pour leur approvisionnement.
  3. Le MSPP et les Institutions nationales compétentes devraient déclencher une vaste et vigoureuse mobilisation nationale afin de mettre au travail des brigades de 150.000 à 200.000 volontaires qui seraient déployés sur l’ensemble du territoire national muni du matériel de sensibilisation et de purification afin de concrétiser leurs interventions.
  4. La PAPDA, la SOFA, MITPA et PRODSAK dénoncent encore une fois la responsabilité criminelle de la MINUSTAH dans l’introduction de la maladie dans notre pays à cause de son attitude illégale, irresponsable et méprisante.
  5. La PAPDA, la SOFA, MITPA et PRODSAK dénoncent la relative passivité de la MINUSTAH qui, malgré sa responsabilité avérée dans l’apparition de cette épidémie, n’a pas su mobiliser des ressources financières conséquentes pour affronter la maladie. Le flash appeal lancé en novembre 2010 n’aurait recueilli que 25% des fonds sollicités à la fin de février 2011. Nous suggérons que 25 à 30% des 853 millions de dollars US dédiés au fonctionnement des troupes onusiennes sur notre territoire soient réaffectés immédiatement dans le combat contre le choléra.
  6. Nous exigeons justice et réparation pour toutes les familles directement victimes de l’épidémie et des dédommagements adéquats pour compenser les immenses pertes enregistrées par l’économie nationale à cause de l’épidémie de choléra
  7. Nous signalons aussi la responsabilité de l’État haïtien qui ne fait aucun cas de sa mission fondamentale de protéger sa population et des attributs de sa souveraineté en ne soumettant pas les militaires de la MINUSTAH à des tests de santé pour s’assurer qu’ils ne représentent pas un danger pour la population haïtienne et que la gestion des camps militaires respecte les standards environnementaux acceptés dans ce domaine.
  8. Nous rappelons aux responsables du Gouvernement leur obligation de travailler sans relâche pour installer les infrastructures adéquates permettant à la population d’avoir accès à une eau potable et d’être en mesure d’évacuer convenablement ses déchets. Il est temps de mettre fin à l’exclusion séculaire dans laquelle vit une grande partie de la population terrassée par la pauvreté et l’indifférence.