Aller au contenu

Discours prononcé à l’occasion du décernement d’une plaque d’Honneur et Mérite à la SOFA par MCFDF

Nan non Kòdinasyon PAPDA, nan non Direksyon egzekitif PAPDA ki mande m pou m transmèt onaj yo bay SOFA, ak nan non pa mwen, m ap retire chapo m byen ba devan bèl asanble sa a Ministè Kondyson Fanm yo reyini maten an, n ap pwofite raple ki jan se yon bon bagay MCFDF fè lè li deside dekore SOFA ak CHREPROF pou travay yo fè nan sosyete a. m ap mande nou eskize m pliske diskou mwen an adrese èspesyalman pou SOFA.


La SOFA est née en 1986 dans la mouvance des luttes démocratiques de l’après-dictature des Duvalier dont notre pays paie encore les conséquences. Les plaies ouvertes par ce régime sanguinaire demeurent à jamais vive. Et nous devons tout faire pour que les jeunes, nos fils et nos filles le sachent et s’en souviennent. Sinon, c’est la voie laissée libre à d’aussi amères expériences et à l’impunité. Les victimes attendent encore justice aujourd’hui…

Avant 1986, la plupart des militantes qui ont fondé la SOFA avaient déjà de longues années de travail et de militance contre la dictature au sein des groupes œuvrant dans le domaine de l’éducation populaire. Ce sont des militantes qui passaient de longues heures à marcher en milieu rural pour accomplir un travail de formation et d’encadrement des organisations paysannes.

C’est cette origine historique qui explique que les membres de la SOFA (plus de 8000) et les sympathisant/es les plus proches de l’organisation (plus de 50,000) se retrouvent en milieu rural et dans des zones très reculées, comme à Cap-Rouge dans les montagnes de Cayes-Jacmel dans le Sud Est et à Pérodin dans les montagnes des Cahots dans le Département de l’Artibonite.

La SOFA a introduit des concepts théoriques et méthodologiques et une vision nouvelle dans le combat pour le changement et la transformation sociale en liant la lutte féministe aux autres dimensions des luttes sociales et leur engagement total pour les transformations structurelles de la société haïtienne. Un féminisme de combat, militant et engagé.

L’immersion de la SOFA dans le quotidien des organisations paysannes leur permet de développer un féminisme réellement intégré aux problématiques de la société et à la lutte des classes. Il ne s’agit pas d’un féminisme désincarné qui ne serait qu’une pâle copie du féminisme occidental. La SOFA incarne donc cette revendication fondamentale d’une alternative démocratique et populaire dans notre pays.

La SOFA a participé à tous les combats démocratiques de 1986 à aujourd’hui tant sur le plan national qu’international. Présente le 3 avril 1986 lors de la grande mobilisation des organisations de femmes. Présente à la fin de l’année 1986 à la grande mobilisation pour protester contre la disparition de Charlot Jacquelin (moniteur d’alpha qui a représenté un vrai symbole). La SOFA a été l’un des animateurs du « Ban nou Charlot vivan jan nou te pran l ». La SOFA a participé au travail de plaidoyer pour que le Parlement ratifie la Convention de Belem do Para contre toutes les formes de violence et de discrimination contre les femmes et aussi pour l’adoption de la Loi sur la paternité responsable.

La SOFA était sur le front pour revendiquer la création du MCFDF réellement déconcentré capable de défendre les droits des femmes et de leur rendre accessible un certain nombre de services publics à travers tout le pays. C’est en vue de concrétiser ce concept de proximité que docteure Lise Marie Déjean, dirigeante de la SOFA, s’est retrouvée à la tête de cette nouvelle institution d’État. La loi organique qu’elle a laissée témoigne de cette volonté.

La SOFA a été l’une des organisations animatrices et a joué un rôle de leadership dans le processus ayant abouti à la Marche Mondiale des femmes en 2000. Il en est de même de sa participation aux processus de Beijing. Ces deux événements demeurent au niveau mondial un combat essentiel contre la féminisation de la pauvreté et les politiques inspirées de la globalisation néolibérale.

La SOFA développe plusieurs axes de travail notamment :

. Santé des femmes

. Lutte contre la féminisation de la pauvreté

. Lutte contre les violences faites aux femmes

. Lutte pour la participation des femmes dans les espaces de décision notamment politique.

. Lutte contre l’occupation du pays par la MINUSTAH qui a commis pas mal d’exactions dans le pays

. Lutte pour l’annulation de la dette externe

. Lutte pour la souveraineté alimentaire

La SOFA est membre fondateur de la PAPDA (medam SOFA yo renmen di : SOFA se manman PAPDA. Nou assume sa). Elle fait partie des organisations les plus actives et les plus impliquées dans le travail de notre institution. Elle apporte ainsi au travail de la PAPDA une contribution substantielle dans les luttes globales pour la transformation sociale, elle s’implique dans la formation au plaidoyer, la démocratie participative, la souveraineté alimentaire, la lutte contre la dette et les politiques néolibérales.

Si vous le permettiez, je terminerais mon propos en rappelant que le choix de la date du 3 avril pour honorer la SOFA est d’une grande valeur symbolique pour la lutte des femmes en Haïti. Dans le mouvement social, en effet, cette date est déjà consacrée à la commémoration de la lutte des femmes. Il reste maintenant à la nation de l’inscrire officiellement dans la mémoire collective.

Au nom de la Direction exécutive de la PAPDA, je formule donc le vœu et la recommandation que l’État reconnaisse officiellement cette date et déclare le « 3 AVRIL, JOURNÉE NATIOANLE DE LA LUTTE DES FEMMES ». Veuille Madame la Ministre prendre acte de cette nécessité et de l’urgence de l’inscription du 3 avril dans la mémoire collective.

Émile Brutus

Directeur de Programme à la PAPDA

Karibe Convention Centre

Le 3 avril 2011

Téléchargez le Document en PDF. ici:

Discours prononcé par Émile Brutus, Directeur de Programme à la PAPDA, à l’occasion du décernement d’une plaque d’Honneur et Mérite à la SOFA par le Ministère à la Condition féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF), le dimanche 3 avril 2011 au Karibe Convention Centre