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Les violences contre les immigrants haïtiens en République Dominicaine doivent cesser !

Le GARR est profondément préoccupé par les violences à répétition exercées contre les migrants-es haïtiens tout au cours du mois de janvier 2011 en République Dominicaine : incendies de domiciles, intimidations, arrestations arbitraires en pleine rue ou sur les lieux de travail, emprisonnement arbitraire, violations de résidences, descentes humiliantes de passagers haïtiens à bord d’autobus publics avec des affiches discriminatoires annonçant leur refus de transporter toute personne d’origine haïtienne, rapatriements collectifs à la frontière, séparation de famille, non-recours à la justice, interdiction de récupérer des biens, des salaires ou des effets personnels, insultes publiques et bousculades. Les autorités dominicaines sont donc en train de violer au quotidien les prescrits d’instruments juridiques internationaux et régionaux sur les droits humains longtemps ratifiés ainsi que l’Accord bilatéral paraphé en 1999 par les présidents Préval et Fernandez.


Signalons que, le 30 janvier 2011, la presse dominicaine a annoncé l’incendie de 20 chambres occupées par plus de 80 Haïtiens/Haïtiennes dans la communauté de Mao. Cet incident est survenu 9 jours après les menaces de déguerpissement lancées, par un groupe de Dominicains, suivies d’un délai jusqu’au 21 janvier 2011 (Espacinsular 01/02/11).

Le 25 janvier 2011, la presse dominicaine a souligné un autre incendie de 6 chambres occupées par des familles haïtiennes (Espacinsular 25/01/11). Le même jour, le quotidien Listin Diario rapporte le décès d’un enfant haïtien de 3 ans calciné dans la résidence de ses parents mise à feu par un groupe d’individus en guise de représailles contre son père accusé d’avoir agressé un agent de sécurité dominicain.

Le 21 Janvier 2011, des associations de quartiers dénommées « Juntas de vecinos » ont averti qu’elles vont se constituer en brigades pour opérer la chasse aux Haïtiens sans papier dans la zone Sud de Santiago à partir du 27 février prochain, jour de l’Indépendance Nationale dominicaine. « Nous avons déjà identifié les maisons où vivent des Haïtiens et nous allons les jeter dehors nous-mêmes si la migration ne fait pas son travail », a déclaré un représentant de la Fédération des Juntas de vecinos dans la ville de Santiago, la veille de la visite-éclair du président haïtien René Préval dans la capitale dominicaine. (El Nacional, 21/1/11)

Toujours le 21 janvier, des rafles d’Haïtiens effectuées par les Forces Armées dominicaines ont touché 608 personnes. Ces dernières ont été arrêtées dans des stations d’autobus proches des Parcs Enriquillo et Independencia au centre-ville de Santo Domingo. D’autre part, 373 arrestations de ressortissants haïtiens se sont produites également dans la région de La Altagracia, La Romana, San Pedro de Macorís y Boca Chica. (El Nacional)

Le 20 janvier, 256 ressortissants haïtiens sont détenus sur l’autoroute de Las Americas, dans la capitale dominicaine. Les détentions de ces personnes débutèrent à 4 heures du matin. Ces opérations, selon la Migration dominicaine, visent à « freiner l’immigration illégale haïtienne et éviter l’entrée de personnes affectées par le choléra ». (El Nacional)

Le 19 Janvier, des agents de la Migration de concert avec des membres de l’aviation militaire et l’Armée dominicaine se saisissent de 65 Haïtiens sans papiers à Puerto Plata aux fins de rapatriement. A cette occasion, les autorités annoncent la poursuite des opérations de chasse aux sans papier haïtiens dans le cadre de l’opération dénommée  » Zéro passage pour les sans papiers « . (El Nacional)

Le 19 janvier 2011, les responsables militaires de la Province d’Elias Piña indiquent avoir arrêté et déporté 1659 Haïtiens en 15 jours, soit une moyenne de 100 personnes toutes les 24 heures, seulement dans les localités de San Juan de la Maguana, Azua et Elias Piña. (El Nacional)

Le 17 janvier dans le Nord, des soldats dominicains ont arrêté en présence des autorités judiciaires, 91 sans papier haïtiens qui logeaient dans une résidence à Dajabόn, en attente d’un voyage clandestin vers d’autres villes, rapporte une source militaire. (El Nacional)

Des rafles d’Haïtiens se poursuivent le 14 Janvier dans l’aire de Santo Domingo (Los Mina, Villa Duarte, Los Mameyes, El Almirante, Los Frailes, Isabelita Ozama, Hainamosa) et se soldent par 348 arrestations suivies de déportations. (El Nacional)

Le 13 janvier, des membres du Service d’Intelligence des Forces Armées dominicaines procèdent à l’arrestation de 56 sans papier haïtiens à bord de 2 véhicules dans le quartier La Breña de Montecristi. Il s’agit de 41 hommes, 12 femmes et 3 enfants. (El Nacional)

Le 11 Janvier, veille de la cérémonie présidée par Leonel Fernandez au Palais National dominicain en souvenir des victimes du tremblement de terre en Haïti, la Direction de la Migration procède à l’arrestation de 50 Haïtiens dans les rues de Sosua, Puerto Plata aux fins de reconduite à la frontière. Ce groupe porte à 150 le nombre de ressortissants haïtiens victimes de rapatriements dans cette province. (El Nacional)

Le 10 Janvier, des agents du Corps Spécialisé de Surveillance Frontalière /CESFRONT et des fonctionnaires de la Migration dominicaine envahissent une petite communauté d’Haïtiens établie depuis des années à El Llano, dans la province d’Elias Piña. Ils sont expulsés du lieu et reconduits le même jour à la frontière. (El Nacional)

Le 7 janvier, 200 ressortissants haïtiens sont rapatriés à la frontière de Belladère. (El Nacional)

Le 5 janvier, une chasse aux Haïtiens se déclenche dans les municipalités de Restauración, Mao, Guayubín, Santiago Rodríguez, Montecristi, Loma de Cabrera et Dajabón. Des sources militaires informent qu’au cours de ces opérations d’une durée de 24 heures, environ 3000 mille Haïtiens sans papier ont été arrêtés et rapatriés. (El Nuevo Diario)

Toujours le 5 Janvier, la presse dominicaine informe que 450 Haïtiens ont été arrêtés entre 5 heures et 8 heures du matin puis conduits au poste frontalier de Carrizal/Belladère. (El Nacional)

Le 4 janvier 2011, dès 5 heures du matin, les Forces Armées dominicaines ont appréhendé 300 Haïtiens dans la province frontalière d’Elias Piña et les ont reconduits le même jour à la frontière. (El Nacional)

Soulignons que ces violences, intimidations et persécutions d’Haïtiens/Haïtiennes en République Dominicaine ont déjà suscité diverses réactions tant en Haïti qu’en République Dominicaine. Dans une note transmise au GARR, le 25 janvier 2011, le Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger constate qu’à la différence des déportations effectuées par d’autres pays en coordination avec le gouvernement haïtien, « les rapatriements réalisés par la République Dominicaine soulèvent fréquemment, depuis plus d’une décennie, des critiques légitimes de groupes de droits humains insulaires et internationaux ». Dans cet ordre d’idées, Le MHAVE juge urgente, une révision bilatérale des conditions dans lesquelles sont pratiquées ces opérations qui ne correspondent en aucun cas aux mécanismes arrêtés entre les deux Etats pour les rapatriements.

De son côté, l’évêque de Santiago, Ramόn Benito de la Rosa y Carpio, a exhorté la population à respecter les droits des immigrants haïtiens. Il a invité les Dominicains à se rappeler qu’ils ont des proches parents aux Etats-Unis, en Europe et la même chose pourrait leur arriver. « Nous ne pouvons pas accepter, nous-mêmes, qu’un sans-papier dominicain soit maltraité aux Etats-Unis en violation de la loi », a-t-il martelé.

Le GARR, une fois de plus, s’insurge contre ce déni des droits humains des migrants haïtiens en territoire voisin et appelle le gouvernement Préval-Bellerive à s’engager davantage dans la défense des droits de ces citoyens-citoyennes ; et le gouvernement dominicain à respecter les instruments juridiques internationaux tels que la Convention Interaméricaine des Droits Humains qui interdit, entre autres, le rapatriement collectif de personnes.


Colette Lespinasse


Coordonnatrice

GARR