Novembre 2009 – Nous, petits paysans, pêcheurs artisanaux, pastoralistes, femmes, jeunes et peuples indigènes, autres mouvements sociaux et organisations de la société civile, avons conjointement relevé le défi de proposer des politiques et des actions visant à éradiquer la faim et la malnutrition dans notre monde.
Nous croyons fermement que les actions pour éradiquer la faim et la malnutrition doivent se baser sur une vision d’un monde où:
– La souveraineté alimentaire est reconnue et mise en œuvre par les communautés, les peuples, les Etats et les Organisations
internationales.
– Tous les peuples, sociétés et Etats déterminent leurs propres systèmes alimentaires et disposent de politiques assurant la
disponibilité d’une alimentation suffisante, de bonne qualité, abordable, saine et culturellement appropriée;
– Les droits des femmes et leur contribution cruciale à l’approvisionnement alimentaire sont reconnus et respectés et elles sont
présentes dans tous les organes de décision;
– Les milieux terrestres et marins ainsi que la biodiversité sont conservés et réhabilités en se basant sur une gestion écologique
et durable de la terre, des sols, de l’eau, des mers, des semences, du bétail et des organismes aquatiques;
– La diversité des savoirs traditionnels, des aliments, des langues et cultures est reconnue et respectée;
La façon dont les populations s’organisent et s’expriment est acceptée et le pouvoir des peuples à décider de leur patrimoine
matériel, naturel et spirituel est défendu;
Nous proposons ces politiques et ces actions après avoir constaté que la faim et la malnutrition ont atteint aujourd’hui dans le monde des niveaux scandaleux et que ce n’est pas par hasard. Si on examine la prédominance de ce fléau dans le contexte des crises multiples au niveau mondial, il est clair que les politiques existantes ont aggravé le problème et qu’il y a un besoin urgent d’une nouvelle approche.
Nous prenons également en considération le fait bien connu que cette situation n’est pas due au manque de nourriture dans
le monde car suffisamment d’aliments ont été systématiquement produits depuis des décennies. Or, des solutions ont été
proposées, et sont proposées, par les Etats et les institutions internationales, au nom d’une production et d’une disponibilité
alimentaire en augmentation mais sans traiter les causes profondes des crises multiples. Ils proposent des solutions en utilisant le même cadre que celui ayant déjà créé des problèmes.
Eradiquer la faim et la malnutrition exige des mécanismes qui comportent des mesures sociales, environnementales autant
qu’économiques. Pour les mettre en œuvre, cela demande l’engagement décisif des organisations des petits producteurs
d’aliments et des consommateurs dans toutes les politiques et programmes destinés à régler le problème.
C’est pourquoi nous accueillons favorablement le document de travail, Politiques et actions en vue d’éradiquer la faim et la
malnutrition, qui présente dans leurs grandes lignes nos propositions pour les changements nécessaires et la façon de les
réaliser. Ce document de travail comprend une série de politiques et d’actions dans les domaines suivants:
• Approvisionnement alimentaire écologique, durable et accès aux territoires et aux richesses naturelles
• Environnement, changement climatique et agrocarburants
• Marché, commerce, politiques de prix et subventions
• Assurer l’accès à une alimentation adéquate
• Finance, dette et aide au développement
• Gouvernance.
Nous approuvons la synthèse du document de travail joint en annexe à la présente lettre avec la conviction qu’il sera utile
pour les gouvernements et institutions, les populations et leurs organisations dans leurs efforts pour éradiquer la faim et la
malnutrition et assurer le respect de la souveraineté alimentaire y compris le droit à une alimentation adéquate .
Le monde n’a pas besoin de demeurer enfermé dans une impasse qui ne peut que déboucher sur des problèmes encore plus
graves. Nous exhortons donc les Etats et les Organisations internationales à travailler avec nous – petits paysans, pêcheurs
artisanaux, pastoralistes, femmes, jeunes et peuples autochtones , autres mouvements sociaux et organisations de la société
civile- en un front commun pour s’attaquer et en finir avec le fléau de la faim et de la malnutrition.
(Cette lettre, la synthèse et le document de travail sont disponibles en ligne. Pour les signer, voir la liste de signataires et télécharger les documents en anglais, français et espagnol à partir de www.eradicatehunger.org)