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L’annulation partielle de la dette: « La lutte continue »

Dans une conférence de presse ce jeudi 2 juillet Camille Chalmers, Directeur Exécutif de la PAPDA, salue l’annulation de 1,2 milliard de dollars de la dette qui atteint aujourd’hui 1,9 milliard de dollars américains. « Cette victoire est le résultat d’une longue lutte menée par le peuple Haïtien et les organisations alter-mondialistes. Mais la lutte continue, parce qu’on exige une annulation totale et inconditionnelle de cette dette illégale et illégitime. » explique Chalmers.

En mars 2006 Haïti a été admis au programme d’allègement de la dette en faveur des Pays Pauvres très Endettés (PPTE). Dans le cadre de ce programme, une fois que le « point d’achèvement » a été atteint, une partie de la dette d’un PPTE peut été annulée. Avec la privatisation de la TELECO et la libéralisation des marchés publiques les conditions du « point d’achèvement » étaient remplies.

La dette externe d’Haïti, avant l’allègement du 30 juin atteignait 1,9 milliards de dollars américains.Le service de cette dette atteint en Haïti plus de 6 millions de dollars par mois.

Chalmers considère cette annulation comme une victoire après la longue mobilisation pour l’annulation, mais la lutte pour l’annulation totale n’a nullement atteint son « point d’achèvement ». On constate en effet une nouvelle spirale d’endettement dans les pays qui ont déjà pu bénéficier d’un allègement partiel: « Aujourd’hui on voit que l’annulation à 80 et 90% dans d’autres PPTE n’est pas assez parce qu’elles rentrent dans un nouveau cycle d’endettement. On exige un effacement totale de la dette de 1,9 milliards de dollars. On ne la doit pas, on ne la reconnait pas, elle n’est ni légitime ni légale. »

« On ne veut pas une annulation totale aujourd’hui pour en avoir une autre dans dix ans », explique Chalmers. Selon le professeur d’économie il faut profiter de l’ambiance de la crise mondiale pour exiger un changement radical des rapport économiques au niveau du marché mondial et du marché de l’aide publique. Les bailleurs même ont reconnu, lors de la Conférence de Paris en 2005, que l’aide publique est inefficace. En plus, cette aide est orientée vers les intérêts des grandes puissances et des entreprises multinationales. Il est temps, estime Chalmers, de mettre en place une autre forme de coopération qui soit solidaire, fraternel et complémentaire, une coopération qui fixe comme objectifs les besoins du peuple.

Selon Chalmers il faut un débat sur la destination de ces fonds qui se libèrent. « Ces ressources doivent être affectées aux priorités nationales, aux priorités sociales, aux priorités de développement et aux urgences tel que l’environnement, l’alphabétisation et la santé publique. » Après plusieurs débats et consultations populaires, la PAPDA propose de fixer 4 priorités: la réforme agraire, l’alphabétisation, l’éducation et la santé publique.

Ecoutez la conférence de presse (en Créole)