Le Bureau Exécutif de la PAPDA vous invite à prendre connaissance de cette lettre ouverte adressée par plusieurs organisations aux Parlementaires de notre pays les invitant à s’opposer au Programme de privatisation lancé par le Gouvernement haïtien sous la pression des Institutions Financières Internationales. Cette correspondance souligne le caractère éminemment anti-constitutionnel de cette décision des autorités haïtiennes
Port-au-Prince, le 13 août 2007
Lettre ouverte au Parlement Haïtien
Du : Regroupement d’Organisations de lutte contre la
privatisation des Entreprises Publiques
Aux : Députés et Sénateurs de la 48ème Législature
En leurs bureaux.-
Mesdames / Messieurs les Parlementaires,
Le Regroupement d’Organisations de lutte contre la privatisation des entreprises publiques se fait le devoir de vous écrire, en vue d’attirer l’attention de votre assemblée sur un ensemble de mesures antinationales et immorales prises par le Pouvoir Exécutif dans le but de liquider les entreprises publiques. Dans le cadre de ce processus ténébreux, malicieusement appelé « modernisation », le pouvoir en place, par le biais de la Direction de la TELECO, a déjà procédé, illégalement, à la mise à pied de plus de mille six cents (1600) travailleurs de cette compagnie. L’Electricité d’Haïti (EDH) et l’Autorité Portuaire Nationale (APN) opèrent progressivement et tranquillement leur descente aux enfers. Des entreprises telles que la Banque Nationale de Crédit (BNC), la Centrale Autonome Métropolitaine d’eau Potable (CAMEP), l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN) et l’Office Nationale d’Assurance (ONA) sont vouées également au même sort.
Le Président de la République, Monsieur René Garcia Préval, a en plusieurs occasions, mis en exergue sa volonté manifeste de privatiser même les entreprises les plus juteuses de l’Etat. Ce projet macabre est aujourd’hui mis à exécution, sans aucune consultation populaire. Même le Pouvoir Législatif pourtant chargé de contrôler les actes du gouvernement, n’a pas été consulté dans le cadre de ce dossier si important qui engage l’avenir de la nation. Dans quelle perspective un gouvernement peut-il se permettre de liquider des entreprises stratégiques et rentables de l’Etat sinon que de plonger le peuple dans la misère, la souffrance, le chômage et l’insécurité, et d’enfoncer le pays dans la dépendance des puissances impérialistes ? L’expérience de la privatisation de la Minoterie, du Ciment d’Haïti et des retraites anticipées nous en dit long. Aujourd’hui, le peuple est obligé d’acheter la farine et le ciment 4 à 5 fois plus cher. Qui pis est, l’Etat n’a plus le contrôle de ces entreprises, ni de leur processus de production, quand production il y en a. Ne disposant presque plus de cadres pour étudier et exécuter leurs projets, les entreprises et bureaux publics sont obligés de se référer au secteur privé très coûteux pour le moindre service de base à fournir à la population. Déjà, une libéralisation du secteur des télécommunications nous a valu une flambée exagérée des prix. Le service qu’on payait autrefois par mois est actuellement facturé à la minute et les prix sont multipliés par 50 et même par 100 dans certains cas.
Pour toutes ces raisons, le Regroupement d’Organisations syndicales et sociales luttant contre la Privatisation des entreprises publiques en particulier, et le plan néolibéral en général, fait appel à votre conscience patriotique en vue de faire du dossier de la privatisation, l’objet d’un débat ouvert. Les accoutrements et les accessoires inadéquats dont on vous a embarrassés, les contacts avec les ambassades, et les milieux bourgeois que vous fréquentez, ne devraient pas vous écarter des masses dont vous êtes issus et d’où vous reviendrez à la fin de votre mandat.
Conformément à l’engagement que vous avez pris, sous serment, de sauvegarder les droits du peuple à la vie, à la santé, à l’éducation, au travail, à la liberté, à la sécurité… (Réf. Art 109, 129.2, 19, 27, 32, 35 constitution 87), nous vous rappelons votre devoir de questionner le gouvernement et même votre droit de l’interpeller sur cette question d’intérêt public. Ainsi, nous demandons au Corps Législatif d’utiliser son pouvoir de contrôle pour exiger, sans coup férir, du Pouvoir Exécutif, la cessation immédiate des mesures arbitraires et la réintégration des travailleurs illégalement et injustement révoqués.
Espérant que vous comprendrez le sens de notre démarche et sa portée salutaire et que suite célère sera donnée à notre requête, nous vous prions de recevoir, Mesdames, Messieurs les parlementaires, nos remerciement anticipés et nos salutations patriotiques.
Pour les organisations : MODEP, UNNOH, PAPDA, SOETEL, FESTRED’H, KRD, ASOHQ, BAREH, CHANDEL, MOVE, CERCLE GRAMSCI, SAJ/VEYE YO
Jean MABOU
Guy NUMA
Yves SANON