La PAPDA vous recommande la lecture de cet article d’Eric Toussaint du CADTM qui dans sa thèse de doctorat donne des pistes pour la construction d’alternatives économiques concrètes, une économie libéerée de la dette et orientée vers la justice sociale, le respect de l’environnement et la soutenabilité
Voici quelques pistes alternatives à soumettre au débat. Ce qui est réuni ici ne constitue ni un programme exhaustif, ni un ensemble à prendre ou à laisser. Ce sont des propositions, des pistes. Au mieux, des conditions nécessaires mais pas suffisantes. Il s’agit de contribuer à l’amorce d’un débat indispensable sur des alternatives. L’angle d’attaque consiste à partir de la satisfaction des droits humains fondamentaux. La question à laquelle ce texte essaie de répondre pourrait être résumée de la manière suivante : comment sortir d’une économie d’endettement pour financer un développement humain durable [1] et socialement juste ?
Selon la Déclaration universelle des droits de l’Homme (article 25), « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires. Toute personne a droit à l’éducation, au travail et à la sécurité sociale ».
Le Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels, ratifié par la majorité des pays membres des Nations unies, stipule, quant à lui, que “Les Etats ont le droit et le devoir de formuler des politiques de développement national adéquates afin d’améliorer constamment le bien-être de la population entière et de tous les individus sur la base de leur participation active, libre et significative dans le développement et la distribution équitable des bénéfices issus de celui-ci” (Article 2).
En interprétant les obligations de ce pacte, le comité de l’ONU des droits économiques, sociaux et culturels déclare : “Un Etat membre dans lequel un nombre important d’individus est privé des aliments essentiels, de l’attention de santé primaire, de vêtements décents et de logement de base ou d’enseignement élémentaire, n’accomplit pas ses obligations en vertu de ce Pacte”.
L’assemblée générale des Nations Unies souligne dans le préambule de la Déclaration sur le droit au développement [2] adoptée par l’Assemblée générale dans sa résolution 41/128 du 4 décembre 1986 : « Préoccupée par l’existence de graves obstacles au développement, ainsi qu’à l’épanouissement complet de l’être humain et des peuples, obstacles qui sont dus notamment au déni des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, et considérant que tous les droits de l’homme et libertés fondamentales sont indivisibles et interdépendants et que, pour promouvoir le développement, il faudrait accorder une attention égale et s’intéresser d’urgence à la mise en oeuvre, à la promotion et à la protection des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et qu’en conséquence la promotion, le respect et la jouissance de certains droits de l’homme et libertés fondamentales ne sauraient justifier le déni d’autres droits de l’homme et libertés fondamentales… »
L’Article 8 section 1 de cette importante résolution précise :
« Les Etats doivent prendre, sur le plan national, toutes les mesures nécessaires pour la réalisation du droit au développement et ils doivent assurer notamment l’égalité des chances de tous dans l’accès aux ressources de base, à l’éducation, aux services de santé, à l’alimentation, au logement, à l’emploi et à une répartition équitable du revenu. Des mesures efficaces doivent être prises pour assurer une participation active des femmes au processus de développement. Il faut procéder à des réformes économiques et sociales appropriées en vue d’éliminer toutes les injustices sociales. »
Pourtant, et alors que les richesses mondiales ont été multipliées par huit depuis 1960, un être humain sur deux vit aujourd’hui avec moins de deux dollars par jour, un être humain sur trois n’a pas accès à l’électricité, un sur cinq vit avec moins d’un dollar quotidien, un sur cinq n’a pas accès à l’eau potable, un sur six est analphabète alors qu’un adulte sur sept et un enfant sur trois souffrent de malnutrition.
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