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Note de presse de la PAPDA

La PAPDA vous invite à lire cette note de presse qui salue la visite du Président de la République bolivarienne du Vénézuéla, Hugo Chavez Frías, en Haïti le 12 mars. La note fournit des éléments sur les mutations qui sont aujourd’hui à l’oeuvre en Amérique Latine. Les Peuples tentent de reprendre l’offensive après une longue nuit néolibérale de plus de 20 ans.


NOTE DE PRESSE DE LA PAPDA
SUR LA VISITE DU PRÉSIDENT CHAVEZ EN HAITI

Lundi 12 mars 2007, Diffusion immédiate

La Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) salue avec enthousiasme la visite du Président de la République Bolivarienne du Vénézuéla, Hugo Chavez Frias, à Port-au-Prince le 12 mars en cours.

La PAPDA tient à saluer le leader vénézuélien qui est aujourd’hui l’un des piliers des changements importants qui sont à l’œuvre au plan politique, social, économique et culturel dans le continent latino-américain.

1) Le régime instauré par la politique de Hugo Chavez au Vénézuéla a introduit des changements considérables dans la distribution de revenus et dans l’orientation de la politique gouvernementale. Pour la première fois dans l’histoire de ce pays la manne pétrolière est effectivement utilisée au profit des classes populaires et pour résoudre les grands problèmes sociaux. Aujourd’hui, le Venezuela est un territoire libéré de l’analphabétisme, la réforme agraire avance à grands pas, les organisations économiques populaires reçoivent des subventions importantes et commencent à contrôler des segments de l’économie nationale, plus de 8000 médecins cubains fournissent quotidiennement des services directs dans les bidonvilles et dans les communautés rurales les plus reculées. La sortie des dogmes du néolibéralisme a permis de relancer la croissance dans une économie en pleine récession au cours de la décennie 90. Aujourd’hui l’économie vénézuélienne affiche des taux croissance de 2 chiffres (plus de 10 % pour 2006 – 2007) dans le cadre d’un strict contrôle des capitaux et un taux de change fixe.

2) L’avènement de Hugo Chavez et les événements qui se sont produits en Amérique Latine au cours des 10 dernières années sont le résultat de profondes mutations. L’émergence de mouvements sociaux créatifs et qui grâce à leurs innovations ont su conquérir un espace politique important et ont profondément modifié les rapports de force sur la scène politique, est un des facteurs décisifs. Citons le Mouvement des Paysans sans Terre du Brésil (MST), les nouvelles orientations des mouvements syndicaux, les mouvements indigènes de l’Équateur et de la Bolivie (comme la CONAIE), la fascinante expérience des Zapatistes au Mexique …etc. Le caractère visionnaire de la politique menée par Chavez a un poids significatif dans la remise en question de l’hégémonie politique et idéologique du néolibéralisme et un début de reconquête des espaces politiques par les masses. Les victoires électorales de la gauche au Brésil, en Argentine, en Uruguay, en Bolivie, au Nicaragua de même que l’émergence de nouveaux projets d’intégration (comme la CSN – Communauté sud-américaine des nations) sont annonciateurs d’un nouveau cycle politique qui hésite encore entre un néo-développementisme à la Lula ou à la Tabaré Vasquez qui se contente d’un réaménagement politique qui ne remet pas en cause les intérêts stratégiques des classes dominantes et des impérialismes et un projet révolutionnaire de construction d’un socialisme du XXI me siècle. La résistance exemplaire de la révolution bolivarienne a permis des gains d’une exceptionnelle importance pour le continent. Citons entre autres : les programmes sociaux comme l’opération Milagros qui a permis à 557.000 latino-américains, parmi eux 4910 compatriotes haïtiens, de récupérer la vue grâce à la coopération entre Cuba et le Venezuela, l’échec de la ZLEA consacré par le sommet de Mar del Plata en novembre 2005, les victoires de l’Argentine dans son combat contre le FMI et les Banques multinationales privées, les projets de reprise en main de la souveraineté et du contrôle stratégique sur les ressources naturelles de notre continent notamment en Bolivie, le projet de mise en place de la Banque solidaire du Sud … etc.

3) Deux (2) innovations politiques majeures méritent d’être soulignées : La Constitution bolivarienne qui introduit des aspects totalement nouveaux dans l’univers politique de la région notamment sur les droits des Peuples indigènes, sur la souveraineté nationale, sur la reconnaissance du travail invisible des femmes, sur la notion de référendum révocatoire. Elle introduit une nouvelle pensée politique et ouvre de nouveaux horizons qui sont en train de se concrétiser par exemple dans les projets de nouvelles assemblées constituantes en Bolivie et en Équateur. Ces nouvelles expériences signifient une voie de sortie et de rupture par rapport au pacte néocolonial. La deuxième innovation majeure c’est l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques) qui réintroduit la notion, totalement oubliée, de coopération solidaire et respectueuse de la souveraineté et des spécificités de chaque Peuple tout en se focalisant sur la résolution des problèmes sociaux importants qui affectent l’ensemble de la société.

La PAPDA pense que les possibilités de renforcement de la coopération entre Haïti et le Venezuela sont aujourd’hui un élément stratégique de tout projet visant à sortir de la crise actuelle et à enclencher un authentique processus de construction nationale. Il est indispensable de casser le système politique mis en place par l’occupation américaine de 1915 et qui est en grande partie responsable de la situation actuelle de notre pays. Tout régime politique responsable devrait inscrire comme l’une des priorités de son programme cette question fondamentale : comment sortir de l’occupation économique, militaire et politique ? Il est temps que cesse cette aberration qu’avant de prendre toute décision politique un dirigeant haïtien doit se demander si cette décision mécontentera ou non Washington. Jusqu’à présent, hélas, le Gouvernement Préval/Alexis est embourbé dans l’application des recettes néolibérales qui ont partout échoué en créant plus de chômage, plus de pauvreté et de la détresse humaine et qui continuent à détruire l’économie nationale.

Haïti et le Venezuela ont des liens historiques très forts. L’appui reçu par Francisco de Miranda et Simon Bolivar au début du XIXme a puissamment contribué à la conquête de l’indépendance de nombreux pays qui ont réussi à se libérer du joug de l’Espagne. Haïti a été complètement isolé pendant plus de 2 siècles. Nous devons sortir de cet isolement et établir un dialogue constructif avec les pays de l’Afrique, de l’Amérique Latine et de l’Asie. L’intégration souveraine des pays de l’Amérique Latine ne peut aboutir sans Haïti et de même nous pouvons beaucoup apprendre de l’expérience des pays du continent au cours des 3 dernières décennies. Ce rapprochement stratégique doit permettre de repenser les grandes lignes de la diplomatie haïtienne. Il ne peut s’effectuer au travers de la présence des troupes onusiennes qui travaillent en parfaite concordance avec les intérêts stratégiques de l’impérialisme américain. Il doit se déployer et s’approfondir par la mise en place de conventions intergouvernementales mais aussi par la mise en contact direct des Peuples et des programmes tenant compte des problèmes sociaux prioritaires de notre pays (analphabétisme, déforestation, décapitalisation de l’agriculture paysanne, déficit au niveau des services sociaux de base, absence d’infrastructures liées aux priorités du développement national).

Nous encourageons les pouvoirs publics à approfondir cette coopération naissante avec le Venezuela, à se rapprocher des dynamiques politiques et économiques de l’ALBA. Il nous faut impérativement élargir le cadre du PétroCaribe et utiliser cet accord dans le sens du renforcement des capacités de régulation de l’État sur le marché pétrolier dans notre pays et la mise en place d’une politique visant à améliorer les infrastructures et à réduire la dépendance de notre pays sur le plan énergétique. Ceci implique un recentrage et une reprise en main totalement en rupture avec la doctrine de « l’État en faillite » et de la tentation de perpétuer l’occupation et la tutelle étrangère qui ne dit pas son nom.

Le destin d’Haïti doit être à la hauteur de la geste héroïque des fondateurs de la patrie qui nous pousse à nous associer aux projets émancipateurs qui animent aujourd’hui les luttes des Peuples de l’Amérique Latine et de la Caraïbe pour la conquête de leur seconde indépendance et la construction de régimes sociaux et de politiques économiques capables de résoudre les grands défis du moment comme la pauvreté, l’exclusion, le modèle consumériste, le gaspillage des ressources naturelles, la gestion intelligente de la biodiversité, etc.

Vive la révolution Bolivarienne!

Vive l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA)!

Vive une coopération solidaire entre les pays de l’Amérique Latine et Haïti!

Vive l’autodétermination des Peuples!

Vive le socialisme du XXIème siècle!

Camille Chalmers

Directeur Exécutif de la PAPDA