Nous, hommes et femmes, représentants de plus d’une centaine d’organisations paysannes et autres venus de 9 des 10 départements de la République d’Haïti, réunis en forum national, à l’invitation de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) les 14 et 15 février 2007 sur le thème cité ci-dessus :
– Saluons le courage de tous les travailleurs/euses paysans (nes) qui continuent, par leur travail, d’assurer la survie du pays, de répondre à une bonne partie des besoins alimentaires de la population, de créer des emplois durables, de conserver nos ressources naturelles et aussi de lutter pour que le pays de Dessalines vive dans la dignité. Malgré l’engagement des travailleurs paysans, les politiques appliquées par nos gouvernements, les institutions financières internationales et les ONG continuent de les mépriser, les marginaliser, de nier leurs droits d’accès à citoyenneté à part entière et dévaloriser tout ce qui se fait dans le milieu rural.
– Saluons le courage de tous les paysans (hommes et femmes), les organisations paysannes qui, chaque jour, luttent pour relever l’image du pays de Dessalines, de Sanite Belair, de Goman, ternie et humiliée par une occupation étrangère qui, sous prétexte de solidarité, foule au pied le droit du peuple haïtien de vivre libre et de choisir librement son destin en toute indépendance et autodétermination.
– Saluons le 100ème anniversaire de naissance du patriote et écrivain Jacques Roumain, né le 4 juin 1907. Durant toute sa vie, comme vrai communiste, cet homme de valeurs et de principes défendit toujours l’indépendance du pays et le droit des travailleurs paysans. Savaloue Jacques Roumain!!
– Nous saluons aussi la mémoire des 139 paysans de Jean Rabel qui ont été massacrés par les ennemis du changement démocratique le 23 juillet 1987 (dont nous commémorons le 20ème anniversaire) dans le cadre d’un plan global d’affaiblissement des classes populaires afin de briser leurs organisations et aussi de les tenir à l’écart de la scène politique. Ayibobo pour tous les paysans patriotes qui ont donné leur vie, versé leur sang pour que continue la lutte démocratique !!! Nous leur rappelons que nous sommes encore là et leur demandons encore plus de forces pour continuer la lutte avec plus d’acharnement.
– Nous nous réjouissons de la réalisation du forum mondial du 23 au 28 février 2007 au Mali, Village Sélingué, sous le thème «Souveraineté alimentaire des peuples ». Plus de 600 délégués venus de 98 pays discuteront durant 4 jours pour mettre en place un plan de travail pour la défense des droits des petits travailleurs paysans face aux menaces constantes et aux agressions des entreprises transnationales qui bénéficient d’un support inconditionnel des institutions financières internationales telles que le FMI, la Banque Mondiale, la BID, l’OMC, etc. Nous espérons que cette rencontre nous permettra d’avancer dans la lutte pour la défense des Droits Economiques, Sociaux et Culturels (DESC) des peuples face à la mondialisation sauvage.
Nous signalons la présence, au cours de notre forum sur l’agriculture et la souveraineté alimentaire en Haïti, des représentants de plusieurs entités publiques telles que ceux du Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR), du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE), du Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) et aussi de l’Institut National de la Réforme Agraire (INARA). Ils ont présenté au cours des panels les points de vue l’Etat haïtien et ont aussi participé à tous les débats. Il faut aussi souligner la participation de plusieurs représentants du Parlement haïtien dont l’Honorable Sénateur Jean Hector Anacacis et d’autres Députés de la 48ème Législature qui ont partagé avec les participants (es) certaines réflexions intéressantes sur les outils et mécanismes à mettre en place pour renforcer le secteur agricole dans le pays.
Durant ces deux (2) journées de travail, nous avons analysé :
– La crise structurelle qui affecte l’agriculture du pays et qui empêche la production nationale de répondre aux besoins essentiels de la population : pression démographique, érosion, déboisement des forêts et de la couverture végétale des bassins versants, les techniques qui n’évoluent pas et les jeunes qui abandonnent le travail des champs.
– La politique de l’Etat et du gouvernement haïtiens, des institutions et organismes internationaux et de la majorité des ONG qui appliquent de façon aveugle les diktats et les orientations du FMI, de la Banque Mondiale, de la BID, d’Agences des Nations-Unies et des représentants des pays impérialistes qui imposent au pays un ensemble de mesures politiques et économiques à inspiration néolibérale, qui aggravent encore plus la crise structurelle avec la désarticulation de l’économie paysanne, en éliminant toutes les barrières faisant de notre économie la plus ouverte du continent, en développant une économie spéculative sans aucune connexion réelle avec la production nationale, en éliminant les maigres subventions de l’Etat aux intrants agricoles (engrais et outils), en éliminant la possibilité pour les producteurs d’avoir accès au crédit et aux moyens de production, en interdisant la construction ou la réparation d’infrastructures rurales, en omettant d’appuyer les organisations paysannes et les travailleurs pour trouver des marchés intéressants pour leurs produits, et pour avoir accès aux services sociaux de base. Ces politiques ne font que créer plus de dépendance du pays par rapport à l’international et participe aussi à l’affaiblissement de l’Etat. Nous perdons de plus en plus notre identité culturelle et le pays devient un pays de consommateurs. Nous constatons l’accélération de la dégradation de l’environnement avec ces corollaires : pauvreté, migration et bidonvilisation. Nous assistons à la décapitalisation des petites exploitations paysannes qui poussent les producteurs à s’attaquer aux réserves naturelles du pays. Nous constatons aussi comme conséquence directe des politiques néolibérales imposées, la disparition d’usines importantes comme la HASCO, la Centrale Dessalines, et d’institutions telle que l’IDAI, l’affaiblissement de la BCA et de la production des poulets industriels.
– L’occupation militaire du pays nuit à la construction d’une nation solidaire et aussi à la définition d’un modèle de développement qui soit en adéquation avec les intérêts fondamentaux de la population haïtienne et de la classe paysanne majoritaire (plus de 65% de la population globale). Cette occupation augmente le stock de la dette externe d’Haïti et enraye tout investissement dans les secteurs prioritaires. Nous nous attardons dans la gestion de l’urgence qui ne peut en rien aider dans un processus de long terme de construction nationale en promouvant un consensus réel entre toutes les couches sociales, politiques et économiques du pays.
– Nous avons écouté avec attention les témoignages et analyses des organisations partenaires qui ont pris part au forum telles que : le Mouvement des Paysans Sans Terre (MST) du Brésil, la Fédération des Planteurs de Café de la Région Sud (FEDECARES) et la Coordination Nationale des Femmes Paysannes (CONAMUCA), toutes deux de la République Dominicaine, de la Via Campesina, réseau mondial d’organisations paysannes. Ces organisations mènent des luttes au niveau mondial pour permettre aux paysans d’avoir accès à la terre, dénoncent les manœuvres des entreprises transnationales dans leur stratégie pour contrôler la production agricole et les semences. Ces offensives trouvent la bénédiction d’institutions comme le FMI, la BM, la BID et l’OMC et leurs conséquences sur le milieu rural sont énormes : plus de famine, plus de chômage, accroissement de la pauvreté, désintégration des jeunes, etc.
– Nous avons entendu les témoignages et les analyses d’organisations de base telles que : Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (TK), du Mouvement Revendicatif des Planteurs de l’Artibonite (MOREPLA), du Réseau d’Associations Coopératives des Planteurs du Bas Artibonite (RACPABA), de l’Association des Producteurs de Lait de Limonade (APWOLLIM), de Vivre et Espoir pour le Développement de Cap-Rouge (VEDEK). Ces témoignages nous ont permis de comprendre davantage la gravité de la situation actuelle de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire dans le pays et la nécessité d’une forte mobilisation au niveau national et des mesures politiques drastiques qui pourraient freiner cette dégradation et favoriser aussi un autre processus de construction nationale durable.
Après toutes ces analyses, nous avons décidé de :
– Lutter pour que notre pays retrouve ses droits à la souveraineté et l’autodétermination et établir un plan stratégique visant à appuyer cette bataille. Cette préoccupation sera transversale à toutes nos activités.
– Lutter pour relancer le processus de réforme agraire avec l’objectif d’augmenter la production nationale, mettre les travailleurs paysans en sécurité sur les terres, renforcer le travail des producteurs paysans et améliorer leurs conditions de vie et de travail.
– Renforcer l’INARA dans sa capacité d’intervention en vue d’encadrer les paysans ayant bénéficié de la distribution des terres dans le cadre de la réforme agraire et la mise en place d’outils nécessaires à l’application d’une réforme agraire intégrale;
– Lutter pour l’adoption de véritables lois sur la réforme agraire intégrée dans l’intérêt des paysans qui pourrait permettre une augmentation de la productivité agricole, répondre à la crise écologique et attaquer dans leurs racines les problèmes de la pauvreté accrue qui affecte la paysannerie. Ces lois doivent contribuer à avancer vers un changement véritable des règles établies relatives à la question de la tenure foncière et des autres relations de production qui contrarient le développement et la modernisation du secteur agricole.
– Forcer l’Etat haïtien, dans un consensus national, à construire une vision de long terme du développement du pays. Il nous faut tout aussi élaborer un plan national de souveraineté alimentaire.
– Lutter contre l’application des politiques néolibérales dans toutes leurs dimensions, au niveau national et aussi apporter et/ou chercher la solidarité d’autres peuples ou mouvements dans le cadre de cette lutte.
– Plaider pour une augmentation des investissements de l’Etat haïtien dans le secteur agricole. Actuellement, 1.2 milliard de gourdes sont alloués au Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) pour son fonctionnement alors que 3.6 milliards de gourdes sont réservés au paiement du service de la dette externe. Ce qui sous-entend que l’argent des contribuables haïtiens finance de leurs économies le service de la dette à plus de 3 fois les investissements destinés au secteur agricole. Cela prouve que l’Etat haïtien ne se soucie guère des intérêts fondamentaux des populations et de la garantie de la souveraineté du pays dans la définition d’un modèle de développement et d’investissement capable de sortir le pays de la crise.
– Plaider pour la mise en place par l’Etat d’un ensemble de mécanismes et d’institutions pouvant appuyer véritablement le secteur paysan, tels que :
- Une banque de développement avec de grandes capacités qui pourrait accorder des crédits et un encadrement pour permettre aux 2 millions de producteurs paysans d’avoir accès aux ressources financières, ce pour renforcer leurs activités économiques et défendre leurs productions sur le marché local et mondial. Cette banque pourrait tout aussi appuyer l’agro-industrie liée à la production agricole et aussi l’accès aux services sociaux de base dans le milieu rural;
- Une banque d’intrants et d’outils agricoles qui pourraient soulager les paysans dans l’achat dans de bonnes conditions les outils nécessaires et faciliter la modernisation des techniques utilisées pour pouvoir augmenter leur capacité de production;
- Remettre sur les rails et/ou renforcer les Ecoles et les Fermes agricoles en les dotant de plus de capacités de recherche, en formation, en accompagnement des paysans sur les questions scientifiques et techniques;
– Lutter afin de porter l’Etat haïtien à protéger et renforcer les secteurs prioritaires et stratégiques de l’économie paysanne : céréales, poules et œufs, tubercules, pêche, élevage, lait, banane, fruits, café, cacao, huiles essentielles, etc. Il faut protéger les filières prioritaires et mettre en place des politiques visant à éliminer la contrebande de nos produits comme cela se pratique sur la frontière commune avec la République Dominicaine avec la production du café. L’Etat ne doit pas hésiter à hausser les tarifs douaniers sur certains produits stratégiques pour réduire leurs importations qui facilitent le dumping grâce à des produits subventionnés des pays industrialisés. L’Etat haïtien doit prendre les mesures de contrôle sanitaire et phytosanitaire sur les produits importés afin de protéger la population.
– L’Etat doit réguler la question de l’Aide alimentaire afin qu’elle ne nuise pas à la production nationale, et ce, pour réduire les risques de tomber dans une dépendance accrue par rapport aux pays fournisseurs de cette aide. L’aide alimentaire ne nous permettra en aucune façon de résoudre les problèmes d’insécurité alimentaire dans le pays de façon durable. Il nous faut prendre les mesures de politiques viables pour appuyer la production nationale et renforcer les organisations de producteurs.
– Plaider pour une participation effective des organisations paysannes dans toutes les discussions et espaces de décisions relatives à la politique agraire et tout mécanisme d’intégration et accords internationaux qui redéfinissent les rapports économiques et commerciaux entre Haïti et d’autres pays en particulier le CARICOM, les Accords de Partenariat Economique (APE) avec l’Union Européenne, la loi HOPE, etc.
– Nous demandons aux Moulins d’Haïti (dont l’Etat est actionnaire à 30%) de mettre en place un moulin capable de produire une farine mélangée (entre la farine de blé et la farine de tubercules produits par les paysans) afin de diminuer le niveau d’importation de blé, augmenter les revenus des producteurs paysans et aussi valoriser la production nationale;
– Nous demandons à l’Etat de donner la priorité et les moyens nécessaires aux structures d’organisations paysannes afin de mettre en valeur les terres du domaine public. En ce sens, nous demandons à la Direction Générale des Impôts (DGI) de satisfaire les revendications de APWOLLIM et des producteurs de lait de Limonade en légalisant sans délai l’utilisation des terres du domaine public sur lesquelles ils travaillent depuis plusieurs années. Ces paysans sont une pièce importante du moteur de l’économie nationale et la filière Lait est porteuse d’espoir et de revenus.
– Nous demandons à l’Etat de prendre toutes les mesures afin de sauvegarder les espaces agricoles du pays. Il est inacceptable d’installer des zones franches sur des terres agricoles comme c’est le cas de la plaine de Maribahoux dans le Nord-est. Nous sommes très inquiets en ce sens face à la volonté d’hommes d’affaires haïtiens et étrangers d’installer des zones franches sur des terres fertiles qui produisent de la nourriture. Il existe des terres arides non-utilisées à travers le pays capables de servir à cette fin. L’Etat doit valoriser et protéger les terres agricoles, prendre des mesures adéquates afin d’irriguer les 200.000 hectares de terres irrigables, freiner l’urbanisation de ces espaces agricoles comme c’est le cas autour des grandes villes. L’Etat doit mettre en œuvre un plan d’aménagement du territoire au niveau national.
– L’Etat haïtien doit chercher la solidarité des pays de l’Amérique Latine en particulier ceux qui cherchent des alternatives afin de se libérer des griffes de l’impérialisme et renforcer leur indépendance à travers d’autres mécanismes d’intégration en faveur de leurs peuples.
– Les Etats haïtien et dominicain doivent mettre en place un accord sur l’épineux problème de la migration des travailleurs paysans. Il faut l’adoption d’une série de dispositions claires sur un certain nombre de dossiers tels que : identité et résidence en faveur de ces travailleurs et de leurs descendants.
– Les organisations et réseaux paysans doivent mettre en place des campagnes de défense de la production nationale. En ce sens, nous nous engageons à mettre en place une campagne de défense et de promotion de notre production de riz national. Cette campagne s’articulera autour de toutes les dimensions du modèle de consommation : nos modes de communication, ce que nous mangeons et comment, notre façon de nous vêtir, nos types de constructions, nos moyens de déplacement, nos matériels électroménagers, etc.
– Nos organisations et réseaux paysans doivent impérativement renforcer leurs articulations et leur solidarité à tout niveau: Section communale, Commune, département, national ;
– Nous exigeons du gouvernement haïtien l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de création d’emplois durables en milieu rural particulièrement dans le développement de l’agro-industrie pouvant revaloriser la production nationale, augmenter les revenus des travailleurs paysans et qui prendraient aussi en compte les intérêts des consommateurs pauvres des villes.
– L’Etat haïtien doit impérativement renégocier les termes des Accords commerciaux internationaux qui menacent sa souveraineté et son autodétermination face aux forces impérialistes. Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) doit cesser d’accorder la priorité aux fonctionnaires au détriment des intérêts fondamentaux des petits paysans. Le gouvernement haïtien doit donner suite aux résultats de la rencontre réalisée avec la participation des organisations paysannes en 1996 à l’Hôtel Le Xaragua. L’Etat haïtien doit entrer dans un processus de planification stratégique du développement en Haïti par l’élaboration d’un plan à long terme sur 25 ans tout en définissant un agenda national et un calendrier réaliste. Il faut cesser avec la logique de petits projets sectoriels ponctuels.
– Nous appelons toutes les organisations et tous les réseaux paysans à mettre en place des mécanismes leur permettant de construire une plateforme de lutte unitaire sur la base des revendications fondamentales de la classe paysanne définies à travers ce forum. Cette stratégie pourra aussi aider à mettre en place des forums et/ou groupes sectoriels d’organisations et/ou réseaux. La lutte pour la satisfaction de nos revendications fondamentales doit continuer dans la réalisation de manifestations pacifiques, marches, pétitions, sit-in, lettre ouverte, etc. Nous devons élaborer un agenda et un cahier de revendications articulés pour changer les conditions de vie et d’existence de la classe paysanne. Dans le cadre de ces luttes, il est impératif de construire des réseaux de solidarité avec d’autres mouvements et/ou organisations paysannes au niveau international partageant nos visions et stratégies de lutte.
– Nous devons lutter pour la défense et le respect de la biodiversité et tous les autres éléments naturels protégeant la vie et le travail paysans.
– Nous appelons tous les patriotes, hommes et femmes, toutes les organisations, mouvements, réseaux d’organisations à s’intégrer dans la lutte pour la récupération de notre indépendance, notre droit à l’autodétermination, notre dignité de peuple. Nous n’arriverons jamais à la souveraineté et l’autosuffisance alimentaires tant que nous vivons sous le joug d’une occupation étrangère. La MINUSTHA doit partir du sol de Dessalines, fondateur de la patrie.
Cette déclaration est faite le 15 février 2007, l’année de la célébration du 100ème anniversaire de naissance de Jacques Roumain et du 20ème anniversaire du massacre des paysans de Jean Rabel. Nous sommes et restons mobilisés afin de trouver la satisfaction des revendications définies dans ce document.
VIVE HAITI SOUVERAINE !!!
VIVE LA CULTURE NATIONALE !!!
APPUYONS L’AGRICULTURE PAYSANNE !!!
LA TERRE, SEULE ARME DU PAYSAN HAITIEN
ABA L’OCCUPATION!!!
ABA LA MINUSTHA!!!
Pour authentification :
Camille Chalmers, PAPDA
Fritz Joseph, APWOLLIM,
Monpoint Elie, Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen
Nicolas Pierre-Louis, MOREPLA