Nous sommes les citoyennes et citoyens de ce pays vis-à-vis de qui vous aviez pris l’engagement de diriger en vous positionnant comme candidats-tes à la présidence, au sénat, à la députation aux élections de février 2006 qui résulte à la constitution des pouvoirs Exécutif et Législatif dont vous détenez les rennes du pouvoir aujourd’hui.
Nous sommes les patriotes justement concerné-e-s par la gravissime dégradation socioéconomique, l’innommable climat de violence et d’insécurité et la préoccupante situation politique de notre pays ;
Nous sommes les parents, les sœurs et frères, les amis-es des victimes de cette insécurité qui d’une part nous ravit nos proches, et d’autre part nous tient en otages. Nous sommes les potentiels-les victimes des gangs, bandits et groupes armés qui sèment le deuil dans nos familles et communautés, en particulier à Port-au-Prince de même que dans de nombreuses villes de province.
La nation haïtienne a pleuré avec Madame Dessources qui vient d’avoir sa fille de 20 ans brutalement assassinée, mutilée et torturée par ses ravisseurs. Les cris de cette mère dévastée par la cruauté et la froideur de ces brigands avec qui elle négociait la libération de son enfant, nous ont atteints toutes et tous. Ces souffrances sont celles qu’ont connu nombre de familles à travers le pays ; combien sommes-nous, combien sont-elles, les personnes qui ont du mettre en terre un-e proche broyé-e par cette machine infernale de violences barbares.
– Danièle Lustin, 20octobre 2003
– Jacques Roche, 14 juillet 2005
– Yveline Adrasse, 17 juin 2005
– Lucienne Heurtelou Estimé, 19 juin 2006
– Farah Natacha Kerbie Dessources, 17 novembre 2006
– Carl Rubbens Francillon, enlevé le 08 novembre 2006
– Tant d’autres victimes connues et inconnues
L’assassinat de ces filles et fils de la nation témoigne de la barbarie de ces individus qui se sont permis de kidnapper, de torturer, de violer et d’assassiner. Ces actes odieux révèlent un degré de déshumanisation chez ces criminels dont seule la Justice pourra être à même de freiner les lugubres desseins à être les chefs de gangs, rois de la terreur.
M. Le Président comment diriger un pays, être le premier citoyen d’une nation et se taire face à de telles cruautés.
M. Le Premier Ministre, comment admettre dans que de jeunes enfants, de 6, 13, 20 ans soient sauvagement immolés par des hors la loi à cause de l’incapacité des institutions Étatiques à garantir la protection des citoyens et citoyennes d’Haïti.
Comment panser les douleurs de mères et de pères éplorés-es, en s’enorgueillissant de la méthode de négociation du Chef du gouvernement avec les gangs armées 48 heures après les funérailles de leur enfant ; 12 heures après que n’ait été découvert le cadavre en putréfaction avancé de leur enfant étranglé par ses agresseurs.
Mesdames, Messieurs de la Justice et de la Police, comment vivre avec les cris des familles éplorées, sans espoir que ces criminels auront à rendre compte de leurs actes, que leurs crimes ne soient punis selon les prescrits de la loi.
Mesdames, Messieurs les Parlementaires comment rassurer la nation haïtienne que l’autorité de l’État sera rétablie et que ceux et celles qui ont la responsabilité de garantir notre sécurité aura à rendre compte à leur tour de ne pas assurer notre protection.
Citoyennes, Citoyens, membres d’organisations des différents secteurs constitutifs du mouvement populaire haïtien, organisations de défense des droits des femmes et des droits humains en général, institutions et organismes d’appui aux organisations de base ; le cri de Madame Dessources nous a touché, nous compatissons à sa douleur car la peine nous envahit à chaque fois que nous nous retrouvons en face de telles situations de souffrance causée par la perte tragique d’une vie humaine,
Nous ne nous tairons point
Nous ne voulons pas d’autres martyrs de l’insécurité,
Nous voulons des dirigeant-e-s responsables dignes et à la hauteur de leur fonction
C’est pourquoi la CONAP exhorte les forces vives de la nation à continuer de se manifester contre l’insécurité et l’impunité et à se solidariser concrètement dans les demandes de justice pour les victimes.
Engageons une action citoyenne collective : Rejoignez nous dans huit (8) journées de Solidarité avec les familles des victimes de l’insécurité
Du 4 au 11 décembre 2006, écrivons au Président Préval à titre de garant de la bonne marche des institutions de l’État, et au Premier Ministre Alexis, à titre de Président du CSPN, pour leur signifier :
Notre refus à légitimer l’émergence d’un pole de la mort au sein de la population
Notre refus d’accepter l’indifférence devant les corps mutilés de nos enfants, nos sœurs, nos frères, nos camarades….
Notre détermination à vivre dans une Haïti souveraine où règne la justice et le droit.
Pendant ces huit (8) jours, interpellons les Chefs d’État et de Gouvernement avec des correspondances sans équivoque sous formes de cartes, lettres, courriels, déclarations dans les médias locaux.
Préval et Alexis : cessez de parlementer avec les Chefs de bandes armées
PHN : Arrêtez les criminels
Juges : Jugez les kidnappeurs, violeurs et assassins selon la loi
C’en est trop, pas un cadavre de plus
Pour une Haïti juste, égalitaire et solidaire
Port-au-Prince, 04 décembre 2006
Pour CONAP,
Jesi Chancy-Manigat
Olga Benoit
Comité de Coordination :
Enfofanm – Fanm Deside Jacmel – Kayfanm – REFRAKA – SOFA