Le CADTM salue le peuple équatorien qui a choisi comme président le candidat de gauche Rafael Correa, face au milliardaire de la banane, Alvaro Noboa, qui distribuait des dollars aux électeurs devant les caméras de télévision pendant sa campagne.
Ancien ministre des Finances, Rafael Correa a déjà combattu l’inadmissible perte de souveraineté qu’impliquent les mesures économiques imposées par le FMI, la Banque mondiale et les grandes puissances. Ainsi, en 2000, l’Equateur a abandonné sa monnaie pour adopter le dollar, subissant alors totalement la politique monétaire décidée par Washington. Depuis des décennies, les richesses créées par l’économie équatorienne, notamment grâce au pétrole, profitent aux multinationales du secteur et aux riches créanciers, mais pas aux populations. L’Equateur consacre environ 40 % de son budget au service de la dette.
Les accords signés avec le FMI et la Banque mondiale ont notamment conduit à l’arrêt des subventions au gaz à usage domestique et à la privatisation des entreprises nationales d’hydrocarbures, d’électricité et de télécommunications, accentuant le désengagement de l’Etat des domaines stratégiques. Concrètement, les Equatoriens ont dû affronter en 2003 une augmentation de 35 % du prix des combustibles, une augmentation de la TVA et une diminution du salaire des fonctionnaires.
En juillet 2005, à l’initiative de Correa, le gouvernement équatorien a décidé de réformer l’utilisation des ressources pétrolières. Au lieu de servir au remboursement de la dette, Correa a insisté pour qu’une partie d’entre elles soit destinée aux dépenses sociales, notamment pour les populations indiennes. Ulcérée, la Banque mondiale a bloqué les sommes qu’elle avait promises à l’Equateur. Les pressions de Washington ont été telles que Rafael Correa a choisi de démissionner plutôt que de plier. Il a précisé à l’encontre de la Banque mondiale et le FMI que « personne n’avait le droit de punir un pays s’il changeait ses lois ».
Un audit de la dette est en cours en Equateur et la Commission officielle responsable de cet audit doit rendre prochainement son rapport. Le CADTM apporte son soutien aux nombreuses organisations sociales équatoriennes qui se sont investies dans la réalisation de cet audit. Le CADTM demande au nouveau président équatorien de s’appuyer sur cet audit pour répudier totalement la dette extérieure publique de son pays, qui n’a absolument pas profité aux populations dont la majorité vient de le porter au pouvoir.
Deux gestes symboliques allant dans le sens d’un réel changement de logique ont déjà été annoncés par Correa : la volonté de renégocier les contrats pétroliers et de réintégrer l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), tout en promettant de réduire de moitié le salaire présidentiel, actuellement de 8 000 dollars. Le CADTM ne peut que le soutenir dans ce sens.
Enfin, le CADTM appelle tous les dirigeants des pays du Sud à enclencher une autre logique économique, respectueuse de l’humain et de l’environnement, à l’opposé de la logique néolibérale imposée aux forceps par l’intermédiaire d’une dette largement odieuse dont il faut revendiquer l’abolition.