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Procès de deux des cinq agresseurs d’une adolescente de 16 ans violée puis assassinée par des gangs armés

Suivant les déclarations de la mère :

30 Mars 2005

Dans la nuit du 28 février 2005, quatre (4) individus ont pénétré leur maison, les ont enlevées et conduites dans une maison à Ti Bwa, un autre quartier de la zone où les a rejoint un des leurs. Une fois dans cette maison, quatre d’entre eux ont violé la mère et la fille…

Les agresseurs vivent dans la zone

Peu de temps après, le 02 mars 2005, d’autres « hommes forts » de la zone vinrent questionner la mère de la victime et se sont montrés indignés du forfait de leurs agresseurs; et avec l’appui tacite de la population ont conduit deux (2) des agresseurs identifiés Eliphète Beljean / Mackenson Pierre, au Commissariat le plus proche. Depuis, ils sont en détention au Pénitencier National et leur procès se fait aujourd’hui. Les trois (3) autres ont pris le maquis.

Les victimes (la mère et la fille) avaient été entendues au parquet le 08 avril 2005, par la suite leur dossier a été acheminé au Cabinet d’Instruction. Convoquées pour une audition le 15 juin 2005, elles n’ont pas pu s’y rendre du fait qu’Yveline était malade. Yveline ne participera plus à d’autres auditions, car elle fut assassinée avant la date de leur prochain rendez-vous fixé pour le 23 juin 2005.

Lundi 21 juin 2005

Madame Jules est revenue à la SOFA pour nous informer de l’assassinat de sa fille. Suivant son récit : elle l’a retrouvée à la morgue de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH) le samedi 18 juin 2005, corps mutilé (Yeux crevés – une balle à la tête, son jeans déchiré, son slip de travers…)

En effet, Yveline avait été faire des courses le 16 juin 2005 et n’est pas revenue. D’après les informations recueillies le lendemain par la mère, elle aurait été enlevée par trois hommes armés à bord d’un véhicule dans l’aire de l’HUEH. Le soir du 17 juin, quelqu’un de son entourage lui a rapporté qu’il a ouie dire qu’une jeune fille nommée Ti bébé – le sobriquet de sa fille, a été tuée par balle. Sur la base de cette information, elle s’est rendue à la morgue de l’HUEH le samedi 18 juin 2005, et la famille a retrouvé le corps de la jeune fille mutilé, ses yeux crevés. Madame Jules a appris que son cadavre a été retrouvé à proximité du Ciné Capitol à un terrain vide au « La Cour Mousin ».

Enregistrée à la morgue de l’HUEH, et classée comme « Mort sans parole », l’hôpital n’a donné aucune information sur l’origine du cadavre, nous a expliqué la mère de Yveline Adrasse. Comment son corps s’est-il retrouvé à la morgue ? Comment l’hôpital, une institution de l’Etat en plus, peut-il continuer à recevoir des cadavres sans qu’il n’y ait d’informations claires sur leur provenance. La vie d’une/un haïtienne/haïtien serait-elle d’aucune valeur? Toute cette indifférence à la vie alimente la criminalité des gangs armés, qui ne craignent pas d’être poursuivis.

Est-ce que Yveline Adrasse a payé de son corps, de sa vie, le fait de vivre dans une « zone de non-droit », contrôlée par les gangs armés et laissée pour compte par les autorités haïtiennes.

L’assassinat de cet enfant de 16 ans, est ajouté à une liste très longue de femmes, de filles, de personnes ayant connu le même sort. La perte d’innombrables vies humaines, certaines/certains qu’on a mentionné-e-s dans les médias, d’autres dont nous en sommes informé-e-s par des proches, des collègues, des voisins ou des dizaines d’autres qui ne sont jamais nommés sinon pour leurs parents et membres de leur famille.

Aujourd’hui encore, la zone de Martissant est le théatre des guerres entre les membres des gangs armés. Les familles se déplacent pour trouver refuge ailleurs, pendant que la MINUSTHA et certains ONGs les gratifient de fortes sommes d’argent dans l’intention de les porter à remettre leurs armes. Des stratégies dont les résultats restent à démontrer.

Toutefois, à la SOFA, nous sommes obligées de pousser « Yon rèl », un cri car chaque personne victime est un nouveau cas, et non un fait divers. Nous ne nous tairons jamais. Toutes et tous, nous avons la responsabilité de rompre le silence imposé par l’irresponsabilité de ceux et celles qui ont les reines du pouvoir. IL faut que notre RÈL soit assez puissant pour les mettre face à leur responsabilité. Mettons-nous debout contre l’horreur, renforçons notre voix avec celle d’autres populations solidaires. La SOFA invite chaque organisation, chaque regroupement, chaque réseau, chaque citoyenne /citoyen à marquer notre refus à ce chaos où nous sommes toutes /tous exposé-e-s. Qui sera la prochaine victime? En ce sens, la SOFA vous propose d’adresser une lettre aux autorités haïtiennes et d’encourager vos partenaires à en faire autant pour leur demander:

– d’agir, de prendre les dispositions politiques adéquates pour désarmer les gangs et les groupes armés;

– maintenir la mobilisation pour qu’un jugement équitable soit rendu aux deux victimes, Yveline et sa mère ;

– de mettre l’action publique en mouvement contre les trois (3) autres agresseurs de l’adolescente et de sa mère, encore en cavale et;

– déterminer les auteurs de son assassinat pour qu’ils puissent répondre de leurs actes par devant la justice.

– de mettre l’action publique en mouvement contre les gangs armés oeuvrant en toute quiétude dans les quartiers populaires et prenant en otage les populations.

– de définir les mécanismes et prendre les dispositions afin de protéger nos droits comme le veut la Constitution Haïtienne de 1987 dans son article 19 :

« L’Etat à l’impérieuse obligation de garantir le droit à la vie, à la santé, au respect de la personne humaine, à tous les citoyens/citoyennes sans distinction, conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. »

La Violence envers les Femmes est une violation de leurs Droits

Agissons!

Lit Fanm lan se Lit Tout Mas Pèp La.