Mesdames / Messieurs,
La Solidarite Fanm Ayisyen SOFA à travers cette lettre ouverte vous présente le Rapport – Bilan des cas de violence reçus au cours des années 2003-2004-2005 dans nos 21 Centres Douvanjou placés dans les départements de l’Ouest, de l’Artibonite, du Sud-Est et de la Grand-Anse. Ce Rapport-Bilan est produit à partir du travail de proximité que nous faisons depuis tantôt trois (3) ans dans les départements pré-cités. Il n’est certes pas exhaustif vue l’ampleur du phénomène de la violence faite aux femmes/filles et le silence qui l’entoure en Haïti. Toutefois, il révèle la gravité de la situation et démontre combien cette frange la plus importante de la population (les femmes y représentent 52%) est exposée à toute sorte de violence. Alors que ces femmes/filles se retrouvent souvent sans secours face à cette violence aveugle: d’individus inconnus, chimères, zenglendo, de leurs maris, parents, voisins ; personnalités publiques etc.
En vous présentant ce rapport Mesdames/Messieurs les Responsables de l’Etat, nous sommes motivées par deux (2) grandes inquiétudes :
1- Le silence et l’inaction du Gouvernement et de l’Etat face à l’escalade des actes de viol répétés sur des femmes et des filles tant dans la capitale que dans les provinces. Tout cela, dans le contexte d’insécurité grandissante et de surcroît, dans une situation d’Occupation du pays par des forces militaires
internationales, un climat, prédisposant entre autre, à la croissance des cas de violence sexuelle et psychologique sur les femmes.
2- Le Gouvernement Intérimaire, depuis son accession au pouvoir et conformément à son mandat n’a entrepris aucune démarche concrète pour mettre fin à l’impunité et encore pour enclencher des procédures en justice contre les criminels, les violeurs d’hier et d’aujourd’hui. La SOFA et d’autres organisations de femmes n’ont jamais cessé d’exiger que les « kadejakè » comme les attachés, les responsables et membres du FRHAP, les chimères, les zenglendo soient jugés. Au contraire, nous constatons que ces multiples violations des droits des femmes victimes restent impunies ; ces criminels notoires, à la faveur de la tolérance politique continuent avec arrogance de poursuivre leurs actes et alimenter un système cynique érigeant le viol comme une puissante arme de guerre contre les filles, les femmes, et leur famille. Aujourd’hui encore, le corps des femmes est utilisé comme « territoire de guerre ».
Ainsi, notre appel à vos devoirs de responsabilité, Mesdames/Messieurs les Responsables de l’Etat, constitue un « Cri d’Alarme » « Yon Rèl » face à un phénomène qui, aujourd’hui prend des proportions de plus en plus inacceptables et révoltantes. La violence exercée contre les femmes/filles s’il est vrai est une problématique ayant sa « dimension systémique, historique, universelle et ancienne dans les pratiques des peuples » atteint en Haïti, le niveau d’horreur la plus grave. Car, les nombreux cas que nous soumettons devant vous, concernent des personnes humaines : filles de 2, 5, 6, 8, 13, 15, 16, 17 ans… et femmes violées, battues, soumises à des violences corporelles les plus extrêmes : assassinat, matrices perforées, yeux crevés, blessures graves et celles-ci se retrouvant ainsi avec leur vie handicapée, leur famille détruite, leur santé précarisée, leur dignité blessée, leurs droits violés.
Nous constatons, depuis l’aggravation de la crise politique haïtienne avec la terreur du régime Lavalas en l’an 2003, une détérioration croissante de la situation des femmes et filles face aux attaques et abus sexuels de toutes sortes. Ainsi, de 2003 à 2005 seulement à la SOFA nous avons fait l’accompagnement systématique avec 131 victimes de viol et parmi elles un nombre élevé de filles, soit 72. Au niveau de la violence en général, 358 femmes et filles sont enregistrées. A noter que ne faisons état dans ce rapport de cas documentés dans les différents centres d’accueil de la SOFA, et spécifiquement dans le contexte d’accompagnement lié à la violence sexuelle et conjugale.
(Pour lire l’intégralité du rapport, veuillez le télécharger à partir du lien ci-dessous.)Rapport bilan1_SOFA