Les 149 pays de l’OMC ont entamé mardi à Hong Kong six jours de réunion, sans grand espoir d’avancée décisive sur la libéralisation des échanges mondiaux et sur fond de contestation, illustrée par une manifestation de plusieurs milliers de personnes dans la cité chinoise.
Le rassemblement d’altermondialistes et de militants opposés à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a été marqué par quelques bousculades en fin d’après-midi avec les forces de police, à proximité du lieu où s’est ouverte la sixième conférence ministérielle de l’institution.
Les forces antiémeutes de Hong Kong ont repoussé à l’aide d’aérosols au poivre une cinquantaine de contestataires, des producteurs de riz sud-coréens notamment, qui tentaient de forcer un imposant cordon de policiers en leur jetant des bombes à eau. Neuf personnes, dont deux policiers, ont été légèrement blessées.
Le défilé a rassemblé un peu plus de 5.000 personnes, selon les organisateurs.
Plus d’une centaine de manifestants, pour la plupart des paysans sud-coréens, se sont jetés dans l’eau froide de la baie de Hong Kong. Certains ont tenté de gagner à la nage le Palais des congrès, situé au bord du rivage, mais des bateaux de la police les ont forcés à faire demi-tour.
Dans le bâtiment où les travaux de l’OMC ont débuté, une poignée de militants a réussi à perturber le discours inaugural du directeur général de l’OMC, le Français Pascal Lamy, en scandant « L’OMC tue les paysans ! », « Non à l’OMC ! ».
Pascal Lamy a lucidement reconnu que l’OMC n’était « pas la plus populaire des institutions dans le monde, loin s’en faut » et a appelé, pour redorer le blason de l’organisation, à un accord de ses membres sur une relance des échanges mondiaux plus équitable envers les plus pauvres.
« Il faut prendre des risques. Eviter les risques, y compris politiques, ne nous mènera à rien », a-t-il plaidé face au blocage qui menace non seulement la réunion de Hong Kong, deux ans après l’échec retentissant de la précédente réunion de Cancun (Mexique), mais aussi l’ensemble du cycle de négociations de Doha lancé en 2001 au Qatar.
Toutefois, aucune percée décisive sur les dossiers qui fâchent (subventions à l’agriculture dans les pays riches, ouverture des marchés industriels et de services des pays en développement) ne se dessinait mardi.
L’Union européenne surtout, ainsi que les Etats-Unis, sont accusés par les pays en développement de fausser les échanges mondiaux par le soutien important qu’ils apportent à leurs paysans.
Le représentant américain au commerce, Rob Portman, a réclamé « des engagements » sur un meilleur accès au marché européen.
L’Union européenne préfère pour sa part se concentrer sur des mesures spécifiques d’aide aux pays les plus pauvres. Un accord dans ce domaine paraissant comme un pis-aller pour sauver Hong Kong d’un échec total, même si Pascal Lamy a demandé qu’il ne serve pas de « substitut à une négociation ambitieuse sur l’ensemble des sujets ».
Sur ce « paquet développement », passant par une franchise de droits sur les importations de nombreux produits, « on constate que le Japon a commencé à bouger et les Etats-Unis ont aussi fait part de leur flexibilité dans le même sens », s’est félicitée la ministre française du commerce extérieur Christine Lagarde.
Les grands pays émergents comme le Brésil ou l’Inde soupçonnent toutefois le Nord de vouloir par ce biais diviser le Sud. Le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, a ainsi mis en garde contre toute tentative de « dissection » du monde en développement.