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Haiti – UE – Coopération : Les acteurs non étatiques s’organisent

Une centaine d’associations haïtiennes de divers secteurs, dont des ONGs et des Fondations, viennent de mettre sur pied un Conseil National des Acteurs Non Étatiques (ANE), en tant qu’interlocuteur de l’État et des bailleurs de fonds, en particulier l’Union Européenne.


Ce conseil a été constitué lors d’une assemblée qui s’est tenue les 30 novembre et 1er décembre derniers à Pétion-Ville (Est de la capitale). Il est constitué de 17 délégués de secteurs sociaux, socio-professionnels, institutionnels et régionaux.

Le Conseil des ANE compte « fédérer les intérêts » de ces derniers dans le domaine de la coopération et « mettre en place des mécanismes » pour « renforcer leurs capacités d’analyse des programmes de coopération » et de « plaidoyers en faveur des populations », ont expliqué les animateurs du processus.

Jusque-là, les activités ont été conduites par un comité provisoire, composé, entre autres, d’Ernst Abraham, directeur du Service Chrétien d’Haiti (SCH), Ricot Jean Pierre, directeur de programme à la Plate-forme Haitienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) et Jessie Benoit du Mouvement des Femmes Haitiennes pour le Développement (MOUFEHD).

L’atelier des 30 novembre et 1er décembre a été également l’occasion de souligner les faiblesses aussi bien des secteurs non étatiques que de l’État dans le cadre des programmes de coopération. Divers intervenants ont souligné « la grande fragmentation » et « la méfiance » qui rongent ces entités.

Le chargé d’Affaires de l’Union Européenne en Haiti, Henry Got, qui prenait part à l’ouverture des échanges, a confirmé que l’UE veut « des relations fortes » avec les ANE.

L’ordonnateur national, Price Pady, co-gestionnaire des Fonds Européens de Développement (50 millions d’Euros par an) a considéré comme « un énorme progrès », la réunion de « la grande famille des ANE ».

La participation des ANE est un principe de l’Accord de partenariat avec l’Europe, signé en juin 2000 à Cotonou par 77 pays d’Afrique, des Caraibes et du Pacifique (ACP), a précisé Bruno Montariol, conseiller en charge de la société civile auprès de la délégation de l’UE.

« Exercice de participation, certes, mais quelles conséquences sur le processus décisionnel », s’est interrogé l’économiste Camille Chalmers qui intervenait au cours de l’atelier. Il a souligné la nécessité de « dépasser les principes dogmatiques du néo-libéralisme » afin de rencontrer les aspirations des populations.
Alors que « l’État se révèle de plus en plus faible et absent des secteurs stratégiques », le « danger » est que « la fonction de planification soit de plus en plus assumée par la communauté internationale », a mis en garde Chalmers.
Selon l’économiste, la nécessité de « vigilance » et d’ « esprit critique » s’impose.
Camille Chalmers invite à passer d’une « logique de projet » à une « logique de cohérence ».

Alterpresse