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PAPDA débatte sur les Alternatives

« Le mot ‘alternative’ implique un désaccord, une rupture avec la situation actuelle et une volonté déterminée de changer la société, » précise Camille Chalmers, directeur exécutif de la PAPDA à l’introduction du grand débat public organisé à l’occasion du dixième anniversaire de la PAPDA.

Beaucoup d’étudiants ont assisté et participé au débat sur ‘la construction nationale et la recherche d’alternatives’, organisé par la PAPDA à la faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), le vendredi 9 décembre 2005. Un endroit qui n’est pas choisi par hasard : les universités ont toujours joué un rôle important dans la recherche des alternatives. Aujourd’hui, leur place dans la société est menacée par les lois du marché néolibéral, explique le professeur Yves Dorestal, doyen de la faculté d’Ethnologie. « La rentabilité est la seule critère dans l’approbation de nouveaux programmes de recherche, parce que ce sont les entreprises néolibérales qui financent de plus en plus les universités ». Les universités tendent à perdre leur rôle dans la réflexion et la critique sur le monde et sur les rapports entre les hommes et les pays. Dorestal en appelle à une université alternative qui contribue à des changements en profondeur vers une société alternative. « L’université doit préparer une société démocratique, et former un nouveau type d’intellectuels qui prennent partie et s’engagent. La recherche doit à nouveau correspondre aux intérêts des peuples. »

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Les mouvements de femmes se sont eux aussi engagés dans la recherche des alternatives : ils refusent d’accepter une société capitaliste basée sur l’exploitation de biens et de personnes. Evelyne Larrieux de SOFA (Solidarité des Femmes Haïtiennes), raconte le rôle important de la Marche Mondiale des Femmes (MMF) et de la Charte Mondiale des Femmes pour l’Humanité. « Cette charte, basée sur l’égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix, est un document de base pour la construction d’une société alternative dans laquelle les personnes sont à la première place. »

Les intérêts des personnes et des peuples sont un élément capital dans la construction d’une nouvelle société, confirme Camille Chalmers de la PAPDA. Après le choix de s’intégrer dans la culture populaire, la gauche a fait des progrès énormes en Amérique Latine. Les mouvements indiens comme les Zapatistes en Mexique luttent pour leur position dans la société, mais ils revendiquent aussi des changements fondamentaux du système mondial. Une multitude d’alternatives existe dans le monde, comme le montre clairement le Forum Social Mondial. Chalmers précise: « En Haïti, le mouvement populaire avait une très grande pénétration et une très grande capacité de mobilisation dans le période 1986-1991. Aujourd’hui, après des années de répression et dans une situation très complexe, cette capacité est beaucoup plus faible. » Cependant Chalmers réagit contre le discours catastrophique sur Haïti qui est assumé par les Haïtiens eux-mêmes faisant croire qu’Haïti est un pays délabré et qu’il n’y a plus de chances de se récupérer. « En Haïti, il y a beaucoup d’expériences sociales et d’innovations concrètent qui peuvent servir pour la rupture de la domination néolibérale et impérialiste et pour la construction d’une société alternative. »

Depuis sa fondation en 1995, la PAPDA lance un ensemble de débats et d’initiatives visant à montrer qu’une autre Haïti est possible. A travers des expériences populaires, elle s’appuie sur les savoir-faire des classes populaires, des femmes, des paysans, des ouvriers et sur le rôle que peut jouer l’université dans la perpétuation de ces initiatives. « Il nous faut rompre avec la spirale de l’endettement et lutter en vue de stopper les politiques néolibérales. Il nous faut construire des alternatives viables qui répondent aux aspirations des couches sociales déshéritées dans le pays » affirme Ricot Jean Pierre, directeur de programme de la PAPDA.