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Des richesses subaquatiques livrées aux transnationales ?

Haïti pourrait bénéficier de dizaines de millions de dollars américains si les autorités étatiques utilisaient la voie légale pour exploiter les richesses maritimes du pays, a estimé le 24 novembre 2005 le professeur John Blot, Directeur du Bureau National d’Ethnologie.

Depuis 1994, les administrations successives, dont le pouvoir intérimaire en place, ont passé des contrats avec des compagnies étrangères pour exploiter les fonds marins d’Haïti.

« Ces contrats, dont la teneur n’a jamais été communiquée au grand public, n’ont aucune base légale », dénonce le professeur Blot, qui intervenait à un séminaire sur la participation paysanne à la construction démocratique, réalisé à Port-au-Prince.

Un contrat actuellement en cours d’exécution par la compagnie américaine de recherche maritime « Sub Sea Research » a été négocié à raison de 50% des revenus à l’État haïtien et 50% aux exploitants étrangers. A la dernière minute, il a été décidé d’accorder à Haiti seulement 35%, précise le Directeur du Bureau National d’Ethnologie.

Selon l’ethnologue John Blot, depuis 1994, la section d’archéologie sous-marine ne relève pas du Bureau National d’Ethnologie. Elle a été confiée à une « institution fantôme » appelée Office Nationale d’Archéologie Marine (OFNAM), indique Blot.

« L’OFNAM est une institution qui n’a aucune représentation physique. Elle était sous le contrôle du Palais national et a été par la suite transférée au Ministère du Plan », révèle le Directeur du Bureau National d’Ethnologie.

L’économiste Camille Chalmers informe que des transnationales américaines ont déjà récupéré un des bateaux pirates espagnols ayant fait naufrage dans les eaux de l’Île d’Haïti durant la période coloniale.

Selon le responsable de la PAPDA, une vente aux enchères est déjà lancée sur Internet. L’État haïtien perd des dizaines de millions de dollars américains, estime-t-il.
Des informations disponibles sur le site Internet de « Sub Sea Research », consulté par AlterPresse, font état de huit découvertes dans les eaux haïtiennes peu après la signature d’un contrat avec le gouvernement intérimaire d’Haïti.
Des objets de valeur appartenant aux esclaves, dont des pièces en argent et une barre de tumbaga, ont été retrouvés.

Tumbaga est un alliage d’or et de cuivre utilisé fréquemment dans les civilisations américaines antiques.
Selon cette même source, ces objets, remis dans un premier temps aux représentants du gouvernement haïtien, ont été transportés à Boston (USA) pour les suites nécessaires.
La compagnie américaine planche déjà sur d’autres recherches dans les eaux d’Haiti. Elle compte s’installer à l’Ile-à-Vache, sur la côte méridionale d’Haïti, pour aider, dit-elle, la population locale. « Ceci aidera la population à avoir accès à la nourriture et répondre à d’autres besoins ».

Les travaux de construction de cette base devaient démarrer depuis le mois de juin 2005, selon la « Sub Sea Research ».

Mardi 29 novembre 2005

AlterPresse